L’agence niçoise Atelier Combas (Sophie Delage, Mathieu Grenier et Pierre Le Quer) a livré à Marseille en 2017, pour le compte du ministère de la Justice (DIRPJJ Sud-Est), un centre éducatif fermé de 14 chambres (+ demi-pension). Ce projet de 945m² (2450m² de surface extérieure), d’un coût de 2,28 M€HT, parle de la nécessité du temps : enfermer des enfants. Communiqué.
Le Centre Educatif Fermé occupe une ancienne parcelle maraîchère des quartiers nord de Marseille. Le site se dessine en balcon vers le sud et, au loin, la Bonne Mère apparaît dans la frondaison des arbres. L’environnement résidentiel surplombe directement le site, une contrainte de vis-à-vis qui a guidés l’implantation de la construction à la fois ouverte vers le sud et l’horizon, et repliée à l’est sur sa parcelle. Une plateforme accueille un terrain de sport et une cour pour que les enfants puissent profiter de l’environnement.
«L’architecture de l’établissement fait le choix d’un parti à la fois austère et d’une mise en scène de la lumière, pour créer des lieux de vie agréables en toute saison. Elle est directement inspirée des architectures traditionnelles du midi», expliquent les associé(e)s de Combas.
C’est dans ces «icônes» que le projet puise sa forme et son système de double toiture monopente. Cette forme est renforcée par sa matérialité uniforme. La pierre d’Estaillade, qui constitue la vêture, se retourne en toiture afin de marquer davantage l’homogénéité du bâtiment.
L’ouvrage est construit avec des matériaux sobres et robustes laissés bruts. Les façades découpées de l’extérieur sont toutes traitées en pierre massive, tandis qu’à l’intérieur les murs en béton de planches sont laissés nus. La charpente en bois, visible dans la circulation, rythme la déambulation.
Les façades
La massivité se perçoit également dans les percements des façades. Les quelques baies sont profondes et marquent l’ombre, elles sont comme des failles, des alcôves qui servent d’ouvertures. L’accès s’y fait toujours de façon biaise afin de conserver la brutalité de la matière et de marquer le statut d’un tel programme.
Lumière
Le contrôle de l’éclairage naturel est l’un des partis pris du projet. Il se manifeste d’abord à l’intérieur du bâtiment où on laisse se glisser une lumière plutôt mesurée, rarement abondante. La mise en scène de la lumière fut un choix dans la conception architecturale de l’établissement, le but étant de créer des lieux de vie agréables en toute saison. Le contrôle parfois austère de la lumière du jour, dans une région où l’ensoleillement est fort, est directement inspiré des architectures traditionnelles du Midi.
Les cours
Le projet comporte deux cours au sud, l’une dévolue aux jeunes qui s’ouvre largement sur le futur verger, l’autre sera plantée d’un frêne pour porter ombre au lieu. A l’ouest, une cour plus intime sert de lieu de détente, et organise par sa forme les espaces administratifs autour d’elle, afin que tout le lieu de travail bénéficie d’un apport de lumière naturelle. Cette cour réinterprète la figure d’un petit cloître ouvert qui met en tension le bâtiment et le paysage.
Espaces intérieurs
«La rudesse de certains comportements auxquels le bâtiment sera soumis a justifié le choix de matériaux particulièrement robustes», souligne Combas. Le béton de planche apporte une douceur et une sensibilité à ce matériau froid, tandis que le sol en béton quartz jaune éclaire et réchauffe le gris et le blanc de la charpente traditionnelle. Les menuiseries en acier blanc sont toutes recoupées en module de 45 cm de large pour rendre facilement remplaçables les vitrages très exposés. L’ensemble des équipements est dissimulé pour ne pas être exposé aux dégradations.
Atelier Combas, fondé en 2011, a gagné le concours pour ce Centre Educatif Fermé, dit des Chutes Lavie, en octobre 2013 pour une mission complète.