En 2020, Ferrier Marchetti Studio a livré à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) le nouveau siège de la Région Ile-de-France, un ouvrage de 60 000 m² comptant deux bâtiments de sept étages regroupant l’ensemble des services auparavant éclatés à Paris sur une dizaine de sites. Communiqué.
« Notre conception est mue par le programme et par la manière dont celui-ci peut être servi par les moyens technologiques à notre disposition. Les produits industriels sont pour nous autant de ‘readymade’ que nous assemblons de façon singulière pour répondre à des situations spécifiques. Nous agissons contre la nouveauté impulsive, mobilisant des ressources disponibles tout en créant un langage propre à chacun de nos bâtiments. Notre architecture cherche à révéler la matérialité et à renouveler la perception des dispositifs constructifs courants », indique Ferrier Marchetti Studio.
Équipement public majeur au cœur du Grand Paris
Le siège de la Région Ile-de-France est bien plus qu’un bâtiment de bureaux, c’est une institution au service de tous les habitants de la région et un équipement de rayonnement international. Voisin de la mairie de Saint-Ouen, il s’installe en tant qu’équipement public majeur et prestigieux au cœur du Grand Paris.
Il est la figure de proue du nouveau quartier des Docks, qui s’étend du centre-ville à la Seine. Cet ensemble immobilier trouve sa juste échelle urbaine en se divisant en deux bâtiments reliés par une passerelle au-dessus de la rue. Il est à proximité immédiate de la station de métro desservie par la ligne 13 et désormais par l’extension nord de la ligne 14.
Trois variations sur le thème du jardin
Se différentiant de l’image du banal immeuble de bureaux, le terme d’hôtel de région suggère de belle façon une architecture entre cour et jardin, un bâtiment remarquable qui met en scène autant les vides que les pleins.
Dans cet esprit, le projet joue trois variations sur un thème qui associe architecture et jardins :
– le jardin traversant de toute part, dévoilé par le soulèvement du bâtiment 1 (nord) ;
– le parc sur le boulevard qui crée une séquence urbaine paysagère au cœur de Saint-Ouen ;
– le jardin suspendu ouvert sur la ville, au centre du bâtiment 2 (sud).
Le grand jardin comme signature urbaine
Le grand jardin met en perspective l’hôtel de région sur le boulevard Victor Hugo : il crée une séquence institutionnelle qui prolonge celle de la place de la Mairie. Ce jardin, qui est un repère sur le boulevard, est tout autant l’image de l’institution régionale, que celle de la nature au cœur de la métropole.
Le grand jardin est indissociable du péristyle qui ceint le bâtiment 2 et auquel il sert d’écrin.
Jardin suspendu
Au cœur du bâtiment 2, au deuxième étage, le jardin suspendu est un espace paysager inédit, ouvert sur la ville par une vaste loggia. Il est en continuité et en surplomb du grand jardin sur le boulevard Victor Hugo.
Ce jardin suspendu et sa fenêtre urbaine sont l’expression concrète d’un univers de travail qui mise sur l’expérience de la vie collective, d’une culture d’ouverture et de rencontre. Il sera un point focal de la vie quotidienne du siège de la région.
Le patio
Les façades du jardin suspendu évoquent ‘toutes les couleurs de ’l’Ile de France’ par des panneaux qui se déploient dans un gradient chromatique du blanc à une palette plus intense en fond de paysage. La région rassemble 1 268 communes : l’effet d’un nombre comparable de nuances est obtenu à partir de 16 couleurs de base déclinées sur des panneaux de verre par sérigraphie en une variation pointilliste.
Paysage intérieur
Le bâtiment 1 est soulevé au-dessus d’un jardin qui couvre toute l’étendue de la parcelle. Depuis les rues qui la bordent les passants peuvent voir le paysage intérieur : c’est un bâtiment ouvert qui exprime la transparence d’une institution en continuité de l’espace public.
Ce jardin rassemble les halls et les lieux de la vie collective, le recul par rapport à la rue est mis à profit pour faire la part belle à la transparence. Les utilisateurs qui y font une pause ne s’y sentent pas enfermés mais trouvent partout des profondeurs de champ et des regards sur l’animation du quartier.
Le fonctionnement d’une cité
Les éléments principaux de la vie collective se répartissent en rez-de-chaussée et sur les niveaux immédiatement au-dessus, bénéficiant tous d’un prolongement sur les jardins, et d’une ouverture sur l’espace public. Vue depuis la rue, l’hôtel de région est perçu comme une cité ouverte.
Les arcades et le péristyle
Les arcades du péristyle sont perpendiculaires à la façade de façon à n’être jamais vues frontalement mais toujours perçues partiellement, en perspective. Le péristyle crée une séquence, un entre-deux généreux entre le socle du bâtiment 2, dédié aux activités publiques, aux séances du conseil et aux réceptions et le jardin qui l’entoure. Il est un élément essentiel d’agrément et de représentation de la vocation politique du bâtiment.
Les façades
Le dispositif de double façade joue avec des nuances de blanc et de gris lumineux ; il crée des effets de profondeur aérienne et de clarté qui rendent les étages plus légers. L’entre-deux capture une strate de lumière extérieure qui devient la matière même de la façade. Cette double façade enveloppe de façon unitaire les deux bâtiments, tout en proposant, d’une façade à l’autre, de subtiles variations dans la modénature et le motif des panneaux.
L’effet général est perçu comme un filtre vibrant, une membrane animée par la superposition cinétique des motifs des panneaux extérieurs ajourés avec la trame de la paroi arrière. L’image est celle d’une architecture forte, cohérente mais douce, accordée aux nuances caractéristiques du ciel parisien.