Au cœur du Vieux-Québec, un site historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, La Maison de la littérature conçue par l’agence Chevalier Morales et livrée en 2017 est une annexe contemporaine à la volumétrie simple et épurée au temple Wesley, une église néogothique patrimoniale. Communiqué.
Issu d’un concours d’architecture, le projet lauréat de Chevalier Morales (1 920 m², 11,8 M$, soit environ 8M€) proposait une solution inédite qui dépassait les attentes de la commande initiale. Lors de la conception, les architectes ont choisi de sortir une partie du programme à l’extérieur du temple Wesley et de construire plutôt une nouvelle annexe pouvant loger un accueil plus transparent et plus universel.
Cette stratégie a également permis de libérer l’espace du temple d’un programme complexe et de lui redonner toute l’ampleur de sa spatialité d’origine autrement compromise. En plus des espaces consacrés à la bibliothèque, le programme de la Maison de la littérature comporte une salle de spectacles, un bistro, un espace d’exposition temporaire, une exposition permanente, une résidence d’écrivain, des studios de création, des salles de projection et de formation ainsi qu’un studio de création multimédia.
Le temple Wesley, construit en 1848, a été désaffecté en 1931, puis transformé en 1944 en une bibliothèque publique comprenant une salle de spectacles et de conférences pour l’Institut Canadien, cette dernière ayant définitivement fermé ses portes au public en 1999. La nouvelle Maison de la littérature a permis à l’Institut Canadien de poursuivre sa mission de diffusion de la littérature québécoise, tout en demeurant l’une des plus anciennes bibliothèques publiques de la province de Québec.
Une annexe aux proportions étrangement familières
En partie transparente, la nouvelle annexe, aux proportions étrangement familières, réinterprète les formes urbaines existantes du tissu urbain environnant. Elle permet également d’offrir un visage ouvert et contemporain à l’Institut Canadien de Québec. De plus, l’accès principal se fait maintenant de manière naturelle au bas de la pente de la chaussée des Écossais et dans l’axe de la rue St-Stanislas.
L’enveloppe extérieure en verre se superpose à un ensemble de panneaux métalliques pliés et embossés qui composent un bas-relief intriguant. De plus, en réfléchissant son environnement immédiat, l’annexe aux lignes simples s’intègre délicatement et sans mimétisme au contexte urbain historique du Vieux-Québec.
Dans son rapport dialectique au temple d’origine, cet ajout contemporain fait ainsi entrer l’institution de plein pied dans le XXIe siècle à l’ère des livres numériques et des poèmes sur Twitter. Il abrite dans ses étages supérieurs les principaux espaces voués à la création ainsi que, en sous-sol, la totalité des services électromécaniques nécessaires au bon fonctionnement de l’institution. D’un point de vue symbolique, l’idée de placer les espaces de création à l’extérieur du temple, tout en maintenant un rapport étroit avec celui-ci, est apparue appropriée dans le contexte. En offrant une certaine distanciation, l’annexe permet des vues imprenables sur le fleuve et la vieille ville ce qui offre un grand sentiment de liberté.
Les chemins multiples de la liberté
C’est grâce à la solution originale de l’annexe qu’il fut possible de rétablir la présence de la Salle de l’Institut, haut lieu de diffusion culturelle et intellectuelle à Québec depuis le milieu du XXe siècle. De forme circulaire et à paliers multiples, la nouvelle salle de spectacle de l’Institut se referme sur elle-même par l’entremise de panneaux acoustiques concentriques coulissants intégrés aux rails du plafond. Celle-ci est pourvue de l’équipement scénographique et multimédia complet qui permet d’accueillir conférenciers, pièces de théâtres, concerts intimes et présentations publiques.
Au-dessus, la bibliothèque jouit d’une grande luminosité accentuée par la blancheur du lieu. Accessible par un escalier sculptural en colimaçon, elle retrouve la spatialité généreuse de l’église d’origine à laquelle ont également été ajoutés des éléments repris des deux salles de spectacles ayant aussi façonné l’histoire sociale et spatiale du lieu. Plusieurs des détails d’origine comme les fenêtres en ogives et les détails en bas-relief du plafond ont été conservés et s’harmonisent avec le mobilier contemporain et les rayonnages.
Un dialogue entre le passé et le présent
L’approche d’insertion préconisée pour la nouvelle annexe était principalement de mettre en valeur, de complémenter et de préserver la valeur patrimoniale de l’édifice existant, autant intérieure qu’extérieure. L’annexe se révèle comme le signal fort d’une remise en valeur patrimoniale considérable et permet d’éviter l’altération de la composition architecturale de l’édifice existant. Le projet proposait également un important volet de restauration de la maçonnerie et de la fenestration d’inspiration gothique anglaise de l’édifice.
L’annexe de verre, par la grande qualité de ses matériaux, sa transparence et sa simplicité de détails, établit un dialogue matériel et formel avec l’édifice de pierre existant. Simple et bien contrôlée, la peau de l’annexe ne rivalise pas avec la richesse et la grande qualité des détails et des assemblages de maçonnerie historique adjacents. La Maison de la littérature dévoile un dialogue entre l’histoire et le présent de l’arrondissement historique du Vieux-Québec. Elle est aujourd’hui devenue une vitrine incontournable de la littérature québécoise et un arrêt prisé du parcours touristique de la vieille ville.