L’agence Search (Thomas Dubuisson et Caroline Barat), avec l’agence de paysage Sempervirens a remporté en mai 2016 le concours restreint de maîtrise d’œuvre pour la réalisation d’une piscine communautaire sur la commune de Châteaulin (29). L’ouvrage de 3 600 m² SDO pour un montant des travaux de 8.9 M€HT doit être livré en 2018. Communiqué.
Le site et son contexte
Le site de la piscine communautaire de Châteaulin se trouve en périphérie immédiate du centre-ville, en ville basse, à proximité des berges de l’Aulne qui ceinture le terrain. Pensée en cohérence avec cet environnement mixte, entre périphérie urbaine et nature, la future piscine a vocation à s’intégrer à un ensemble plus large d’équipements publics et à constituer une centralité sportive et ludique à l’échelle de la Communauté de communes.
Le terrain où elle sera bâtie est resté rural. En pente douce jusqu’au fleuve et au chemin de halage qui le longe, il s’ouvre sur un paysage marqué par une alternance de vastes champs cultivés et d’espaces forestiers. Il offre des vues lointaines vers une campagne emblématique marquée notamment par un site éolien, vues que le projet architectural, par sa situation et son ouverture, viendra valoriser. Le projet associe ainsi les différentes qualités attendues d’un tel équipement : espace pédagogique, éducatif, ludique, sportif, mais aussi de loisir, de détente et de bien-être, il constitue un lieu convivial de rencontre, de partage, marqué par une architecture, compacte et intégratrice, fortement contextualisée.
Parti architectural et principes généraux d’organisation
Le projet est fondé sur une proposition simple dans son architecture et dans son fonctionnement, tout en étant riche et diversifiée dans les usages qu’elle permet. Le bâtiment s’inscrit de façon harmonieuse dans le site, et s’ouvre dans le même temps largement sur le paysage environnant. En outre, dans une perspective respectueuse des principes d’une architecture durable, le projet prévoit une forte végétalisation de la partie nord aux abords du bâtiment et du parking, et une préservation totale du paysage dans son état actuel au sud. De forme circulaire, l’architecture constitue un espace intégrateur d’une diversité d’usages.
Le bâtiment est traversé par un axe est-ouest invisible. Il qualifie deux moitiés dont le traitement différencié s’articule à des fonctionnalités et à des usages distincts. La moitié nord, où s’implantent trois entrées (public, scolaires et technique) qui scandent de façon régulière l’arc de cercle, comporte davantage d’espaces fonctionnels (parkings, halls d’entrée, espaces d’accueil, blocs sanitaires, gradins, locaux administratifs à l’étage et techniques en sous-sol). Elle se caractérise par une alternance d’espaces opaques et transparents. La moitié sud du bâtiment s’ouvre sur le paysage par de larges baies vitrées. Les baies vitrées ainsi qu’un bandeau ajouré entre le toit et les parois du bâtiment apportent une lumière naturelle à l’ensemble de l’édifice.
La simplicité fonctionnelle et la compacité du cercle, qui opposent les accès et permettent la convergence des parcours vers les sanitaires et l’espace commun de la halle bassin, signent la lisibilité du plan et l’aisance des usages du bâtiment. Si la gradation des différents éléments intérieurs – les gradins, les bassins, les espaces de relaxation puis le solarium, renforcent l’orientation générale du bâtiment vers le sud – une dynamique verticale s’ajoute à cette vision horizontale.
Tel un ruban – les tranches des plans horizontaux marquant les niveaux du bâtiment – le bâtiment se love dans le site et se déroule verticalement pour intégrer ses différents éléments constitutifs. Aussi, les différents niveaux, et notamment le premier étage où se trouvent, hors niveau public, les espaces administratifs, la coursive, le départ des gradins, se raccordent de façon ludique, conformément au programme, par un toboggan qui contourne, en intérieur, la halle bassin, et vient rejoindre le niveau des bassins. Par son ouverture et la production de points de vues inédits sur le paysage, l’édifice s’inscrit donc en transparence dans son site tout en ouvrant sur lui de nouvelles perspectives.
L’inscription dans le site et les abords du bâtiment
Le traitement paysager des espaces extérieurs du bâtiment renforce la dimension contextuelle du projet vis-à-vis de son environnement rural et de sa vocation d’équipement public. L’insertion paysagère de la piscine dans ce site naturel et boisé se fonde sur l’utilisation de la topographie, et notamment de la déclivité du terrain, comme ressource permettant d’atténuer l’impact visuel des parkings, ainsi que sur des traitements appropriés des sols du parking, de la face sud du bâtiment et de sa toiture.
Le dénivelé naturel du terrain permet d’accueillir le parking dans une bande qui se déroule au nord du bâtiment, en contrebas de la route dont la végétalisation des abords sera accentuée. Ainsi inséré entre un talus et la piscine, le parking reste la plupart du temps dans l’ombre, et depuis la rocade du parc Bihan, on entrevoit d’abord le bâtiment qui se niche au creux du terrain. Le revêtement de pavés végétalisés intègre un peu plus l’espace du parking à celui du champ, et sa situation au nord permet de libérer le reste du site de toute contrainte de stationnement et de desserte technique.
A cette inscription minutieuse des éléments fonctionnels au nord correspond au sud un rapport au site fondé sur la connexion visuelle entre intérieur et extérieur, grâce au traitement architectural. Au-delà de l’axe est-ouest que viennent dessiner les deux entrées des publics et des scolaires, les paysages, le champ et la forêt sont entièrement préservés, les bocages protégés et mis en valeur dans la potentialité de contemplation que leur offre la transparence du bâtiment. Surplombant le champ d’environ un mètre de hauteur, le solarium marque les abords du bâtiment au sud et permet d’instaurer une séparation entre le domaine végétal et les zones minérales des plages de la piscine. Ici encore, l’utilisation de la déclivité naturelle du site permet de jouer sur les niveaux et d’éviter l’instauration de séparations verticales.
Enfin, le traitement de la toiture renforce l’inscription du bâti dans le site.
Par une forme de mimétisme, le bâtiment disparaît presque dans le paysage ; la courbure de son toit et de ses volumes joue avec celle des collines environnantes.