Le groupement Dominique Perrault Architecte + Zhubo Design Co est lauréat du concours international pour la conception de l’Institut de l’Innovation et du Design (SIDI) de Shenzhen (Chine). Surface construite : 300 000 m² ; Investissement prévisionnel : 2,79 milliards de Yuans (environ 360M€). Communiqué.
La ville de Shenzhen lance ces dernières années de nombreux concours internationaux pour la création d’équipements culturels et sportifs d’envergure, attirant les architectes du monde entier. La ville planifie notamment la construction d’une dizaine d’équipements culturels qui favoriseront l’affirmation de la ville comme centre d’innovation reconnu à l’échelle internationale.
Aux côtés du nouveau campus de l’Institut de l’Innovation et du Design de Shenzhen (SIDI) figurent ainsi une liste considérable de nouveaux projets : l’Opéra de Shenzhen, le Centre d’exposition de Shenzhen, le Musée du design, le Musée national de Shenzhen, le Musée des sciences et des technologies, le Musée océanographique, le Musée de la nature, le Musée d’art et le Conservatoire de musique de Shenzhen.
Le nouveau campus du SIDI formera l’un des nouveaux sites de la Southern University of Science and Technology (SUSTech), créée en 2011, et qui accueillera à terme environ 4 000 étudiants. Ce projet démontre l’ambition de la ville pour la création d’une école internationale de haut niveau, en réponse à une demande croissante de talents dans le domaine du design, à Shenzhen et dans la région de la baie de Guangdong-Hong Kong-Macao.
Parmi 37 équipes retenues en candidature ouverte, neuf avaient été sélectionnées à participer au concours de conception, dont les agences MVRDV et Studio Libeskind.
Le programme compte : salles de classes et laboratoires ; espaces de bureaux pour l’administration et les enseignants ; Bibliothèque ; Auditorium ; Salles de sport ; espace d’exposition ; espaces de restauration ; logements pour étudiants et enseignants ; espaces techniques et logistique.
« Horizon »
Le site choisi pour le futur campus est situé en périphérie de la ville de Shenzhen, dans une zone actuellement essentiellement rurale, en bordure du relief montagneux de la « Phoenix Mountain ». Le projet s’intègre dans le paysage, et préserve la lisibilité de sa structure horizontale, en veillant à ce qu’aucun élément saillant ne vienne perturber cette géographie de « plateau », au pied des montagnes. Inspiré du caractère chinois «-», reflétant l’ambiance d’une ligne de montagne et d’eau, il créé un repère à grande échelle, une ligne horizontale dans le paysage, au-dessus de la vallée, accrochée au relief.
La stratégie d’implantation du volume permet également de préserver la topographie existante : le bâtiment flotte dans le site, détaché du sol comme un large pont, et développe un front bâti de plus de 700 mètres de long (Bâtiment Principal : 708 m de long, 120 m de large, 20 m de haut).
Suspendu au-dessus du sol, le volume principal permet de conserver une transparence visuelle au niveau des piétons, et sa hauteur compacte garantit les vues vers le grand paysage.
Au-dessus du sol naturel, il crée un abri protecteur, accueillant espaces publics et jardins, rythmé par des « dômes » abritant diverses fonctions académiques facilement identifiables. L’organisation fonctionnelle du campus est simple et intuitive, articulée autour de deux éléments principaux : l’« Hyper-Ground » et l’« Hyper-Roof ».
Hyper-Ground
Le projet favorise les piétons et les circulations douces, en limitant le trafic routier sur l’ensemble du site. Sous toute la longueur du volume suspendu se situe le grand axe de circulation du campus : une longue promenade piétonne protégée, pensée comme une large plate-forme sur laquelle se développent les activités fonctionnelles du campus, divers espaces publics et accès aux programmes communs.
Une grande place extérieure forme l’espace public principal fédérant la vie du campus. Côté ville, un amphithéâtre minéral connecte le site universitaire à son quartier et forme l’entrée du campus.
Le SIDI souligne une volonté affirmée de créer des échanges et des interactions, d’hybrider les disciplines pour favoriser l’innovation et l’excellence. La démarche cherche également à introduire une végétalisation forte et la création d’espaces intimes et protégés, par des jeux de porosité entre intérieur et extérieur.
Le long de l’avenue piétonne, ombragée et aérée, sont disposés des noyaux qui permettent de relier les niveaux du sol à celui du toit, ainsi que les fonctions entre elles. Les équipements communs sont situés dans les « dômes » monumentaux visibles depuis l’« hyper-ground » : la bibliothèque, le restaurant universitaire, l’auditorium, les halls d’exposition et le club de la faculté, espace commun de rencontre et de détente.
Hyper-Roof
Les noyaux qui relient l’« hyper-roof » à l’« hyper-ground » permettent de desservir tous les espaces d’enseignement situés sur les deux niveaux du volume principal: salles de classe, laboratoires d’enseignement et laboratoires de recherche. Au-dessus, le toit créé une promenade panoramique, un immense balcon surplombant la ville à 50m au-dessus du niveau de la rue.
L’accès au niveau de toiture offre un véritable parc profitable à tous, aménagé en différents secteurs ayant chacun un programme et une atmosphère spécifique : espaces de jardins, de terrasses, placettes, espaces sportifs, etc.
Traitée avec la même attention que les façades verticales du projet, la grande toiture joue également un rôle actif dans le fonctionnement du campus. Très largement végétalisée, elle contribue à l’isolation du bâtiment et à la récupération des eaux pluviales. L’installation de capteurs photovoltaïques permet également de fournir de l’énergie à l’ensemble du bâtiment.
Patio-Villages
L’implantation des logements destinés aux étudiants et professeurs sur le campus prend la forme de plusieurs « villages », proposant une architecture en terrasse avec patios. Inscrits dans la topographie du terrain, avec leurs toitures végétalisées, ces groupes de logements rappellent l’aménagement traditionnel des collines en terrasses, et leurs patios sont une référence à la composition chinoise traditionnelle de l’habitat.
Matérialité
Les matériaux privilégiés du SIDI sont le métal et le verre. Rythmées par de fines lignes verticales en métal clair, les larges baies vitrées permettent d’offrir un éclairage naturel à l’ensemble des espaces de travail ainsi que de larges vues sur le paysage.
Les vibrations de l’enveloppe, entre les teintes blanches et émeraude du verre et du métal, feront varier son aspect en permanence, de sorte qu’elle sera perçue différemment en fonction des angles d’approche, des saisons ou de l’heure du jour. Les jeux de reflets unifient la composition et préservent l’activité intérieure des regards extérieurs.
Enfin, les principes constructifs et la disposition des espaces entre eux permettent une grande flexibilité dans les aménagements intérieurs et la possibilité d’imaginer de possibles développements futurs du campus.