Les architectes Cédric Petitdidier et Vincent Prioux (Petitdidierprioux) ont livré en janvier 2019 à Paris (XIXe) un ensemble de 156 logements étudiants et 182 logements collectifs en accession (140 places de parking sur trois niveaux en sous-sol). Sur une parcelle en forme de trapèze, l’occasion de traiter la question de la densité. Communiqué.
«Redonner envie d’habiter le quartier» : tel était l’enjeu proposé par le promoteur Nexity et la Ville de Paris aux architectes à l’occasion de la consultation lancée en janvier 2014. Trois types de logements (logements étudiants, logements investisseurs et logements en accession) prennent ainsi place sur la parcelle auparavant occupée par un immeuble de bureaux.
Décomposé en deux lames épousant respectivement les rues Archereau et Curial, ouvert sur le 104 et les Orgues de Flandre, le projet redonne calme et structure au quartier.
Dotée de plus de 300 logements, cette opération de 13 285 m² (23 M€HT) constitue une des plus importantes opérations de logements hors ZAC dans Paris intra-muros. C’est l’occasion de traiter la question de la densité avec pragmatisme et dans un souci de préserver le confort de chacun.
Implantation
La superstructure du projet vient se superposer au parking en deux parties qui se positionnent de manière à créer un vide dans l’axe de la tour voisine. La vocation première de cette superstructure est de créer une véritable continuité urbaine, un alignement sur la rue qui permet de dégager le cœur d’îlot et de venir y positionner un jardin central.
La création d’un jardin en cœur d’îlot permet de conserver une ouverture dans l’axe de la tour voisine en optimisant les ouvertures au sud, ainsi les vues depuis la tour sont dégagées. Le soleil entre largement au cœur de la parcelle et vient éclairer l’ensemble des logements. Ce jardin, pincé en son centre, présente une figure en «papillon» et libère une volumétrie échancrée en proue : au sud, une partie plus intime avec des jardins et terrasses privées, au nord un grand espace planté.
Une traversée piétonne est creusée d’est en ouest perpendiculairement au jardin central : elle marque les entrées des logements en accession à la manière d’un porche, laissant deviner le cœur de la parcelle et permettant une véritable connexion visuelle et piétonne entre les deux rues.
Quartier
Le projet Curial est localisé au cœur du quartier de Flandre, dans le XIXe arrondissement de Paris, fortement indentifiable par son architecture des années 60 et 70 (Martin Schulz Van Treeck Architecte), et la juxtaposition d’objets hétérogènes comme le 104 ou des interventions contemporaines. Les limites «public-privé» demeurent peu qualifiées, et contribuent à troubler la lecture de l’espace urbain en dépit des espaces végétalisés assez généreux.
Façades sur rue
Le bâtiment est unifié dans une tonalité douce, mêlant béton légèrement teinté et bois (menuiseries, porche, sous-faces). Cette alliance vise tout à la fois à le fondre dans une matérialité urbaine assez uniforme et à lui conférer une certaine domesticité.
Façades sur rues et sur cour sont traitées différemment, et en fonction du programme : sur rues, un langage horizontal et lisse est adopté, afin de faciliter la continuité urbaine de l’îlot. Quelques loggias et balcons filants sont ponctuellement disposés, conférant une certaine intimité aux logements. Des bandeaux et balcons filants ceinturent le bâtiment et assurent l’homogénéité de l’ensemble Curial. Ils soulignent l’horizontalité du bâtiment dans un contexte urbain très vertical.
Façades sur cour
Le cœur d’îlot bénéficie d’un traitement particulier : les façades intérieures se plissent pour former des écailles. Ces angles vitrés permettent d’offrir des vues principales lointaines et des apports de lumière secondaires dans le but d’agrandir la perception visuelle depuis l’intérieur du logement. En dépit d’une proximité entre les deux parties de bâtiment, l’intimité de chacun est préservée.
La limite sud de la parcelle est traitée comme une proue s’ouvrant sur l’extérieur. Les logements situés au niveau de cette proue bénéficient de doubles hauteurs et de grandes fenêtres toute hauteur avec de larges terrasses orientées plein sud et une vue très dégagée sur l’ensemble de Paris. Les pignons nord intègrent quant à eux des jours de souffrances en pavé de verre visant à obtenir un éclairage supplémentaire dans les circulations.
Les logements
Dans un contexte très contraint, l’enjeu du projet Curial était de favoriser la qualité du cadre de vie pour les futurs habitants, afin d’inscrire durablement l’opération dans l’évolution du quartier. Les qualités de vues, de lumières et d’orientation ont ainsi été recherchées, ainsi que la possibilité d’espaces extérieurs pour la plupart des logements.
Les attiques montant jusque R+8 et R+10 s’élèvent légèrement en retrait des façades sur rues permettant ainsi d’offrir de larges terrasses et espaces extérieurs aux logements situés à ces niveaux. Ces reculs viennent aussi affiner le bâtiment et font écho aux différents gabarits déjà présents dans le paysage urbain.
Les logements de la rue Curial situés aux derniers niveaux jouissent de toitures terrasses accessibles grâce à un escalier intérieur au logement, offrant un panorama de qualité sur tout Paris, comme une réconciliation des environnements proches et lointains.