Ce que voit un architecte n’est pas ce que voit le commun des mortels, surtout les mortelles pour ce qui concerne l’architecte Dubois. Lequel, selon Ethel Hazel, sa thérapeute, n’aurait de cesse de leur faire la peau. La police s’inquiète de ce James Bond de l’égoïsme meurtrier.
Psychanalyse de l’architecte : les personnages à l’œuvre
Relire le prologue de la saison 7 (et le résumé des saisons précédentes)
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« Nos yeux sont faits pour voir des formes en lumière : la lumière et l’ombre révèlent ces formes ».
Le Corbusier
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Lundi, 5h00 (heure locale) – São Paulo, Brésil
Dans les pages locales du Folha de São Paulo (Feuille de São Paulo), une brève intitulée : Do Rififi ao hotel 5* (Du Rififi à l’hôtel 5* ).
O Hotel Arpoador, foi palco ontem domingo de um evento inusitado para os hóspedes deste luxuoso hotel localizado na Avenida Paulista, 508. Com efeito, o corpo de Augustinha Dos Santos, 33 anos, solteira, jovem loira de olhos azuis, empregada no departamento de lingerie, foi encontrado ontem pelas 7h50 da manhã na lavandaria, suscitando muita emoção e um pesado destacamento de policiais. Se as causas da morte ainda não são conhecidas, a polícia parece favorecer o homicídio, uma vez que o estabelecimento ficou isolado até às 16 horas enquanto cada um dos funcionários e clientes eram interrogados. Aparentemente, isso não deu em nada porque a polícia, até o momento desta publicação, ainda não havia prestado nenhum esclarecimento. O Arpoador Hotel foi reformado recentemente pela arquiteta florianense Glória da Silva e só reabriu na primavera passada. Não há dúvida de que se trata de uma publicidade sem a qual o arquitecto e o director do hotel teriam passado bem. Você tem informações sobre este artigo? Ligue para (11) 3224 9030. Discrição garantida. Recompensa por qualquer informação útil.
L’Hotel Arpoador, a été le théâtre hier dimanche d’une animation peu ordinaire pour les clients de cet hôtel de luxe situé 508 Avenida Paulista. En effet, le corps de Augustinha Dos Santos, 33 ans, célibataire, jeune femme blonde aux yeux bleus, employée à la lingerie, a été retrouvé à 7h50 hier matin dans la buanderie, suscitant beaucoup d’émotions et un fort déploiement de policiers. Si les causes de la mort ne sont pas encore connues, la police semble privilégier le meurtre puisque l’établissement a été bouclé jusqu’à 16h tandis que chacun des employés et des clients était interrogé. Apparemment cela n’a rien donné car la police, à l’heure où nous mettons sous presse, n’a encore offert aucun éclaircissement. L’hôtel Arpoador a été récemment rénové par l’architecte de Florianapolis Gloria da Silva et n’a rouvert ses portes que depuis le printemps dernier. Nul doute que c’est une publicité dont l’architecte et le directeur de l’hôtel se seraient bien passés. Vous disposez d’informations au sujet de cette affaire ? Appelez au (11) 3224 9030. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
(À suivre)
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Mardi 18h07, dans le bureau d’Ethel Hazel
Après une longue journée à simuler l’empathie avec ses clients tous plus tarés ou tristes les uns que les autres – tous parfaitement normaux en somme – la psychanalyste est heureuse de trouver enfin un peu de temps à consacrer à son article scientifique qui, pourquoi pas, serait susceptible d’intéresser des cinéastes ou des auteurs de scénario, tant pour le coup, l’architecte Dubois, le plus plaisant pourtant de tous ses patients, est sans doute le moins normal du lot. Mais bon, pour être architecte au sens où l’entend Dubois, il faut être déjà un peu frappé… Je ne peux pas mettre tout ça dans mon article, se dit-elle, n’en pensant pas moins.
Bref, ou en étais-je ? Ah oui : Comment Dubois l’architecte tue ses « Belles » et pourquoi les tue-t-il ainsi ?
