Avec le « Quartier des couples dansants », KCAP (urbanisme et architecture), Studio Vulkan (paysage) et Raumanzug (durabilité) ont remporté en mai 2023 le concours pour transformation urbaine d’une zone industrielle à Wangen-Brüttisellen, dans les environs de Zurich (Suisse), en un nouveau quartier résidentiel de 279 appartements, bureaux et commerces (36 000 m²). Communiqué.
Wangen-Brüttisellen est une commune en pleine croissance qui envisage de se densifier. L’une des parcelles désignées pour le redéveloppement est l’Erni-Areal, une ancienne zone industrielle située à proximité de la gare. L’objectif était de créer un quartier dense et vivable dans un contexte contrasté, presque cacophonique.
Mobimo, l’une des principales sociétés immobilières de Suisse, a invité cinq équipes à redévelopper l’ancien Erni-Areal à Wangen-Brüttisellen. Ce site partiellement bâti doit être transformé en un quartier à forte densité de logements, de bureaux, de commerces et de gastronomie. Le terrain est entouré de logements à petite échelle, de tours compactes et de diverses industries, dont un entrepôt à hauts rayonnages qui, en élargissant actuellement ses activités, accroît les différences d’échelle.
De plus, la pollution sonore influence fortement le site puisqu’il est situé à proximité d’une sortie d’autoroute, le long d’une artère très fréquentée et directement sous la voie d’accès à l’aéroport de Zurich. Un emplacement aussi difficile nécessitait une solution de conception précise.
KCAP a proposé un concept qui réagit au contexte hétérogène avec une position très claire qui lui est propre. Il affronte avec confiance des projets à grande échelle à proximité tels que Brüttiseller Tor, l’entrepôt à hauts rayonnages ou le Ringstrassenquartier. Au lieu de grands gestes et de points culminants, le quartier offre un contraste avec un développement compact et de faible hauteur. Sa haute densité permet d’avoir un monde à part à l’intérieur et crée ainsi différentes niches cosy et à petite échelle. Une épine dorsale d’espaces publics imbriqués crée un environnement habitable et abrité.
La disposition en quinconce des bâtiments agit comme une barrière antibruit, rendant justice à la situation sonore complexe tout en conservant un caractère ouvert. Les logements se trouvent principalement dans les îlots les plus protégés, tandis que l’artère passante et la sortie d’autoroute sont bordées d’îlots avec des espaces de bureaux flexibles et des appartements en attique. En même temps, Erni-Areal reste ancré dans son contexte à travers une variété de connexions physiques et visuelles. De nombreuses petites ouvertures et entrées le long du bord dur permettent un haut degré de perméabilité.
Le nouveau quartier est marqué par quatre typologies différentes : la maison atrium, la maison linéaire, la maison point et la maison jumelle. Chaque typologie est déployée deux fois, créant des paires qui semblent « danser » les unes avec les autres en raison de leur disposition et de leur orientation dans le plan. Limiter le nombre de typologies d’immeubles et d’appartements dans un souci de cohérence et d’optimisation crée un équilibre mesuré entre répétition et variété. « Nous avons pris la valse, une danse pour deux en position fermée avec des virages rapides et un modèle de pas fixe, comme notre inspiration », explique Ute Schneider, partenaire chez KCAP.
Les quatre typologies sont unies par un toit incliné qui comprend les trois étages supérieurs, créant un avant-toit au-dessus du quatrième ou du cinquième étage. Cela introduit une échelle humaine et assure une lumière naturelle abondante pour les espaces publics et les appartements. Avec la matérialisation différente du rez-de-chaussée, les façades sont visuellement structurées en trois couches : rez-de-chaussée, corps et toit incliné.
En positionnant soigneusement les quatre « couples de danseurs », KCAP a créé une séquence d’espaces publics à l’intérieur du quartier. Ceux-ci se caractérisent toutes par leurs qualités propres : les cours les plus intérieures sont plantées d’arbres luxuriants, les espaces devant les bâtiments agissent comme une zone tampon entre le domaine public et le domaine privé, et les rues piétonnes sont clairement reconnaissables comme telles. Du fait de leur conception naturellement végétalisée et ombragée, ces espaces servent également de zone de rétention des eaux pluviales excédentaires et de mesure de refroidissement et disposent d’un microclimat qui leur est propre.
La durabilité fait partie intégrante de tous les projets KCAP et Erni-Areal est un exemple clair de son approche. Les blocs de construction sont conçus pour être partiellement construits en béton recyclé – utilisé uniquement pour les sous-sols, les rez-de-chaussée et les noyaux de construction – et partiellement en bois préfabriqué. Cette approche hybride présente des avantages financiers et environnementaux car elle rationalise le processus de construction complexe sur cet emplacement difficile.
En plus des mesures employées pour réduire le bruit, contrer le stress thermique, retenir l’eau et améliorer le microclimat, Erni-Areal propose des panneaux photovoltaïques, des toits verts, des pompes à chaleur et un maximum de ventilation naturelle. Le projet est à la fois compact et écologique, ciblant les exigences du SNBS (Standard Nachhaltiges Bauen Schweiz).
Le siège social actuel d’ERNI sera préservé et agrandi avec une serre, qui devrait devenir un centre communautaire axé sur la production alimentaire urbaine. La nuit, ce pavillon de verre servira de balise au nouveau quartier. « Nous avons voulu conserver une partie de l’ambiance industrielle du quartier, apporter de la variété mais aussi de la cohérence, afin de créer un véritable esprit de quartier », conclut Ute Schneider