A Paris (XVIIIe), rue Marx Dormoy, dans un paysage urbain hétérogène et varié, l’agence Barrault Pressacco a livré en mai 2021 pour Paris Habitat un bâtiment en ossature bois et béton de chanvre accueillant quinze logements sociaux et deux commerces. L’ouvrage de 1 300 m² (SP) (coût travaux : 2,58 M€ HT) interroge la tradition de la façade épaisse. Communiqué.
Situation
L’opération de logements sociaux et commerces est située entre les rues Marx Dormoy et Philippe de Girard, dans un paysage urbain hétérogène et varié, et structuré par les grands faisceaux ferroviaires de la Gare du Nord et de la Gare de l’Est.
Insertion
La situation de la parcelle à la pointe nord de l’îlot génère une géométrie à la fois profonde et traversante. Le projet profite de cette spécificité et dispose de ces deux adresses distinctes pour orienter des usages différents. Sur la rue Marx Dormoy, deux commerces assurent la continuité d’un rez-de-chaussée actif. Sur la rue Philippe de Girard, l’accès au logement profite d’un environnement domestique et apaisé.
Au-dessus, ce sont six niveaux qui accueillent 15 logements sociaux. Le bâtiment remplit l’entièreté de la profondeur de la parcelle, sur les 22 mètres, et adresse une façade sur chacune des deux rues. Cette épaisseur conséquente conduit à la création de courettes, à la fois pour répondre aux situations des vides voisins, mais aussi pour apporter lumière, vues et fraîcheur pour les nouveaux logements.
Forme
Le projet articule une tradition parisienne, la façade épaisse, et une conscience des paradigmes environnementaux actuels. A travers la manipulation de matériaux naturels et peu émissifs en CO2, il s’agit de proposer une nouvelle actualité à un vocabulaire typologique et esthétique déjà présent à Paris. Les constructions en encorbellement font partie intégrante du patrimoine architectural parisien, et le bâtiment se réclame de cet héritage formel.
Logements
Le plan d’étage courant est découpé en trois logements. Ils sont tous traversants et bénéficient tous d’orientations multiples avec des ouvertures sur rue et sur cour. Le pli du bow-window profite pleinement aux pièces de séjour, démultipliant le linéaire de façade et les angles d’ouverture. Le dispositif de la courette intérieure, tradition parisienne s’il en est, apporte de la lumière, des vues complémentaires et une intériorité calme contrastant avec l’environnement urbain dense et bruyant.
Largement plantées, les courettes fonctionnent également comme puits de fraîcheur profitant à tous les logements. La lumière naturelle est privilégiée dans l’ensemble du bâtiment, avec 85% de la surface habitable est éclairée naturellement, tandis que la quasi-totalité des pièces humides possède une fenêtre sur cour.
Ossature bois
La façade à ossature bois est composée d’éléments de section standard en pin. Cette ossature repose sur l’extrémité des dalles de béton avec un léger porte-à-faux qui autorise un recouvrement du nez de plancher et évite les ponts thermiques linéaires. Les façades visibles sont réalisées suivant ce principe constructif, les façades contre mitoyen sont réalisées en pré-mur béton. Des panneaux de fibres-gypse sont fixés sur la face intérieure de l’ossature et font office de fond de coffrage perdu pour la projection de l’isolant en béton de chanvre.
Béton de chanvre
Isolant constitué de fibres de chanvre et d’un liant, la chaux, le béton de chanvre est projeté dans l’épaisseur de l’ossature bois sur une profondeur variant de 23 à 30 cm selon les faces. Isolant auto-stable, totalement rigide après séchage, il reçoit un enduit de finition à la chaux. L’assemblage de ces deux matières premières, l’une fragment de sol, l’autre produit du sol, génère un matériau dont l’empreinte carbone est très faible. Au-delà d’être un matériau local faiblement émissif de carbone, le béton de chanvre joue le rôle d’un véritable régulateur hygrothermique.