SYNDROME DE LA BELLE AU BOIS DORMANT DE L’ARCHITECTE DUBOIS
Le poids des mots, le choc du regard
Dans l’histoire, après mes recherches, je ne crois pas me souvenir d’un tueur en série qui étouffe ses victimes. Pour les autres, c’est en général violent. Mais pourquoi Dubois l’architecte étouffe-t-il ses proies ? Même si c’est évidemment plus facile de le déterminer rétrospectivement, d’autant plus que j’ai eu l’occasion de vérifier par deux fois son modus operandi en m’offrant à lui, il demeure qu’une série d’indices m’avait mise sur la piste. Une fois de plus, c’est quand il parle de son métier d’architecte que Dubois exprime le mieux les affres qui le tracassent et sont sources de son syndrome. Il a ainsi parlé à plusieurs reprises de la peau de ses bâtiments, des mots qui aujourd’hui prennent tout leur relief.
Citation : « Prenez un bâtiment, il peut avoir une très belle façade mais on ne sait jamais comment ça marche vraiment à l’intérieur. Pour paraphraser Gainsbourg, il est beau, vu de l’extérieur mais qui sait ce qui se passe à l’intérieur ? Ainsi, parfois, pour transformer un édifice, il suffit donc de lui donner une nouvelle peau, voire une double peau, voire aujourd’hui une peau respirante. Ce sont des choix, si vous souhaitez un ouvrage qui en jette, il faut mettre l’argent dans la façade, faire très attention à la peau en d’autres mots. C’est un choix, et pas toujours un choix de l’architecte, de faire du façadisme, de mettre une nouvelle peau comme une greffe pour un grand brûlé. Parfois la greffe prend, dedans et dehors, et le bâtiment se retrouve avec une nouvelle vie et survivra longtemps, voire très longtemps, à ses contemporains. Parfois la greffe ne prend pas ; cela se voit tout de suite quand le chirurgien esthétique est un charlot. En architecture pareil, il suffit parfois d’un coup d’œil à la façade pour deviner que sans entretien et moult crèmes, cette peau-là va mal vieillir. La peau est un organe fragile chez les humains comme en architecture mais aussi indispensable pour l’une que pour les autres. Comme pour un bâtiment, vous pouvez changer plusieurs fois de peau. Vous pensez que c’est difficile mais non. Dark Vador, si vous enlevez sa peau de méchant derrière laquelle il se cache, il n’impressionne plus personne. La peau est essentielle à l’apparence et doit être préservée ».
Je comprends qu’il peut être difficile pour les lecteurs de voir ainsi comparée la peau de ces bâtiments avec la peau des jeunes femmes qu’il assassine mais cette approche est essentielle à la compréhension du fonctionnement de Dubois qui a développé au fil du temps – car ce ne fut pas toujours le cas, aujourd’hui encore – un mode opératoire où il s’attache à ne pas abîmer la peau de ses victimes. Une obsession qui n’est pas exactement nouvelle puisque Dragon rouge, le héros du roman de Richard Harris engraissait déjà des jeunes femmes captives pour en récupérer la peau afin de s’en faire une robe.
Préserver la peau de ses victimes, certes, mais pour quelle raison ? Pour Dubois l’architecte, sûrement pas pour s’en faire une robe en tout cas. Cette obsession, car il s’agit bien d’une obsession, l’accompagne de longue date puisqu’il l’évoque en parlant de ses études d’architecture. À noter que c’est justement durant ses études que les premières disparitions ont eu lieu, du moins pour celles que nous – c’est-à-dire Dr. Nut déjà cité et moi-même – sommes parvenus à identifier des décennies plus tard.
