L’agence parisienne DCA (Jiaoyang Huang et Nicolas Chausson) a livré en 2022 la réhabilitation d’un immeuble tertiaire des années ’70 (7 500 m²) à la Croix de Chavaux à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour KVA Montreuil. Communiqué.
L’immeuble de bureaux réhabilité fait partie d’un vaste ensemble comportant des équipements, des logements et des commerces. Construit en lieu et place d’un îlot insalubre entre 1968 et 1972, c’est un exemple remarquable d’urbanisme sur dalle signé Claude Le Goas, urbaniste de la ville de Montreuil de 1958 à 1990, qui illustre son concept de « construire la ville sur la ville ».
Inauguré en 1973, le complexe a acquis une vraie notoriété et donne un caractère de centralité à la Croix de Chavaux. Il abrite une grande surface, 54 boutiques, le cinéma municipal Georges Méliès, et le conservatoire national de musique et de danse.
Le centre d’affaire, tel qu’imaginé alors, surplombe le patio autour duquel s’articulent les boutiques, et ferme la perspective lorsque vous pénétrez sur le site.
Formellement, les bureaux présentent une situation particulière et remarquable. Cube posé sur une couronne de commerce, leur volume constitue une topographie particulière au site de la Croix de Chavaux. Paradoxalement bien plus présent et remarquable que les tours de logements.
En effet, à l’échelle du piéton les tours échappent à la perception alors que le volume des bureaux s’impose en laissant passer le ciel. Cette différence est fondamentale : les bureaux sont dans le cadre, tout le temps, de partout, quand les tours le fuient.
Les bureaux sont donc bien le signal, le repère du quartier. Leur réhabilitation est l’occasion de les imposer comme un ‘Landmark’ symbolisant le renouveau du quartier de la Croix de Chavaux, nouvelle icône architecturale répondant au conservatoire.
La Croix de Chavaux est l’un des cœurs battants de Montreuil. Le site s’affirme comme l’une des grandes places métropolitaines de l’est parisien reliée aux portes de Montreuil et de Bagnolet par les rues de Paris et de Chanzy.
Le réaménagement de la zone est l’un des objectifs importants de la ville. Historiquement, la place est un croisement de voies qui articulent le vieux village de Montreuil et sa place de marché en direction de Paris. Elle est inaugurée en 1937 lors de la réalisation du métro.
L’approche a consisté à trouver un langage qui permet de traiter l’enveloppe comme un tout, sans en détailler les éléments architectoniques. Allèges, châssis, ou même lecture des niveaux devaient s’effacer pour permettre de proposer une écriture abstraite.
La volonté de DCA de proposer une architecture tendant à l’abstraction s’appuie sur deux considérations. D’abord, la volonté de rendre hommage au site et à son histoire, en mettant en exergue le concept qui avait présidé à la réalisation du projet initial : « construire la ville sur la ville ». Comme un empilement de volume simples aux fonctions différentes, se distinguent un volume, le cube, et une fonction, le bureau.
D’autre part, le bâtiment dépourvu de ses habituelles grilles de lecture s’affirme comme une sculpture et aspire à devenir un nouveau repère du quartier. La mise en œuvre de cette abstraction est opérée par la création d’une double peau qui vient envelopper le bâtiment. Une double peau, complexe de premier abord, est pensée et dessinée telle une dentelle métallique et réalisée en aluminium anodisé. Elle est en réalité extrêmement rationnelle et systématique. Le motif n’est en effet pas un pur formalisme esthétique mais répond à des fonctions.
Brise-soleil, la double peau permet de maîtriser les apports solaires tout au long de l’année et ainsi d’optimiser le confort des occupants. De plus, cette peau métallique permet de protéger les façades d’un ensoleillement direct et participe ainsi d’une meilleure inertie thermique globale du bâtiment.
La grande singularité des existants est de développer les plateaux de bureaux autour d’un grand atrium sur toute la hauteur du bâtiment. Cet espace est l’identité même du lieu : son aménagement est un enjeu majeur de l’opération.
La proposition, sobre et minimaliste, propose la création d’un lieu reprenant tous les codes urbains. Les coursives sont traitées comme de véritables façades, tandis que le rez-de-chaussée et son podium contigu à R+1 deviennent l’espace public et proposent des lieux de rencontres et d’échanges.
Vitrine du lieu, le traitement architectural de l’atrium pose les bases de l’ambiance et de l’état d’esprit voulu pour ce nouveau lieu de travail inscrit dans les nouvelles pratiques de son époque.