Le projet de Dominique Perrault Architecture (DPA) est lauréat du concours restreint initié par la Fédération Française de Tennis (FFT) et la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (Solideo) pour ajouter une couverture au court Suzanne Lenglen de Roland-Garros. Communiqué.
L’objectif de ce projet est de permettre la tenue des matchs de tennis par temps de pluie et la nuit et de permettre la tenue des épreuves de boxe pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Surface de la couverture fixe : 5 200 m² ; surface de la couverture mobile : 4 800 m².
Le site de Roland Garros
Le site du tournoi de Roland Garros se situe au cœur de la métropole Francilienne, entre ville dense et nature, entre le Bois de Boulogne, Paris et Boulogne-Billancourt. La nouvelle couverture pour le court Suzanne Lenglen souhaite s’intégrer avec finesse dans ce contexte, grâce notamment à un dessin asymétrique pensé selon l’orientation et sa relation avec le paysage.
Il ne s’agit pas seulement de construire une couverture mobile mais de proposer un ensemble architectural d’envergure dont la silhouette puisse dialoguer autant avec le bâtiment existant qu’avec son environnement.
Au nord, le projet s’ouvre vers la nature et les cimes du bois de Boulogne, alors qu’au sud les relations du bâtiment avec ses abords sont plus urbaines, le court Suzanne Lenglen constituant, depuis le boulevard d’Auteuil, la façade du site de Roland-Garros. Enfin, à proximité immédiate du périphérique et de l’autoroute de Normandie, la couverture développée est pensée en cohérence avec l’échelle de cet important nœud d’infrastructures.
Sans être le court central du site du tournoi de Roland-Garros, le court Suzanne Lenglen se révèle être un lieu particulièrement actif durant la période du Grand Chelem. Son importance est renforcée par le fait qu’il se situe dans l’axe central de déambulation.
Chaque spectateur est ainsi amené à s’orienter vers ses façades latérales. Le projet constitue l’opportunité d’améliorer la qualité des espaces publics existants et notamment le parvis situé au sud du court. Une fois le court couvert, ce parvis forme une place abritée prête à être activée et animée durant les tournois.
Couvrir le court Suzanne Lenglen
La conception de ce projet demeure avant tout un ensemble de solutions techniques capables de répondre à des problématiques spécifiques. La nouvelle toiture a pour fonction principale d’abriter de la pluie le court Suzanne Lenglen et la totalité des places assises du public. Il s’agit aussi de protéger du vent et de contrôler les ombres portées par la toiture sur le terrain pour ne pas gêner les joueurs.
La toiture proposée est positionnée en surplomb des tribunes existantes, avec un débord suffisant, et comprend une partie mobile, en toile, et une partie fixe qui assure le support de la partie mobile et intègre tous les équipements nécessaires à son déploiement et à son repliement.
Le projet se veut pur et sans artifice, sa forme découlant des efforts structurels mis en place.
Une toiture en lévitation
La structure, pure, minimale, intégralement visible, procède par un assemblage fin, sur une structure en béton, d’éléments en acier. Le projet met en valeur la géométrie du court Suzanne Lenglen par la mise en dialogue d’une nouvelle surface horizontale plane avec les courbes existantes des tribunes latérales.
La simplicité des éléments mis en œuvre et leurs répétitions fabriquent un nouvel équilibre qui assume l’addition d’un nouvel élément, sans rien présenter de superflu. La nouvelle couverture du court Suzanne Lenglen apparaît comme en lévitation au-dessus du court, cette relation permettant de conserver l’intégrité du volume existant.
La partie fixe de la toiture prend en plan la forme d’un U couvrant les tribunes sur trois côtés (ouest, est et sud) et dégageant intégralement les vues vers le Nord et le Bois de Boulogne lorsque la toiture mobile est repliée. Les deux bras est et ouest du U, d’une portée de 87 mètres, intègrent les rails et mécanismes de blocage de la toiture mobile, alors que la branche sud constitue le coffre de rangement pour le repli de la toiture et intègre le treuil et le moteur permettant d’activer le buton mobile.
Le principe constructif retenu pour la charpente métallique est majoritairement celui de l’assemblage
boulonné. Latéralement, un voile de maille métallique spiralée, fixé en partie haute aux poutres longitudinales et en partie basse aux gradins béton existants, vient enserrer les gradins. En acier inoxydable, la maille offre résilience et simplicité au projet. Elle souligne sans la dénaturer la courbe des tribunes et protège les gradins les plus hauts de l’exposition aux éléments, tout en laissant passer la lumière.
Le plissé de la couverture mobile
En haute couture, le plissé désigne l’art du pli pour la confection d’une pièce de tissu. Pour un vêtement, cette technique permet d’offrir avec style et élégance une grande liberté de mouvement. La couverture mobile du court Suzanne Lenglen, pensée comme un tissu en plissé se déploie avec délicatesse et légèreté dans un écrin solide. La relation entre la structure rigide en acier et la souplesse de la toile mobile contribue à façonner l’identité du projet, alliant précision mécanique et finesse du design.
La couverture mobile, comme une membrane, est constituée d’une succession de 21 modules de toile tendue en forme de V, fixés continûment entre des câbles, pour une surface d’environ 4 800m². Chaque module présente une largeur d’environ de 5 mètres et une longueur d’environ 44 mètres. Lorsque la toiture est déployée, les câbles sont tendus et portent en caténaire avec une tension permanente permettant de reprendre les charges de pluie et de vent. Une poutre mobile en rive nord de la couverture mobile est prévue pour son entraînement lors des manœuvres de déploiement et de repliement. Le mouvement se fait par un déplacement horizontal, par déploiement du plissé le long de rails, du sud vers le nord. Dès le moment où la mise en position de la couverture se déclenche, un spectacle commence.
Associée à la palette chromatique du court Suzanne Lenglen, qui mêle les tons rouges de la terre battue, les nuances de vert des affichages ou encore les variations claires du béton brut des gradins, le projet vise une certaine neutralité par sa teinte gris métallisé qui saura vibrer selon la lumière et le moment de la journée.
Suzanne Lenglen incarnait la liberté d’expression et l’élégance associées à la performance sportive. Cette étude a souhaité retranscrire par son architecture à la fois précise et délicate, le tempérament de cette femme d’avant-garde qui, il y a bientôt un siècle, marquait notre histoire.