Ignacio Prego Architectures a livré en 2018 en Guadeloupe le nouveau Tribunal de Grande Instance à Pointe-à-Pitre. D’une surface de 5 893 m² SDP, pour un budget de 24,2 M€ HT l’ouvrage conçu pour l’Agence publique pour l’immobilier de la Justice (APIJ) témoigne du parti pris d’une justice qui ne cherche pas à intimider. Communiqué.
A quelques pas de la mer, au centre de Pointe-à-Pitre, se dresse aujourd’hui le nouveau Palais de Justice de la ville, projet d’envergure débuté en 2011 qui a transformé en profondeur l’action judiciaire guadeloupéenne.
Cette volonté des pouvoirs publics de remettre la justice au cœur de la vie de la cité, imposait une réponse architecturale appropriée, «une architecture juste pour répondre à l’armature de la justice. Un bâtiment familier et pratique pour réconcilier les citoyens avec l’autorité de la magistrature», explique Ignacio Prégo.
Cette aspiration à une justice apaisée est incarnée par un bâtiment qui ne cherche pas à intimider le riverain. Par son mode de composition, ses rythmes constructifs, sa matérialité, le Palais de Justice se présente comme une structure d’équilibre maîtrisée. A l’image de la stabilité de l’institution judiciaire, un socle topographique supporte les espaces majeurs des salles d’audience.
L’inscription du volume dans la trame urbaine marque la continuité et la cohésion sociale inhérente à ce service public. Il s’agissait de conférer à cette construction une forme de sérénité et de force qui s’exprime notamment au travers d’une vaste intériorité ouverte sur la ville, un espace creux, profond et préservé. Le Tribunal de Grande Instance de Pointe-à-Pitre propose ainsi un point d’équilibre entre l’ouverture symbolique sur l’espace urbain et le nécessaire retrait qu’implique l’action judiciaire.
S’inscrivant dans cette nouvelle vague de tribunaux pensés avec la volonté d’humaniser et de moderniser les espaces et les usages de la justice, «le nouveau Palais de Justice se veut une réinterprétation contemporaine de la symbolique profonde de l’espace judiciaire, forcément associé à l’idée de la mesure et de la pondération», souligne Ignacio Prego.
Contexte
La mise en service du nouveau Palais de Justice de Pointe-à-Pitre a changé en profondeur la vie judiciaire de l’île en permettant au personnel judiciaire comme aux usagers d’accéder à ce service public dans de meilleures conditions.
En regroupant l’ensemble des services du tribunal de grande instance, avant dispersés sur plusieurs sites, en proposant une surface de plancher trois fois plus importante que celle de l’ancien Palais de
Justice ainsi que trois salles d’audience contre une seule, ce nouveau Palais de Justice garantit l’exercice d’une justice moderne, plus rapide, accessible à tous et tournée vers l’avenir.
Située au cœur de la ville, la localisation du bâtiment traduit l’idée que l’exercice de la justice doit se rapprocher du citoyen plutôt que s’en distancer, les rassurer plutôt que les pétrifier. D’où ce parti pris d’une justice qui ne cherche pas à intimider.
«Une architecture juste pour répondre à l’armature de la justice. Un bâtiment familier et pratique pour réconcilier les citoyens avec l’autorité de la magistrature», souligne Ignacio Prego.
Notice architecturale
Traditionnellement larges et épais comme pour exprimer force et pouvoir, les murs du Palais de Justice de Pointe-à-Pitre évoquent quant à eux ouverture et transparence. Le bâtiment oppose donc ici à l’imaginaire glacé des tribunaux une chaleur apparente, une lisibilité immédiate de ses formes et un affranchissement des codes autoritaires de l’architecture judiciaire.
Construit dans la continuité de la trame urbaine et des alignements de la ville, le Palais de Justice assume sa parenté avec une partie des bâtiments de Pointe-à-Pitre. Sans renier le souffle d’une vision subjective, l’intervention des architectes articule précisément la préexistence d’une culture du paysage local.
Les teintes du projet sont issues de l’environnement chromatique de Pointe-à-Pitre et notamment de la Préfecture qui lui fait face, les variations de lumières des brise-soleil en aluminium trouvent leur origine dans l’ensoleillement du ciel caribéen. Le sentiment de légèreté évoqué par le bâtiment cherche aussi une proximité avec une grande partie des bâtiments de la ville où la finesse des balcons, colonnades et marquises assurent une identité remarquable.
«Ouvert sur la ville, assurant la transparence de sa fonction, incarnée par trois salles d’audience perceptibles depuis la rue, le Palais de Justice s’offre au regard, sans se laisser totalement déshabiller. La pudeur de la magistrature, liée à sa retenue statutaire, oblige à respecter un cadre intime et une mise à l’écart de la curiosité», déclare Ignacio Prego.
Dominé par sa dimension constructive, traduite par une structure à la fois douce et forte, un volume sobre et expressif, le nouveau Palais de Justice de Pointe-à-Pitre se veut une réinterprétation contemporaine de la symbolique profonde de l’espace judiciaire, forcément associé à l’idée de mesure et de pondération.
Au-delà ses volumes et ses lignes, la force de l’architecture tient beaucoup aux choix des matériaux par lesquels s’exprime organiquement une certaine idée du bâtiment. Les matériaux, par les effets qu’ils induisent ici sur les regards et les sensations du corps, traduisent la volonté d’une justice proche et chaleureuse.