Le 13 octobre 2022, personne à la rédaction de Chroniques n’a pu répondre à l’aimable invitation de la Cité de l’architecture pour la remise, par Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, du Grand prix national d’architecture décerné ce jour-là à l’Atelier d’Architecture Philippe Prost et à Renée Gailhoustet, prix d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. C’est dommage mais c’est la vie.
Pas grave cependant, il suffira de revoir la cérémonie tranquillement en ‘replay’.
Ha bah non, pas de ‘replay’ du raout, ni sur le site du ministère ni sur YouTube. D’ailleurs pour quiconque retenu par obligation professionnelle à Tombouctou ou sur les traces de Pierre Loti, impossible de suivre la cérémonie en direct. Dans quel pays de la start-up nation vit-on ?
Pas grave cependant, il suffira de lire tranquillement le discours de la ministre.
Ha bah non, apparemment ce discours n’est pas publié non plus, i.e. rendu public. En tout cas pas celui-là, introuvable sur le site du ministère de la Culture, pour tout dire introuvable tout court. Pourtant, un grand prix d’architecture, tous les quatre ans, comme les jeux olympiques, ne mérite-t-il pas un discours en bonne et due forme (le prononcé faisant foi, évidemment) ?
Bien sûr que oui puisqu’il fut prononcé à l’occasion !
Ce discours serait-il toutefois réservé à quelques ‘happy few’ ? Il s’agit pourtant bien d’un évènement tout ce qu’il y a de plus institutionnel…* Qui concerne quand même les 30 000 architectes français qui ne pouvaient évidemment pas être tous là. Ceux-ci comptent-ils pour du beurre ? Impossible !
C’est peut-être que, les voies de Vulcain ex-Jupiter étant impénétrables, ce discours, malgré nos efforts, ne l’avons-nous à Chroniques tout simplement pas trouvé.
Première tentative sur le numéro direct habituel du service communication du ministère de la Culture.
« Ding dingue dong, le service est indisponible, veuillez rappeler plus tard ».
???????
Plus tard
« Allo, le (service communication du) ministère de la Culture ? » (2nde tentative)
« Non le service est en dérangement, vous êtes au standard du ministère ».
« Ecoutez, je suis journaliste à Chroniques d’architecture, je cherche à récupérer le discours de madame la ministre de la Culture Rima Abdul Malak lors de la remise du Grand Prix national d’architecture que je n’ai pas trouvé sur le site ».
« Je vais voir ce que je peux faire ».
« Ding dingue dong, veuillez patienter ». En trois langues.
« Ding crazy dong »… Patience.
Après trois essais à trois postes différents, retour au standard : « ils sont tous indisponibles ».
Clic.
Voilà qui est préjudiciable. En effet, de ce discours, nous avons eu des échos, bien entendu. Et chacun sait combien les échos peuvent être malveillants. D’où cette volonté de la rédaction de remonter à la source (bien compris que seul le prononcé fait foi) afin d’éviter tout malentendu.
« Allo, le (service communication du) ministère de la Culture ? » (3ème tentative)
« Non, vous êtes au standard ».
« Pouvez-vous me passer le service communication du ministère ? »
« Un instant ».
« Merci ».
Et le téléphone sonne
Sonne
Sonne
Sonne… Huit fois, dix fois. Il n’y a personne au numéro que vous avez demandé et vous ne pouvez pas laisser de message.
Ce doit être un service communication dernière génération à la Culture : il ne communique rien et brûle les discours de la ministre dans de discrets autodafés.
Rien d’urgent, heureusement !
Que cela dit-il cependant de l’intérêt pour l’architecture au ministère de la Culture qui en assure la tutelle ? Pourtant le moindre pâtissier qui passe à la télé sans même se qualifier pour le 8ème tour reçoit son poids en sucre candy. Que peut bien signifier cette discrétion pour l’architecture en France en général et les architectes français en particulier ?
Voyons : le communiqué de presse du ministère a été repris par l’ordre des architectes – heureusement ! – et par Batiactu, Le Moniteur évidemment et… et … Pas par Le Monde en tout cas, dont la journaliste dédiée à l’architecture était pourtant membre du jury (mais absente de la photo de famille). Rien dans Le Figaro, Les Echos, Libé, L’Huma, rien dans les hebdos qui comptent, pas un mot dans le New York Times ou Architecture Digest. Rien, Zip ! Pour un évènement qui en France intervient tous les quatre ans, comme les jeux olympiques, quasiment que dalle, zippo.
Un non-évènement !
A propos duquel nous ne pouvons donc vous en dire plus.
Christophe Leray
PS. Toutes nos félicitations à Philippe Prost. Si ce n’est Byzance, c’est au moins Versailles puisque le nouveau Grand Prix national d’Architecture est le 24 octobre 2022 lauréat pour l’aménagement de la Grande Ecurie qui accueillera les activités et les formations du Campus Versailles. L’agence a été retenue au terme d’une procédure de concours, indique le maître d’ouvrage.
