A Tacloban, aux Philippines, une collaboration originale entre Eriksson Furunes Architecture et une communauté dévastée par le super typhon Haiyan en 2013 a permis de dessiner et construire un orphelinat et une école, livrés en 2016. Un projet intitulé Streetlight Tagpuro. Ou comment diluer un grand traumatisme psychologique dans un processus de conception et de construction. Communiqué.
Avec l’augmentation des désastres, aussi bien naturels qu’artificiels, autour du globe, il est de plus en plus important de comprendre comment les architectes, et l’architecture, peuvent contribuer à l’effort de reconstruction. Alors qu’il y a un argument prétendant que les architectes sont les dernières personnes dont on a besoin dans ces scénarii, un processus collaboratif de planning, conception et construction peut permettre à ceux affectés par le désastre d’avoir un mot à dire à propos de ces processus qui éventuellement les concernent.
Streetlight Tagpuro est un processus collaboratif de conception et de construction qui a débuté il y a trois ans, avant que le typhon le plus puissant qui ait jamais frappé la terre ne dévaste Tacloban, la capitale et la ville la plus peuplée de la région des Visayas orientales, sur l’île de Leyte, aux Philippines. Trois ans de reconstruction ont suivi.
En novembre 2013, le super-typhon Haiyan a dévasté la ville de Tacloban, dans le sud des Philippines. C’était l’un des typhons les plus puissants jamais enregistrés. Une ONG locale nommée Streetlight, qui soutient les enfants des rues et les communautés en fournissant des services sociaux, a vu son orphelinat et son centre de réhabilitation, en bord de mer, détruits par le typhon. En conséquence, Streetlight a décidé de reconstruire ses installations à l’intérieur des terres, à 16km au nord du site précédant, pour fournir la sécurité recherchée pour les enfants et la communauté.
Les architectes – Eriksson Furunes Architecture, avec Leandro V. Locsin Partners l’agence loale Boase -, en lien avec la communauté, ont développé le design à travers une série d’ateliers participatifs qui utilisaient le dessin, la poésie, le maquettisme, la cartographie et le prototypage physique. Cette méthode fut cruciale dans la formation d’un sens fort d’appropriation du projet et permettant à la communauté d’exprimer sa propre voix.
Au travers du processus de conception, les concepts spatiaux «ouvert et léger» et «fermé et sûr» résonnèrent au sein de la communauté. Ces concepts ont aidé ses membres à articuler un désir d’ouverture et de connexion à la nature, tout en fournissant la sécurité en vue d’un prochain typhon. D’une certaine manière, le processus de conception les a aidés à traiter le traumatisme psychologique provoqué par Haiyan.
La traduction des deux concepts se trouve dans l’utilisation de cadres en bois installés contre des volumes en béton armé renforcés. Ces cadres permettent à l’air de s’écouler à travers les espaces tandis que le béton fournit un refuge durant les typhons. Les portes en bois latté et les fenêtres furent conçues et construites par les pères et parents des enfants du programme. Avec leur participation, le projet est devenu une expression contextuelle de l’identité locale, dans laquelle la communauté peut retrouver une symbolique qui lui est propre.
L’architecture explore les valeurs honnêtes de la matérialité, de l’artisanat, des tectoniques expressives, et de la sensibilité vernaculaire. A travers une sélection délibérée des matériaux et des méthodes de construction, basées sur leur potentiel d’adaptation par les ouvriers locaux, le processus de construction sert de modèle d’une capacité à bâtir et d’une éducation de subsistance.
«Finalement, à travers un processus participatif et communautaire, qui offre un cadre pour l’expression locale, le projet devient une opportunité non seulement de faire de l’architecture, mais aussi de construire la représentation de valeurs partagées et de symboles partagés», conclut Alexander Eriksson Furunes, l’architecte norvégien inspirateur de ce projet.
Traduction : A.L.