Citation : « Pendant mes études, comme j’aimais bien dessiner – je dessine moins aujourd’hui, j’ai d’autres hobbies, mais à l‘époque j’aimais ça – je m’étais inscrit à un cours de nu, Léonard de Vinci et tout ça. Certes, ce n’est pas le nu homme qui excitait ma curiosité. Bref, les cours ont démarré et j’étais fasciné par le modèle, une grande femme, blonde cendrée, aux yeux gris, mince avec de longues jambes. Tellement bien faite en quelque sorte qu’elle était facile à dessiner. Au fil du temps, je pris le goût de la croquer non plus quand elle était immobile et posait mais quand elle faisait une pause, allait fumer sa cigarette, discutait avec nous, nue le plus souvent, parfois en hiver sous un imper qu’elle portait et enlevait avec élégance. Je compris alors qu’une femme vivante et nue était cent fois plus belle que n’importe quelle statue, même sculptée par les plus grands, cette femme symbolisait pour moi la beauté d’une statue, mais vivante, émettant de la chaleur ».
Question : Donc vous aimez regarder des femmes nues, comme celle que vous dessiniez à vos cours d’anatomie quand vous étiez étudiant ?
Citation : « Ce n’est pas une question d’aimer ou de ne pas aimer quand ne demeure dans mes cartons que son évocation stylisée. C’est déjà beaucoup c’est vrai et peut-être suis-je au fond nostalgique d’une utopie toute personnelle, ce qui expliquerait pourquoi j’ai l’impression parfois de vivre dans un conte de fées ».
Le voyeur est quelqu’un qui a fait le choix libidinal électif d’un objet / regard et si l’objet est la condition du désir, pour le voyeur le regard en est la condition absolue, expliquait dans son cours Jean-Luc Cacciali de l’Association lacanienne internationale. « Dans sa rencontre avec la division de la subjectivité, le pervers va refuser la fonction de cet objet comme manquant, comme objet perdu », dit-il.
Je ne suis pas certaine cependant que l’architecte Dubois soit un pervers au sens propre et s’émerveiller devant un corps de femme n’est certes pas en soi une perversion mais il y a bien en son cas une volonté de conserver « l’objet manquant » qui par définition dans le cas de Dubois ne manque plus, puisqu’il les garde, et satisfait donc parfaitement à son bonheur et à ses émotions esthétiques.
Est-ce que je dois expliquer ici ce que le regard de Dubois a accompli sur moi ? Par deux fois, il m’a longtemps regardé nue, admiré intensément même plutôt qu’examiné, avec chaleur et générosité dans le regard. Il n’y avait rien de lubrique dans son attention soutenue, plutôt un goût patient pour ce qu’il considère la beauté. Une statue vivante ! Je restai donc ainsi plusieurs minutes, tournant lentement sur moi-même. Moi qui avais bien du mal à me supporter, mon corps plus une source d’inconfort qu’un tableau de maître, Dubois m’a redonné confiance, comme s’il avait une espèce de pouvoir de guérison. Je me demande si toutes ses victimes ont ressenti la même chose car je suis sûre qu’il les a longuement regardées et, quelle horreur, sans doute les regarde-t-il encore et encore et encore.
(À suivre)
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Mercredi, 02h35, dans le bureau de Dr. Nut
Après une autre semaine à faire chou blanc au sujet du mausolée de Dubois, Dr. Nut a passé la soirée au bureau à boucler des dossiers, le dernier en date une blonde aux yeux bleus disparue à Montmartre, une touriste américaine retrouvée affolée, mais vivante, dans une cave de Pigalle. Si Paris n’est pas une fête, se dit tristement l’inspecteur… Bref, il a travaillé tard, aligné les bières et finalement désœuvré et n’ayant nulle part où aller ni personne pour l’attendre à cette heure-là, il ressort son vieux dossier Dubois et l’ouvre à une page au hasard.
À relire ses notes, il se demande encore si Dubois l’architecte n’est pas une sorte de parasite nécessaire à l’équilibre de l’univers, comme le moustique ou le gui, un parasite empoisonnant, sinon empoisonné. Combien sont-ils comme lui ? L’inspecteur se souvient que c’est le pur hasard qui l’a mis sur la piste de Dubois ; sans son accident, sans doute n’aurait-il jamais entendu parler de lui et ne saurait rien de son existence et de ses crimes. Le vol ou le meurtre le plus abouti est celui dont nul ne sait qu’il a eu lieu. Mais à la fin c’est l’ego des auteurs qui les perd, pense l’inspecteur.
