
Une vaste opération de régularisation foncière pilotée par l’EPFA Guyane avec la commune de Maripasoula est enclenchée pour dynamiser le centre bourg. Communiqué.
Quasi 90 % des habitants du bourg de Maripasoula n’ont pas de titre de propriété. La signature des deux premiers actes de vente le 9 mars dernier vient couronner quatre ans de collaboration étroite entre l’EPFA Guyane et la commune de Maripasoula à travers une convention de coopération public-public.
Lancée en avril 2016, sur un sujet toujours délicat, la régularisation foncière d’occupants sans titre, cette Régularisation Foncière de Masse des Occupants Sans Titre – RFMOST – est le préalable pour assurer la faisabilité d’un plan-guide, ou la maîtrise du foncier est primordiale. Une vingtaine de parcelles déjà bornées pourra aussi faire l’objet de cession avant la fin de l’année.
Le projet de revitalisation de Maripasoula vise à accompagner la mutation d’un village rural en bord de fleuve vers une polarité administrative, sanitaire et commerciale, en lui conférant une structure urbaine cohérente.

Pour Denis Girou, directeur général de l’EPFA Guyane, « à terme, la réussite de cette démarche innovante de régularisation va conditionner la réussite du projet de réorganisation du bourg et de développement du territoire de Maripasoula. Il s’agit de donner une autre vie à la ville ».
Pour Serge Anelli, maire de Maripasoula, « cette démarche s’inscrit dans une stratégie cohérente d’aménagement et de restructuration du territoire pour favoriser le développement des équipements publics, la construction de logements et redynamiser l’offre économique. Actuellement, l’habitat spontané n’est pas relié aux réseaux, les équipements sont dispersés et les espaces publics et privés pas tous délimités ».
Maripasoula, une identité unique, une diversité de paysages à respecter dans le plan guide
Frontalière du Surinam et du Brésil, Maripasoula est un carrefour culturel, réunissant Amérindiens, Bushinengues, Créoles, Européens, Brésiliens, Haïtiens et Surinamais. La commune est située à 240 km de Cayenne, accessible seulement par voie aérienne et par le fleuve Maroni. La ville compte 13.000 habitants sur un territoire d’une fois et demie celui de la région Île-de-France. Plus de 90 % de sa surface fait partie du Parc amazonien de Guyane.
Son identité est liée à la proximité de la forêt et du fleuve auxquels les habitants sont très attachés. Pour repenser l’organisation du bourg sur tous ses aspects, le plan guide favorisera une approche globale transversale et parfois « technique » de l’urbanisation et le plan de paysage permettra d’apporter une vision plus sensible à cet aménagement.
Un Plan Guide d’Aménagement co-construit avec les services publics essentiels et validé par la commune en octobre 2017
Il a posé les grands principes de la future organisation de la trame viaire et des espaces publics et le projet de délimitation a été soumis à la population avant sa validation définitive et son bornage pour enregistrement au cadastre.

La commune de Maripasoula a soutenu le projet de manière constante, en particulier via sa commission urbanisme. L’EPFA Guyane a réalisé plus de 500 enquêtes foncières pour recenser et localiser les lots d’usage revendiqués par les particuliers afin d’avoir une première approche des occupations, des litiges entre riverains et de la capacité des ménages à intégrer la procédure mise en oeuvre.
Compte tenu de la taille importante de la zone de travail, supérieure à 180 ha, il a été décidé de délimiter huit périmètres d’intervention et de commencer à agir sur deux quartiers les plus denses. Chaque particulier a été invité à constituer un dossier individuel d’acquisition et la vente des terrains aux particuliers permettra à la commune de recouvrir l’ensemble des frais et prestations nécessaires à la régularisation. Les sommes perçues assureront ainsi le remboursement du prêt contracté.
Afin de réduire les frais, un travail en profondeur a été mené avec le service du domaine, pour des évaluations de la valeur des terrains, atypiques en l’absence quasi totale de marché immobilier formel. Le maire de Maripasoula a été autorisé à authentifier les actes des ventes en la forme administrative.
Lire également notre article En Guyane, aménagement entre enjeux sociaux et solutions autochtones