À l’ouest des quartiers nantais Graslin et Dobrée, Désiré Colombe est l’aboutissement d’un projet d’envergure de la Ville de Nantes (Loire-Atlantique). Conçu par l’agence Leibar & Seigneurin, le projet redonne vie à un patrimoine emblématique bâti et paysagé délaissé sur une superficie d’environ un hectare. Il associe des usages publics et privés avec de l’habitat, un espace associatif, une crèche et un jardin public. Communiqué.
Le contexte
Le site garde en mémoire une partie de l’histoire sociale et syndicale nantaise avec la Bourse du Travail, l’Institut Eugène Livet et le pavillon des Mutualités, dont les bâtiments principaux ont été préservés et restaurés. S’ajoutent les Salons Mauduit, construits au début du XXe siècle et dotés de magnifiques décors art déco des années 1930, dont la réhabilitation nécessitait la réalisation d’une nouvelle enveloppe.
Pour faire renaître le site Désiré Colombe chargé de mémoire, la Ville de Nantes a confié en 2011 à Nantes Métropole Aménagement une mission de renouvellement urbain. En 2012, un concours d’architecture lancé sur l’ensemble du site a été remporté par l’agence Leibar & Seigneurin.
Le principe
Visant à une valorisation réciproque entre le patrimoine et la modernité, la proposition prend appui sur les caractéristiques du lieu pour initier un processus de mutation et développer un projet véritablement situé à partir de trois clés d’entrée.
La volumétrie : les bâtiments conservés ne déterminent pas seulement un épannelage urbain, ils conditionnent également une volumétrie et plus particulièrement une largeur d’emprise bâtie. Les bâtiments projetés, sans rien nier de leur spécificité, doivent établir une compatibilité spatiale avec l’existant. La justesse d’échelle d’intervention, la simplicité géométrique et la rigueur de leur implantation participent activement à la clarté de lecture du projet.
Les cours : la conservation des bâtiments existants induit également un rapport à la rue (alignement et continuité) et une certaine logique d’îlot. Le projet prend appui sur cette composante urbaine pour mettre en réseau une série de cours, très attentivement composées et dimensionnées, autour desquelles s’articulent les emprises bâties. Le jardin Say apparaît également comme une ponctuation supplémentaire, un élément paysagé dans un espace contenu.
La topographie : une traversée piétonne de l’îlot prend son accroche sur la rue Désiré Colombe, tangente du jardin Say, et s’étire jusqu’au pied de la rue Arsène Leloup. Naturellement, les emprises bâties projetées épaulent ce tracé et délimitent des cours qui s’inscrivent dans la topographie à des altimétries différentes. À cette stratification spatiale des vides répond un bâti qui cherche à établir une forme de continuité et de cohérence. Sa simplicité géométrique permet de franchir les paliers topographiques variés, tout en maintenant une unité d’échelle et de traitement.
Le pôle associatif
L’objectif de cette proposition est de sublimer la qualité d’usage par la qualité spatiale et patrimoniale qu’offrent les bâtiments conservés. Suivant cette logique, les bâtiments sur rue sont restaurés et réhabilités dans un souci de valorisation de l’existant. Seuls quelques nouveaux percements de façade en légère surépaisseur permettent de laisser transparaître la profonde mutation intérieure. L’étroitesse du bâtiment Livet est compensée par la création d’un volume alternant béton blanc et vitrage qui met en scène la façade historique du bâtiment.
Le sas d’accès au salon Mauduit s’ouvre largement sur la cour du pôle associatif. Son traitement architectural contemporain introduit une singularité et souligne l’importance de l’équipement. Le Salon Mauduit lui-même est reconstitué et littéralement inséré dans le site grâce à la topographie du lieu, favorisant ainsi son isolement acoustique. À l’intérieur, l’espace retrouve les proportions et les éléments du bâtiment d’origine, respectant ainsi la mémoire du lieu.
Les logements
Les logements participent pleinement au projet d’ensemble, dont la qualité et la spécificité résident précisément dans la recherche d’une valorisation réciproque entre les bâtiments conservés (destinés au pôle associatif) et les bâtiments projetés (destinés majoritairement aux logements). Les logements constituent une sorte de ligne continue qui s’articule sur l’îlot et viennent former des cours au caractère résidentiel, tout en offrant des vues exceptionnelles sur le grand paysage urbain ou sur le jardin Say.
Leur élaboration a été dictée par deux critères : proposer des logements d’un niveau d’agrément, de qualité de vie et de confort très élevés, et offrir des qualités de vue et d’ambiance multiples et contrastées. Ainsi, le projet prévoit exclusivement des logements traversants ou à double orientation, un maximum de double loggias, l’utilisation du volume sous toiture, un nombre limité de logements desservis par palier et une volumétrie générale n’établissant pas de distinction visible entre logement social et logement en accession libre.
Les chiffres
Désiré Colombe – Nantes
Programme : Réalisation d’un pôle associatif : salle de danse, salles de musique, ateliers polyvalents et bureaux pour associations. Réhabilitation d’un ensemble patrimonial : ancienne Bourse du Travail, ancien lycée Livet, bâtiment des Mutualités et Salons Mauduits (réceptions, concerts, congrès, cérémonie…). Réalisation du multi-accueil petite enfance et des locaux pour les jardiniers du SEVE.
Aménagement des espaces publics et du jardin Say.
Maître d’ouvrage : Nantes Métropole
Architectes : Agence Leibar & Seigneurin
Superficie : 5 993 m² SDP
Coût des travaux : 12,5 M€ HT
Livraison : 2018
Say Désiré Colombe – Nantes
Programme : Construction de 123 logements
Maître d’ouvrage : ADI
Architectes : Agence Leibar & Seigneurin
Superficie : 9 320 m² SDP
Coût des travaux : 23,5 M€ HT
Livraison : 2018