Pas ici, pas vraiment. L’architecte ne laisse aucune trace qui pourrait mener à lui, pas de corps, et ne se vante pas dans la presse de ses exploits en défiant la police. Un tueur en série discret, pépère en somme. Jamais personne n’a résisté aussi longtemps à Dr. Nut et à ses collègues, à part Dupont de Ligonnesse peut-être. Pourquoi leur est-il si compliqué d’appréhender celui-là ? Le policier a longtemps tourné cette question dans sa tête avant de parvenir à une théorie. Il a compris que l’architecte, du fait de son métier, est le seul parmi les criminels que le policier a croisés à embrasser la complexité des projets, et à embrasser cette complexité à 5 ans, 10 ans, 50 ans, 100 ans. Lui seul, parce qu’il est architecte, a cette capacité d’anticipation et c’est ce qui rend Dubois si intrigant, il est l’un des très rares tueurs en série à avoir planifié, patiemment, sa vie de ‘serial killer’, un Dexter des beaux quartiers, un Arsène Lupin de l’assassinat élégant, un Raspoutine visionnaire, un James Bond de l’égoïsme meurtrier.
Dr. Nut en est là de ses réflexions quand le téléphone de son bureau sonne. Déjà inquiet, Dr. Nut presse le bouton du haut-parleur puis enfonce le bouton rouge qui clignote qui indique le standard.
– Dr. Nut ?
– Oui, puisque vous m’appelez…
– Excusez-moi de vous déranger mais je vous savais au bureau et il y a là au téléphone un journaliste brésilien – du moins c’est ce qu’il dit – et il veut parler à quelqu’un du service à propos d’une Française retrouvée noyée. Comme je vous savais au bureau je me suis dit… (la voix du standardiste se perd dans un abîme d’autocontrition).
– Dites-lui que les bureaux sont fermés, qu’il rappelle demain. (d’un coup d’œil, il sait que c’est encore le soir au Brésil… Aïda…)
– C’est ce que je lui ai dit mais il m’a dit que cela concernait un architecte nommé Dubois et, c’est pas pour vous faire ombrage, mais on espère tous au service que vous coinciez ce salopard, avec tout le respect que je vous dois.
– C’est bon, donne lui le numéro du standard général, laisse-le remonter toute la pente, ça va nous laisser le temps de réfléchir.
Clic.
L’inspecteur regarde sa montre. Presque 3:30. Il prend son portable, laisse sonner et sonner, enfin ça décroche.
– Allo Chef, nous avons un problème.
(À suivre)
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Jeudi, 20h08 (heure de Paris), dans le bureau de Dr. Nut, des nouvelles d’Aïda
– Allo Patron, je vous dérange ?
– Bonsoir Aïda, non pas du tout, je suis toujours au bureau.
– C’est bien ce que je pensais, je vous préviens vous êtes sur le haut-parleur de la voiture, je ne suis pas seule, Thiago est avec moi.
– OK. Buenos Dias, se risque Dr. Nut.
– On dit « Bom Dia » au Brésil »..
S’il ne les voit pas, le policier sent dans le ton d’Aïda une nouvelle complicité avec Thiago. Pourvu qu’il la protège se dit-il mais ne veut rien montrer de ses émotions.
– Je vous écoute.
– Je commence par des nouvelles d’Augustinha Dos Santos, 33 ans, mère célibataire, deux enfants en bas âge. C’est elle qui a été retrouvée à l’Hôtel Arpoador. À la morgue, le lendemain, sous le drap, nous avons avec Thiago découvert un corps svelte, recouvert de taches de rousseur, une longue chevelure blonde vénitien s’étendant en cascade sur les épaules. Le cadavre présentait des signes de cyanose, peau bleutée notamment sur les lèvres et les orteils. Un bleu était présent sur le crâne causé certainement par une chute : une perte de connaissance au vu de la position lâche et allongé dans laquelle ils l’ont retrouvé. L’autopsie a mis également en évidence un œdème pulmonaire. Elle a eu un rapport sexuel quelques heures avant son décès. Enfin des tests toxicologiques ont révélé la présence dans le sang d’un grand taux d’alcool et de GHB. L’hypothèse semble assez claire ; elle aurait été droguée, violée, puis laissée inconsciente dans le cagibi et serait décédée d’une overdose de GHB et d’alcool. Elle n’avait aucun antécédent. Elle pourrait de plus avoir été violée après son décès comme me l’a indiqué le médecin légiste.