*Lire nos articles Un Grand Prix national d’Architecture bien « appuyé » là où ça ne fait pas mal et Scoop ! Et le prochain Grand Prix national(e) de l’architecture sera…
Le communiqué de presse intégral du ministère de la Culture
Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, s’est rendue le 13 octobre 2022 à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine où elle a remis, sur proposition du jury, le Grand Prix national de l’architecture 2022 à l’Atelier d’Architecture Philippe Prost. Sur invitation du jury, la ministre a également décerné un prix d’honneur à Renée Gailhoustet pour saluer sa carrière.
Créé en 1975, le Grand Prix national de l’architecture est la plus haute distinction nationale dans le domaine de l’architecture. Elle récompense une agence implantée en France pour l’ensemble de son œuvre. L’édition 2022 s’est adaptée à l’évolution de la pratique architecturale, en veillant à sélectionner des agences d’architecture plutôt que des individus et en introduisant plus de parité parmi les finalistes.
Le jury a auditionné les sept agences présélectionnées le 7 septembre 2022. Les critères de sélection du lauréat ont été les suivants :
– La richesse et la diversité du parcours professionnel et la qualité de l’œuvre bâtie qui l’illustre ;
– La posture de l’agence vis-à-vis du rôle sociétal de l’architecture et de l’architecte ;
– La formulation de la pensée et les modalités retenues pour la transmettre.
En 1993, Philippe Prost fonde à Paris l’agence AAPP – Agence d’architecture Philippe Prost. Il est associé à Catherine Seyler depuis 1992 ; Gaël Lesterlin et Lucas Monsaingeon les rejoindront en 2019.
Parmi les réalisations de l’agence, on peut citer : la réhabilitation de la cité des Electriciens à Bruay-la-Buissière (2017), la réhabilitation de l’hôtel de la Monnaie de Paris (2017), la construction du mémorial international de Notre-Dame-de-Lorette, l’Anneau de la Mémoire (2014), l’intervention de mise en valeur et réhabilitation de la citadelle de Belle-Île-en-Mer (1991-2006).
Spécialisé dans la création et l’intervention contemporaine sur le bâti historique, le travail de l’agence se caractérise par le respect du site, de son histoire, de sa géographie, par une analyse approfondie de la question posée par le programme, le choix d’une logique constructive et l’utilisation de matériaux pérennes. Les compétences de l’agence se caractérisent par la capacité d’adapter et de réutiliser des espaces existants, parfois exceptionnels, parfois simplement porteurs d’une mémoire sociale, en respectant leurs caractéristiques et en y adjoignant des espaces nouveaux de grande qualité. A l’heure où la transition écologique nous pousse à revoir les modalités de production des espaces bâtis, l’œuvre de AAPP – Agence d’architecture Philippe Prost témoigne de l’alliance entre patrimoine et architecture contemporaine.
Philippe Prost se distingue également par son engagement dans la transmission de savoirs aux futurs architectes et dans la recherche architecturale.
Par ailleurs, le prix d’honneur du Grand Prix national de l’architecture a été remis à Renée Gailhoustet au titre de l’ensemble de son œuvre et des réflexions qu’elle a portées sur la conception du logement social. Témoin d’une génération d’architectes engagés dans une posture de recherche et d’innovation au service d’une architecture du quotidien, elle fut aussi une pionnière dans la pratique de ce métier par des femmes. A ce titre, elle est une référence pour toutes et tous aujourd’hui tant pour la qualité de ses réflexions et de son œuvre que pour l’exemplarité de sa pratique professionnelle. A l’heure où la qualité du logement se pose tant en termes d’usages, de densité que de coût, son œuvre reste une réponse tout à fait actuelle et pertinente.
Comme chacun de leurs prédécesseurs, Renée Gailhoustet, représentée par Serge Renaudie, et l’Atelier d’Architecture Philippe Prost ont reçu des mains de la ministre de la Culture le diplôme créé par l’artiste Daniel Buren.
La Cité de l’Architecture et du Patrimoine, avec le soutien du ministère de la Culture, consacrera une exposition monographique et un ouvrage dédiés à l’œuvre de l’Atelier d’Architecture Philippe Prost, qui sera également amené à produire une master-class à destination des étudiants en architecture.
L’œuvre de Renée Gailhoustet fait l’objet d’un titre de la collection « carnets d’architectes », publié dans le cadre d’un partenariat entre les Editions du patrimoine et le ministère de la Culture.
La ministre de la Culture tient à saluer le travail des six autres agences présélectionnées : Atelier du Rouget, Atelier Philippe Madec Architecture et associé, Bruther Architectes, Corinne Vezzoni et Associés, Perraudin Architecture et Studio Odile Decq.
(and that’s all folks !)