Samedi 15 juillet, étape 14 - Annemasse

ARCHIPLEIN ALPEX Annemasse — Archiplein, ALPEX @Aurélien Poulat

Depuis Annemasse, pour les suiveurs du Tour de Chroniques, une étape en Haute-Savoie dans le rythme pour prendre aux cols l’architecture contemporaine.

Cette 14ème étape, qui se déroule intégralement en Haute-Savoie, s’avère dantesque avec au menu : le col de Cou, le col du Feu, le col de Jambaz, le col de la Ramaz (13,9km à 7,1 %) et enfin col de Joux Plane (11,6km à 8,5 %) pour 4 200m de dénivelé positif au total. Les amateurs ont eu le plaisir ou la souffrance, c’est au choix, de la parcourir lors de l’étape du tour qui a eu lieu ce week-end.

Au petit matin, les suiveurs auront le plaisir de se réveiller à l’hôtel Novotel d’Annemasse de DREAM Architecture recommandé par Chronique d’Architecture lors de ses reconnaissances printanières. Après dès potron-minet un petit-déjeuner de rissoles (ou rézules en patois) qui tiennent au corps arrosé juste d’une goutte de génépi pour se donner du courage, à quelques encablures, ils auront le premier plaisir de découvrir la Maison de la Mobilité et du Tourisme d’Annemasse réalisée par l’agence De Jong Architectes.

Le projet vient en extension de la Maison Braillard pour augmenter sa surface et accueillir le programme nécessaire de l’opération. La partie créée se positionne à la fois en prolongement et en distanciation. En prolongement par la reprise du registre architectonique du volume existant et à distance par la matérialité contemporaine des nouveaux ouvrages. Le projet assume sa fonction totémique, un point d’information, et compense son gabarit modeste aux regards des nouvelles constructions voisines par la mise en place d’une façade rideau métallique accueillant soit des vitrages, soit du métal déployé soit des lettrages.

« Ces dernières adoptent un rythme structurel vertical accompagné de remplissages aléatoires en métal déployé. Ces éléments ponctués de lettres finement découpées constituent un filtre à la fois visuel et lumineux. Si l’extension se pare d’un marron chatoyant faisant écho aux rails oxydés des chemins de fer », précisent les architectes.

Les suiveurs quittent Annemasse et font un petit crochet en direction de Valleiry pour découvrir la Maison Médical du pays du Vuache par l’agence Flloo Architecture et Urbanisme, lauréate du Prix Régional de la Construction Bois 2022.

Le projet répond à un besoin croissant de services médicaux dans les zones frontalières et s’installe dans une zone d’activité. Face à ce contexte à l’architecture hétéroclite et aux errements stylistiques, Flloo a fait une proposition plutôt helvétique, structurée et tramée.

Le projet en structure bois a permis d’optimiser le temps du chantier et de maîtriser les coûts par un procédé de construction efficace, léger, tramé et préfabriqué. « La structure, les murs et les planchers ont été intégralement préfabriqués », soulignent les concepteurs. L’ouvrage est habillé de briquettes de parement qui institutionnalisent le bâtiment et renforcent son aspect statutaire.

La volumétrie intérieure ménage des doubles hauteurs et des qualités de lumière variées offrant aux usagers une spatialité généreuse et changeante. Le plan prend soin par son système de trame de pouvoir absorber des modulations de cloisonnement. Il s’agissait en effet « de concevoir un projet flexible et modulable pour s’adapter aux besoins et à l’évolution des usages, de proposer un projet qui fédère autour d’un ‘’en commun’’ », confirment les architectes.

Les suiveurs reprennent la route et suivent le peloton qui passe les premières difficultés du jour, Col de Saxel, Col de Cou et Col du Feu, le bien nommé. En redescendant du Col de Jambaz et avant d’attaquer le Col de la Ramaz, ils font un petit arrêt par Scionzier pour découvrir la place Grenette, son nouvel aménagement et sa halle couverte en bois.

Réalisée intégralement en bois massif, elle abrite les usages séculaires de la vie d’un Bourg, marché, jeux, bal qui viennent s’y loger. Cette structure pensée par l’agence Archiplein fait appel à des bois non collés. « La charpente du couvert est exclusivement composée de trois couches de résille de bois massif », précisent les concepteurs.

Cet empilement savant d’épaisseurs modestes confère à l’ensemble une légèreté opportune soutenue par des poteaux périphériques en bois malicieusement décollé du sol fini, eux aussi composés de plusieurs couches. Ils prolongent ce travail sur des sections réduites assemblées et apparaissent comme des cousins montagnards des poteaux en cornière en L de Mies Van der Rohe à Barcelone.

Les suiveurs reprennent la route pour l’ascension finale du Col de Joux Plane et découvrent de visu la station de Morzine-Avoriaz explorée en reconnaissance. Intrigués par cet aménagement découvert à Scionzier, ils parcourent le site et se rendent compte qu’ils sont passés à côté du projet attenant de la réhabilitation de l’usine Alpex.

Décision est prise en redescendant de Joux Plane à la fin de l’étape, de regagner la vallée pour découvrir ce projet de transformation en centre culturel de cette ancienne usine de décolletage typique de la vallée de l’Arve créée en 1913.

Le projet, également signé Archiplein, installe une nouvelle entrée composée d’une colonnade en pierre massive qui redéfinit l’orientation de l’ensemble et le raccorde à l’espace public. Les vides entre les colonnes sont soit vraiment vides soit malicieusement remplis de lames inox miroir qui réfléchissent le contexte et dissolvent l’échelle de l’usine dans le contexte du bourg.

ALPEX Musée des Animaux du Monde - Archiplein - 2020 — @11h45

Les volumes intérieurs libèrent des doubles hauteurs judicieuses ou de vastes plateaux sous rampant.

Les suiveurs, pour se remettre des multiples cols et bâtiments, ayant après la bagarre au sommet rempli leurs obligations professionnelles, pousseront la découverte jusqu’à l’Auberge d’Ayze – Chez l’Anaïs. Un gaspacho de tomates accompagné d’une focaccia, de fromage frais et de pickles de légumes leur permettra de rafraîchir le corps et l’esprit. Un gratin de queues d’écrevisses de Jean Marc accompagné d’une Roussette de Savoie leur assure de prendre les forces nécessaires pour l’étape du lendemain.

Guillaume Girod (dans la caravane)