Aïda reprend sa respiration, jette un coup d’œil à Thiago, le visage tendu à regarder la route. Ils furent tous deux touchés par l’atrocité de l’affaire. C’est Dr. Nut qui reprend.
– Ok, Aïda, je comprends. Vous m’enverrez une fiche récapitulative du cas Augustinha, n’est-ce pas, pour compléter mes notes ?
– Oui, bien sûr. Je vous envoie tout ça par email dès que je peux. Maintenant nous n’avons aucun élément pour une potentielle mise en cause de Dubois et nous sommes de nouveau assez loin de son modus operandi habituel. Le poison ! Voilà qui ressemble d’avantage au meurtre glauque d’un samedi soir au sein d’un hôtel de luxe. L’alibi de Dubois – il était dans le taxi pour Pinciguaba – est cependant fragile et si rien ne semble le relier à Augustinha Dos Santos, pour autant, il était dans le secteur, comme par hasard.
– Comme d’habitude…
– Exactement, s’exclame Aïda. D’ailleurs, à ma connaissance, la police n’a aucun suspect.
– Thiago et toi avez parlé de Dubois à quiconque ?
– Non, pas publiquement mais je sais qu’il a son chef à lui qu’il tient informé. D’ailleurs il m’entend et hausse les épaules. Puis nous avons pris la direction de Pinciguaba pour essayer de retrouver Dubois. Je suis partie du postulat que Gloria emmènerait Dubois visiter ses projets architecturaux, j’avais pris le temps de regarder de fond en comble le site internet de l’agence d’architecture de Gloria, afin d’y trouver un projet à elle dans le village ; là où potentiellement ils pourraient résider. Sauf que malheureusement il n’y en avait aucun, elle n’a rien construit ici ! Sur place, on a fait aussi discrètement que possible le tour des trois hôtels d’un certain standing pour essayer de mettre la main sur « un couple mixte franco brésilien, des amis architectes » mais sans succès. Nous sommes restés coincés deux jours dans ce petit village (mais magnifique pense-t-elle), deux jours à essayer de les apercevoir, sur la plage, au restaurant. C’est d’ailleurs en jouant les touristes qu’un restaurateur, qui tient une petite bicoque sur le port de pêche, nous a raconté qu’un « autre français » avait aussi déjeuné chez lui la veille. Il trouvait vraiment étonnant que deux jours d’affilée un couple franco brésilien vienne manger chez lui. Alors Thiago a engagé la conversation avec le sourire engageant dont il a le secret. Visiblement, Gloria semble assez bavarde puisqu’elle a expliqué au patron qu’ils logeaient à quelques kilomètres de là, sur la côte, dans une maison d’amis accessible uniquement en bateau. Surtout elle lui a indiqué qu’ils avaient pour projet de poursuivre leur voyage à Paraty.
– Vous avez réussi à les loger avant leur départ ?
– Oui, nous avons fini par trouver la maison. Mais nous avions avec Thiago décidé de rester discret, de les surveiller de loin, de toute façon les allées et venues de Gloria et Dubois étaient difficiles à suivre H/24. C’est ce matin que ça a bougé, la police locale nous a appelé.
– Comment ça ?
– L’info est revenue à Thiago qu’un corps de femme a été retrouvé à 40 km d’ici, une blonde aux yeux bleus.
– Tant mieux, il est bien organisé le collègue ; et Dubois ?
– Ils ont dû partir hier soir ou dans la nuit ou au petit matin, quand nous sommes repassés tout à l’heure la maison était fermée. Le temps de rendre le bateau au loueur et de plier bagages et il est déjà le milieu de l’après-midi ici.
