L’agence Ameller Dubois a livré en 2020 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour la Préfecture de Police de Paris maître d’ouvrage, le laboratoire de Police Scientifique de Paris (LPS75) et un commissariat Central. L’ouvrage de 11 000 m² SDP (budget : 34 M€ HT) traduit la permanence de l’idée républicaine tout en répondant aux enjeux de ce double programme. Communiqué.
À Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, ce nouvel ensemble, livré fin 2020, réunit deux équipements sur une même parcelle, anciennement occupée par l’Assurance Maladie. Il accueille d’une part le Commissariat Central de la ville et ses 250 agents mais également les 200 « experts » parisiens au sein du nouveau Laboratoire de Police Scientifique de Paris (LPS75), dont les équipes étaient jusqu’alors dispersées sur trois sites (Île de la Cité, Paris XIIe et XVe).
Une identité claire, un contexte en mutation
Proche de la basilique de Saint-Denis, le projet s’inscrit au cœur d’un tissu urbain hétérogène associant équipements publics, logements collectifs et pavillonnaires. Dans ce territoire en mutation, le projet concourt à sa recomposition progressive.
Participant du signal urbain que lui permet sa situation à l’angle de l’avenue Jean Moulin et de la rue Georges Politzer, il constitue un repère, une porte d’entrée qui structure le quartier et s’ouvre sur la ville.
L’assemblage soigné d’éléments et de formes simples dégage une image forte, graphique et sculptée, pouvant jouer le rôle de repère identitaire.
Une figure unitaire, un ensemble binaire
Tout en proposant un projet unitaire à la symbolique forte, le projet répond aux enjeux du programme binaire par l’articulation de deux bâtiments totalement indépendants et parfaitement adaptés à la sécurité requise par leurs activités.
Le commissariat, équipement destiné au public, est placé au premier plan, le LPS75, qui abrite des activités scientifiques, se place en retrait au fond de la parcelle. Reposant sur un mur d’enceinte continu et protecteur, les deux volumes compacts qui le constituent affirment la présence du programme dans son environnement par une architecture institutionnelle et une lisibilité des formes et des fonctions.
Le soubassement en béton matricé assure la continuité bâtie et établit un mouvement tournant et protecteur en périphérie de la parcelle.
Façades contrastées
Les volumes décollés des étages supérieurs offrent une frontalité digne, les façades sont protectrices et raffinées. Elles sont enveloppées d’une résille métallique adaptée qui déclinent sous deux formes contrastées. Le long des rues et des limites du terrain, l’enveloppe est constituée d’une résille métallique blanche traitée par panneaux plans lisses placés à 70 cm de la façade, assurant une bonne protection solaire et un filtre visuel garantissant la confidentialité des locaux tout en permettant un éclairage généreux.
Par contraste, les façades sur l’intérieur de la parcelle sont serties et protégées en continuité par une résille de même nature traitée par pliage continu, au contact de la façade. Une nuance de coloris or souligne ce jeu de complémentarité.
Commissariat central
Anciennement situé dans un immeuble rue Jean Mermoz qui se trouvait dans un état de dégradation avancée, le relogement du Commissariat central de Saint-Denis dans un nouveau bâtiment moderne et confortable offre aux agents de police et à la population un équipement digne, important dans ce territoire fragile.
Tourné vers la ville, le bâtiment compose un volume homogène affirmant le caractère contemporain de l’édifice et sa vocation d’équipement public important.
Totalisant 2 386 m² (SU) sur trois niveaux, il se compose d’un rez-de-chaussée en équerre formant socle continu relativement fermé et protecteur qui s’étire le long de l’avenue Jean-Moulin. Le hall s’inscrit naturellement à l’angle des deux voies par une ouverture largement vitrée facilement identifiable et assumant sa fonction d’accueil. Les étages, strictement superposés forment un volume unitaire qui semble glisser au-dessus du socle.
Son enveloppe de résille métallique permet d’abriter le programme des regards et assure la protection solaire et visuelle des services. La cour de service du commissariat s’implante en cœur de parcelle. Protégée des regards extérieurs, elle marque également la limite entre les deux bâtiments.
La distribution du Commissariat distingue logiquement les services et les unités tout en garantissant proximité et indépendance en fonction des synergies entre services. Les parcours des différents usagers sont également hiérarchisés, deux flux de circulations verticales permettent de bien distinguer les déplacements des différents utilisateurs et publics (agents, plaignants, gardés à vue, visiteurs, etc.) : le premier dédié aux usagers et le second, strictement utilisé par les personnels.
Laboratoire de la Police Scientifique Parisienne (LPS75)
Nouvel outil de plus de 5 286 m² (SU), le nouveau Laboratoire de Police Scientifique de Paris (LPS75) regroupe l’ensemble des services de la police scientifique parisienne, auparavant dispersés : les services administratifs, les laboratoires de biologie, de balistique, de toxicologie ainsi qu’un couloir de tir de 25 m et un puits de tir de 9 m de hauteur.
La figure du laboratoire se développe autour d’un atrium central situé à l’angle de ses deux ailes de cinq et quatre niveaux. Son positionnement en arrière-plan lui donne une visibilité moindre malgré un volume plus élevé et plus important, garantissant sa sécurité et le caractère confidentiel des activités qu’il abrite.
Son socle, à l’instar de celui du commissariat, prolonge le mur encerclant la parcelle, assurant la continuité du soubassement sur l’ensemble du terrain. Le bâtiment s’enveloppe de la même résille métallique déclinée suivant les deux traitements identiques à ceux du commissariat pour assurer l’unité formelle de l’ensemble et réaliser une pièce urbaine cohérente et puissante.
Des parcours spécifiques
L’atrium central qui articule la figure de LPS75 définit un espace spectaculaire prenant son origine dans le hall d’accueil au rez-de-chaussée et se développant sur la hauteur des étages de laboratoires.
L’organisation des espaces et les circulations horizontales comme verticales permet une gestion efficace des circuits et process spécifiques liés aux analyses scientifiques. Ce parcours comprend deux entités, la division administrative en rez-de-chaussée qui se charge de la gestion et de la destination des pièces réceptionnées et les différents laboratoires chargés ensuite de les analyser.
Baigné de lumière, traversé de passerelles lumineuses, c’est l’espace de représentation de ce programme important. Il crée un lien spatial entre les différents services, susceptible de favoriser les échanges internes et la qualité des déplacements entre services.