La Maison des Avocats, livrée à Paris (XVIIe) en janvier 2020 par Renzo Piano Building Workshop, signe pour l’architecte son premier bâtiment parisien avec un exosquelette métallique depuis l’emblématique réalisation du Centre Georges Pompidou. L’ouvrage de 7 150 m² SDP (dont 150 m² de surface commerciale) se veut une prouesse architecturale et technique. Communiqué.
Conçue pour 30 000 avocats parisiens, la Maison des Avocats est au Nouveau Palais de Justice ce que la Maison du Barreau de la Place Dauphine est à l’ancien Palais de la Cité. La nouvelle Cité Judiciaire de Paris est désormais située dans le XVIIe arrondissement, au sein de la ZAC Clichy Batignolles. Elle comprend d’une part le tribunal proprement dit, avec ses salles d’audience et ses bureaux dédiés aux magistrats, et d’autre part, le nouveau «36» de la Police Judiciaire, partie intégrante d’un ensemble urbain du monde judiciaire, lieu symbolique de l’expression même d’une justice démocratique.
Située sur un plan perpendiculaire à la façade principale du TGI, la Maison des Avocats est donc mise en stricte relation avec le Palais et son parvis, tout en gardant son indépendance. Outre le siège des services de l’Ordre des Avocats et ses 200 collaborateurs, elle abritera le siège de la Caisse des Règlements Pécuniaires des Avocats (CARPA). Elle a aussi vocation à accueillir les avocats de passage.
Elle comprend un auditorium, une agora, une bibliothèque, une salle de conseil, une salle des marchés, un business center, ainsi que de nombreux espaces permettant d’assurer les échanges entre les services de l’Ordre et les avocats du Barreau de Paris.
Symbole de la transparence de la Justice, les façades de la Maison des Avocats sont intégralement réalisées en verre, comme le sont celles du Tribunal, également conçu par Renzo Piano Building Workshop. Ces deux bâtiments se partagent le même parvis, sur l’avenue de la porte de Clichy.
Occupant une position visible dans la composition urbaine, au pied du Tribunal devenu un point de repère incontournable du paysage parisien, la Maison des Avocats affirme également sa personnalité avec une prouesse technique hors du commun.
Elle enjambe le tunnel de la ligne 13 du métro et surplombe les nouveaux ouvrages réalisés par la RATP pour la ligne 14. Les huit étages de la pointe du bâtiment sont en porte-à-faux sur une longueur exceptionnelle de plus de 27 mètres.
Intégration dans la ZAC
La Maison des Avocats s’intègre aussi bien dans la nouvelle cité judiciaire que dans le nouveau quartier qui s’invente chaque jour dans le XVIIe arrondissement au sein de la ZAC Clichy Batignolles, ambitieux projet de développement urbain de 54 hectares.
Au centre du futur Grand Paris, ce quartier conjugue logements, bureaux, commerces, équipements publics, culturels et de loisirs. Le coeur de son développement est concentré autour de deux sites majeurs : le parc Martin Luther King, véritable poumon végétal en pleine ville, et le nouveau Palais de Justice de Paris (PJP), auquel s’associent la Direction Régionale de la Police Judiciaire (DRPJ) et la Maison des Avocats.
Le parvis, réalisé par l’aménageur P&Ma (Paris & Métropole Aménagement) représente une surface mixte, plantée et minérale, d’environ 6 000 m² carrés, arborée et accessible aux seuls piétons. C’est un lieu de transition et de rencontres.
La Maison des Avocats ne pouvait se trouver ailleurs que sur le parvis du Palais de Justice, au cœur de ce nouveau quartier.
L’exosquelette : une réponse au défi structurel
Tenant compte des contraintes imposées par le site, le bâtiment se devait d’être léger. La réponse architecturale a été de concevoir un exosquelette capable de reprendre de grands porte-à-faux, l’un de 27 mètres à la pointe avant du bâtiment côté avenue et l’autre de 10 mètres, sur une largeur de 30 mètres, à l’arrière, côté tribunal. La superstructure ne repose ainsi que sur cinq points porteurs : le noyau central en béton et quatre doubles poteaux.
Ces derniers, d’une hauteur d’environ 31 mètres et d’apparence assez fine, sont des cylindres d’acier de huit centimètres d’épaisseur, remplis de béton. Ils soutiennent l’exosquelette métallique qui ne comporte aucun assemblage boulonné mais qui a été entièrement soudé sur place.
Cette ossature qui ceinture tout le bâtiment permet de reprendre les porte-à-faux et de suspendre les planchers des premier et deuxième étages. Pour compléter ce dispositif, trois poutres treillis ont également été installées à l’intérieur du bâtiment sur deux niveaux pour porter la partie arrière du bâtiment. Celles-ci sont en définitif intégrées dans les parois de l’auditorium.
Transparence, mot-clé dans la conception du bâtiment
L’architecture de la Maison des Avocats se situe à l’opposé de l’architecture napoléonienne close, voire opaque du Palais de la Cité. De nuit, la Maison des Avocats s’illumine discrètement, dans un effet lanterne souhaité par l’architecte, afin que le bâtiment participe à la vie nocturne du quartier. La transparence de ses aménagements intérieurs permet d’éclairer le cœur du bâtiment faisant ressortir l’ossature.
La toiture terrasse, végétalisée, compose la cinquième façade du bâtiment, faisant écho à la terrasse du Palais de Justice. Arborant un rideau de verdure, cette toiture est aussi un élément participant à la biodiversité du quartier. Elle se révèlera précieuse pour la gestion des eaux pluviales du bâtiment.