– Une femme décédée et un départ le même jour, serait-il devenu pressé et vorace le Dubois ?
– Je ne sais pas. Toujours est-il que la Piscinas naturais do cachadaço, une piscine naturelle, là où a été retrouvé le corps, est sur la route de Paraty, et donc sur la route de Dubois… On devrait arriver sur les lieux du crime d’ici une quinzaine de minutes.
– Bien, dit Dr. Nut qui tient à cacher son inquiétude. Faites attention à vous. Thiago vous m’entendez, soyez prudents, Dubois n’est pas votre architecte habituel.
– J’ai compris, comptez sur moi Docteur, répond le policier brésilien.
– Ok, salut patron, je vous tiens au courant, conclut Aïda.
Clic.
(À suivre)
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Vendredi, 5h00 (heure locale) – Turin, Italie
Dans les pages locales de La Stampa, principal journal de Turin, à la rubrique Faits divers, une brève titrée : La strana scomparsa di Gina Rossi (L’étrange disparition de Gina Rossi)
Abbiamo già accennato alla morte quasi soprannaturale di Gina Rossi, nata a Torino il 10 agosto 1991. Sembra infatti accertato che sia scomparsa nel dicembre 2018 e che allora vivesse a Parigi poiché possiamo rivelare il suo ultimo indirizzo conosciuto: 224 rue Saint-Jacques, Parigi (Ve). Ancora più misterioso, il corpo, apparentemente mirabilmente conservato, di questa bella donna bionda dagli occhi azzurri, artefice del suo stato, è stato ritrovato sull’altare della chiesa di San Tommaso, in via Monte di Pietà, a Torino nell’agosto 2022. Contattato, il i servizi di polizia si rifiutano di commentare “voci infondate”. « No, Gina non è un’aliena », ha insistito una fonte vicina alla vicenda in risposta ad un titolo apparso sulla stampa scandalistica. Tuttavia, abbiamo anche potuto stabilire che, prima della sua scomparsa, l’ultimo lavoro conosciuto di Gina Rossi era presso l’agenzia Dupont&Dubois, con sede a Parigi (11), 6 Cité de l’ameublement, dove esercitava la funzione di project manager. Allora cosa ha fatto Gina tra il 2018 e il 2022? Era ancora viva? Se avete informazioni su questa strana vicenda chiamate il giornale allo 0116568304. Discrezione assicurata. Premio per qualsiasi informazione utile.
Nous avons déjà évoqué la mort quasi surnaturelle de Gina Rossi, née à Turin le 10 août 1991. En effet, il semble établi qu’elle ait disparu en décembre 2018 et qu’elle vivait alors à Paris puisque nous pouvons révéler sa dernière adresse connue : 224 rue Saint-Jacques, Paris (Ve). Plus mystérieux encore, le corps, apparemment admirablement préservé de cette jolie femme blonde aux yeux bleus, architecte de son état, a été retrouvé sur l’autel de l’église San Tommaso, Via Monte di Pietà, à Turin en août 2022. Contactés, les services de police se refusent à tout commentaire sur des « rumeurs infondées ». « Non, Gina n’est pas une extraterrestre », a tenu à souligner une source proche de cette affaire en réponse à un titre de la presse à scandales. Pour autant, nous avons pu établir également qu’avant sa disparition, le dernier emploi connu de Gina Rossi était au sein de l’agence Dupont&Dubois, sise à Paris (XIe), 6 Cité de l’ameublement, où elle exerçait la fonction de cheffe de projet. Qu’a donc fait Gina entre 2018 et 2022 ? Etait-elle encore vivante ? Si vous disposez d’informations au sujet de cette étrange affaire, appelez le journal au 0116568304. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
(À suivre)
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Dr. Nut (avec les notes d’Ethel Hazel)
Aïda Ash (avec les notes de Dr. Nut)
* En librairie L’architecte en garde à vue
* En librairie, Le fantôme de Gina
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