
Le projet conçu par MDR (Matte Devaux Rousseau) se situe sur un vaste terrain au cœur de la ville de Baillargues où il jouxte son centre historique et la porte vestige de son ancienne fortification. Cette vaste poche de plus d’un hectare préservée par son passé de cimetière, bénéficie, outre sa situation centrale exceptionnelle, d’une richesse paysagère importante : une ancienne allée de mûriers centenaires, des pins, des micocouliers de grande hauteur créent une ceinture verte toute autour du site bordé par de vieux murs en pierres sèches. Communiqué.
La ville s’est développée tout autour du site et jusqu’à ses limites Nord Est, vers les rives du Bérange, avec un tissu pavillonnaire de densité moyenne.
Dans ce développement, la ville a pris soin de prévoir et d’installer un lien piéton entre le cœur de village et cette pointe Nord Est où se situent des équipements d’importance : collège, tennis club et équipement sportif. Ce lien prend la forme d’un mail piéton arboré et généreux qui est, à ce jour, interrompu au nord-Est du site.
Avant de penser aux bâtiments, le projet s’est donc focalisé sur la mise en place d’un système paysager. Le processus de conception a donc été inversé par rapport à celui qui se pratique usuellement : ici la structure du «vide» a permis de concevoir celle du «plein», les espaces extérieurs communs ont permis d’implanter et d’imaginer le bâti.

La superficie du terrain est importante puisqu’elle totalise 13 978 m² : l’organisation des bâtiments permet de renforcer l’idée de mail et de traversée piétonne en utilisant des variations, des lignes brisées pour ne pas obtenir d’alignements systématiques et éviter de créer des fronts bâtis imposants et imperméables. Grâce aux lignes brisées, aux orientations différentes de chaque bâtiment nous créons de nombreuses perspectives et vues croisées aptes à dé-densifier la place du bâti par la mise en valeur des espaces extérieurs et à laisser la place majeure aux espaces paysagers.
Le projet comprend six corps de bâtiments distincts : cinq d’entre eux accompagnent le mail dans sa logique ce conception ; le dernier, organisé en «L» permet de constituer un cœur d’ilot paysager au Nord du mail. Tous les bâtiments sont détachés entre eux par de larges espaces extérieurs qui permettent de garder des perspectives visuelles à travers tout le site et qui participent de façon essentielle à la prégnance paysagère du projet.
La totalité des bâtiments de l’opération est organisée en R+2+ attique pour une hauteur globale inférieure à treize mètres. Le système d’attiques en retrait permet d’avoir des gabarits de bâtiments mesurés de l’ordre de dix mètres de hauteur.
Afin de garder une grande harmonie d’ensemble, MDR a développé un principe architectural commun à l’ensemble des bâtiments ; ce principe a été pensé dans l’objectif d’une intégration réussie en centre ancien. Cette intégration ne se veut absolument pas être un pastiche des constructions anciennes qui ont eu cours ces dernières décennies et qui, paradoxalement, persistent à être vus comme des leurres.
MDR a souhaité éviter cet écueil et a développé une architecture de notre temps mais respectueuse du cadre patrimonial exceptionnel de Baillargues : c’est par l’étude d’une morphologie adaptée et par des matériaux actuels faisant écho aux façades historiques que fut élaborée cette intégration urbaine.

Le soubassement
L’assise des bâtiments sur le site est particulière : elle est née de la synthèse de plusieurs résolutions, à la fois fonctionnelles et techniques. Les rez-de-chaussée des bâtiments sont légèrement surélevés afin que les logements intégrés à ce niveau soient protégés à la vue. Ce léger rehaussement à l’avantage, outre de sécuriser les logements du rez-de-chaussée, de régler parfaitement les mouvements de noues et les niveaux paysagers en pied de bâtiment.
Le revêtement en pierres sèches de ces soubassements, variables de 1 à 2 mètres, permet de faire référence aux murs d’enceinte de l’ancien cimetière qui sont préservés sur l’enceinte de la parcelle. Ces soubassements de pierre sont mis en relief par les façades en creux du rez-de-chaussée : ce principe de «taille de guêpe» permet d’alléger les bâtiments et les rendre moins massifs et plus ouverts sur les espaces paysagers. Ces fonds de loggia du rez-de-chaussée, teintés d’un enduit brun argile, sont rythmés et séparés de logement à logement par la prolongation des volumes d’attique qui semblent ainsi «traverser» le bâtiment dans sa hauteur.
Le corps
Lumineux, le corps des bâtiments associe en un seul volume les deux premiers étages des bâtiments. Il se détache du soubassement par le processus précédemment décrit. Sa forme évolue souplement au gré des orientations des bâtiments : les angles sont adoucis par des effets de courbure qui accentuent cette souplesse et accompagnent progressivement la lumière du soleil entre les façades exposées et les façades ombrées tout au long de la journée.
Les lignes douces de ces arrondis participent activement au caractère convivial et accueillant de l’opération.
Les longs pans des corps sont organisés de façon à capter les orientations les plus favorables pour les logements, quelle que soit la position du bâtiment, et sont donc généreusement ouverts pour y accueillir les loggias. Les volumes d’attiques qui traversent verticalement les étages jusqu’au soubassement rythment et séparent là aussi chaque loggia.
Les pignons sont davantage fermés et restituent un effet très monolithe, accentué par des systèmes d’ouvertures en «meurtrière» et par un béton architectonique matricé et teinté dans la couleur et la texture de la pierre calcaire des façades du vieux Baillargues. Cet effet monolithe et défensif affirmé sur les pignons et notamment sur la rue de l’Ancien Cimetière se pose véritablement en référence du patrimoine médiéval de Baillargues. A cet endroit et par ces caractéristiques, le projet dialogue totalement avec l’immeuble de la copropriété requalifié et les façades existantes qui font face à la placette.

L’attique
Le dernier niveau des bâtiments est organisé en attique, en retrait des façades afin d’alléger la silhouette des bâtis et offrir aux résidents l’opportunité de jouir de vastes terrasses solarium avec vues imprenables sur le site paysager et le velum des toitures du cœur de village. Le retrait des façades de l’attique se fait au gré des orientations pour permettre ce confort. Sur certaines faces et de façon à séparer les terrasses privatives, le volume d’attique se plie en «redents», véritables créneaux qui animent la silhouette supérieure des bâtiments et permettent de rythmer les longs pans des bâtiments en donnant une scansion verticale depuis le toit jusqu’au soubassement.
Habillés de bois en lattis verticaux à claire voie, ces attiques symbolisent, par leur couleur et leur calepinage, les lignes serrées des toitures en tuiles du centre ancien. Véritable analogie du toit, le matériau bois reflète cette légèreté et cette douceur de teinte. Il permet aussi de lier ces toitures au caractère paysager du site : le bois dialogue avec la canopée des arbres préservés et plantés tout autour des bâtiments et tout le long du mail.