Le complexe République de Pau (Pyrénées-Atlantiques), revisité en 2019 (Tranche 1 – Halles) et 2021 (tranche 2 – Tour) par Ameller Dubois a vu son marché couvert, flanqué d’un immeuble de bureaux trapu et en très mauvais état, devenir à nouveau un ouvrage identitaire de la ville. Surface : 16 400 m² ; budget : 24 M€ HT (hors parking et abords). Communiqué.
Construit en 1975, l’ensemble connu sous le nom de Complexe de la République à Pau périclitait depuis plusieurs années en raison de la vétusté de son marché couvert et du très mauvais état de l’immeuble de bureaux adjacent.
En 2015, la Ville entreprend un vaste projet visant à sa réhabilitation et à la requalification urbaine du quartier, cette opération constituant l’un des premiers projets d’envergure initiés depuis dix ans pour redynamiser la ville.
À l’issue du concours d’architecture ayant réuni six équipes françaises et étrangères, l’agence Ameller Dubois a été désignée lauréate en proposant une réponse globale, prenant en charge l’ensemble des ambitions soulevées par cette opération, tant en ce qui concerne l’image que l’usage, l’architecture et l’urbanisme.
Situation
À l’instar des musées, les marchés couverts deviennent aujourd’hui des bâtiments identitaires au cœur des villes, dédiés non seulement à la population locale mais aussi aux visiteurs de passage qui y perçoivent l’âme de la région.
La place de la République occupe une position centrale remarquable au cœur de la ville de Pau, bordée de bâtiments hétérogènes et orientée au sud vers la chaîne des Pyrénées. Cette situation exceptionnelle devait retrouver sa vocation naturelle de lieu de destination, attractif et séduisant, s’inscrivant dans un réaménagement urbain complet pour redonner vie au quartier.
Le nouvel ensemble associe dans une figure unitaire, la halle des étaliers, le carreau des producteurs et l’immeuble de bureaux réhabilité dans un projet à la perception homogène, à l’identité forte et signifiante qui associe tous les éléments du programme.
La Halle des étaliers et le Carreau des producteurs
Reprenant la trame d’implantation de l’ancien marché, la nouvelle halle adopte un plan simple et sensiblement carré. Sa structure en acier se compose de 11 poutres treillis d’une portée 46 m et de 3 m de hauteur.
Ainsi conçue comme un espace libéré de tout poteau pour fluidifier les parcours et favoriser les échanges entre les commerçants et les visiteurs, la halle est ponctuée d’allées traversantes largement dimensionnées qui convergent autour de l’atrium central en double hauteur. Elle s’habille d’une enveloppe unitaire, en façade comme en toiture, constituée d’une résille métallique blanche aux perforations déclinées selon deux densités qui offre ainsi un généreux apport lumineux à l’intérieur tout en contribuant à la protection solaire.
Telle une « lanterne magique », la halle fait ainsi pénétrer la lumière naturelle le jour et diffuse sur la ville son éclairage intérieur le soir puis au petit matin lorsqu’elle s’éveille.
L’espace intérieur met en scène trois matériaux qui entrent en résonance pour offrir une atmosphère chaleureuse : le traitement en verre des garde-corps allié aux structures légères métalliques des ciels d’étals permet de dégager les vues, tout en dialoguant avec la sous-face du plafond à claire-voie en chêne.
Intégrant les luminaires entre ses lames pour créer une atmosphère douce et tamisée ; il filtre et dirige l’éclairage naturel zénithal grâce à de larges puits de lumière. Sa présence offre aussi un grand confort acoustique à ce lieu très animé et permet une compréhension immédiate de ce volume qui abrite les étals variés des marchands, lui donnant son unité.
Réunissant 50 commerces sur deux niveaux de plus de 2 000 m² chacun, la nouvelle halle des étaliers devient une véritable vitrine gastronomique régionale. Plus encore, les espaces collectifs de dégustation qui la ponctuent en font, au-delà d’un simple marché couvert, un nouveau lieu d’échange et de convivialité pour la population.
Renforçant les transparences, la halle semble flotter au-dessus d’un socle vitré unitaire réunissant dans une même continuité son niveau bas, le carreau des producteurs qui le prolonge et le hall de la tour. Traversant, ce soubassement s’ouvre sur la ville et participe à la porosité de l’ensemble.
La place haute et les espaces publics
Au premier étage, la mezzanine intérieure de la halle se prolonge naturellement par une terrasse extérieure en bois formant place haute au cœur du projet sous laquelle viennent se glisser le carreau des producteurs. Un large auvent prolonge la structure blanche pour la couvrir partiellement et abriter des espaces de dégustation et de restauration extérieurs.
Ce nouvel espace de 3 200 m² constitue une véritable place publique et assure la liaison entre les différentes parties du programme. Accessible depuis la halle comme depuis la rue à laquelle elle est reliée par un emmarchement généreux, elle participe au renouvèlement urbain de l’ensemble offrant son sens et son unité à la composition.
La tour de bureaux
Conservant sa vocation civique, la tour restructurée accueille les locaux de la Police Municipale, divers services de la Ville et les bureaux de plusieurs associations. Elle fait l’objet d’un traitement architectural ambitieux visant à lui donner une image contemporaine séduisante par le traitement différencié mais complémentaire de ses deux parties.
La partie orientale est habillée de la même vêture métallique blanche que celle de la halle mais déclinée ici selon une trame horizontale ; les enveloppes se répondent ainsi aux deux extrémités du complexe.
La partie côté terrasse est quant à elle habillée de panneaux verticaux perforés de couleur bronze déclinés sous deux types de pliages dont les degrés des angles ont été calculés pour s’adapter aux dimensions de la tour. Ce dispositif lui confère une vibration qui l’anime au gré des déplacements.
Respectivement réhaussées de 8 et 4 mètres, les nouvelles silhouettes des tours s’affinent et s’élancent dans le ciel.
À l’intérieur, le noyau central de circulation est modifié pour créer des plateaux de bureaux libres offrant une grande souplesse d’usage. Point d’orgue, le dernier étage accueille des salles de réunions ouvertes à tous offrant une vue panoramique sur la ville et les Pyrénées.
La mise en lumière, imaginée par François Migeon (8’18), vient souligner l’architecture de l’ensemble par des traits de lumières plus ou moins chauds qui filent le long des arrêtes.