Le corps nu de la femme blonde aux yeux bleus retrouvé sur la plage de Barra da Lagoa, à Florianópolis, a été identifié. L’architecte Dubois, tueur en série, n’était pas loin. Ethel Hazel, sa thérapeute, pense à Hollywood. La police, à Paris et au Brésil, n’en peut mais… Psychanalyse de l’architecte.
Psychanalyse de l’architecte : les personnages à l’œuvre
Relire le prologue de la saison 7 (et le résumé des saisons précédentes)
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« Les chrétiens ne sont guère logiques avec eux-mêmes. Ils prônent les familles nombreuses et adorent le fils unique ».
André Prévot
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Mardi, 5h00 (heure locale) – Florianopolis, Brésil
Dans les pages locales du Diário Catarinense (« Quotidien de Santa Catarina » en français), le quotidien de l’État de Santa Catarina, une brève intitulée : Corpo da náiade da praia da Barra da Lagoa identificado (Le corps de la naïade de la plage Barra da Lagoa identifié)
O corpo nu da loira de olhos azuis encontrado na praia da Barra da Lagoa foi identificado. Trata-se de Léonie Meunier, 45 anos, uma francesa que viajava sozinha pela região e reservou três noites no Residencial Morada do Sol. O legista confirmou morte por afogamento. O corpo não apresentava sinais de violência e o sangue da vítima não continha álcool ou entorpecentes. As causas deste afogamento permanecem obscuras; as últimas testemunhas que a viram viva foram hóspedes do hotel que a viram afastar-se em direção à Marina. Ela usava um vestido floral, um chapéu e uma pequena bolsa. Ninguém a viu novamente até que seu corpo foi descoberto dois dias depois. Procurado, o Consulado Geral da França em São Paulo não comentou. Caso tenha mais informações, ligue para 48 4832-800. Discrição garantida. Recompensa por qualquer informação útil.
Le corps nu de la femme blonde aux yeux bleus retrouvé sur la plage de Barra da Lagoa a été identifié. Il s’agit de Léonie Meunier, 45 ans, une Française qui voyageait seule dans la région et avait réservé trois nuits au Residencial Morada do Sol. Dr. Holmes, médecin légiste, a confirmé la mort par noyade. Le corps ne portait pas de trace de violence et le sang de la victime ne contenait ni alcool ni stupéfiant. Les causes de cette noyade demeurent obscures cependant ; les derniers témoins à avoir vu Léonie vivante sont des clients de l’hôtel qui l’ont aperçue en train de s’éloigner en direction de la Marina. Elle portait une robe à fleurs, un chapeau et un petit sac. Personne ne l’a plus aperçue avant la découverte de son cadavre trois jours plus tard. Contacté, le Consulat Général de France à São Paulo n’a pas fait de commentaires. Si vous avez plus d’informations, appelez au 48 4832-800. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
(À suivre)
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Mardi 7h45, dans le bureau d’Ethel Hazel, psychanalyste rue Labrouste à Paris
Ethel Hazel a désormais pris l’habitude d’écrire le matin, des palmiers et Hollywood Boulevard plein la tête.
SYNDROME DE LA BELLE AU BOIS DORMANT DE L’ARCHITECTE DUBOIS
Une description par Ethel Hazel
Introduction
Pourquoi cet article ?
« Je n’ai pas abordé cette psychanalyse avec Dubois l’architecte sous l’angle du psychopathe tueur en série puisque je n’avais aucune idée que c’était le cas. Ce n’est qu’au fil de plusieurs saisons d’analyse que je suis peu à peu parvenue à déceler la véritable nature de mon patient et à décrypter ses phrases sibyllines. Voilà pour le coup quelqu’un qui avait au fond véritablement besoin d’aide, du moins est-ce ainsi que j’ai fini par le comprendre. Quand j’ai découvert sa vraie nature, il n’était plus question de morale mais de savoir s’il m’était permis de penser que la psychanalyse d’un tel client pouvait réussir et si une thérapie pouvait le transformer, au point qu’il ne tue plus par exemple, ce qui serait déjà pas mal, voire qu’il se rende aux autorités, passage obligé pour démarrer une nouvelle vie ».
Je vis quand même une aventure incroyable, qui m’a fait réfléchir quant à mon propre engagement moral, se dit-elle en marquant une pause. Après tout, il me suffirait d’un coup de fil à Dr. Nut ou que je refuse simplement de revoir Dubois et toute l’histoire s’arrêterait là pour moi et je pourrai reprendre ma vie normale. Mais qu’est-ce qu’une vie normale ? Qu’est-ce que ma vie normale à Moi moi moi ? Pourquoi Dubois l’architecte me fascine-t-il à ce point ? Pourquoi la faille qu’il semble avoir décelée en moi se transforme-t-elle en un abysse dans laquelle je crains – encore que de moins en moins – de sombrer mais qui m’attire irrésistiblement ? Pourquoi est-ce que j’espère son retour ? Bon, pour l’instant, cela n’a rien à faire dans mon article. Garde cela pour Hollywood, le Film puis la Série, ou l’inverse. Quelque part, je m’en veux de ma vénalité mais pourquoi m’interdirais-je le succès puisque l’histoire, c’est moi qui l’ai découverte ? C’est quand même moi qui ai couché, deux fois, avec Dubois l’architecte, tueur en série !
Qui est Dubois ?
Dubois l’architecte est un homme d’une cinquantaine d’années, redevenu élégant depuis son divorce. C’est un homme intelligent, souvent jovial qui ne cache pas son plaisir à poursuivre la thérapie ; de mémoire, il n’a raté qu’une seule séance. Il est cependant discret quant à ses visites régulières dans mon cabinet et j’ai le sentiment d’un secret bien gardé de sa part, parmi tous les autres secrets qu’il cache précieusement. Ces visites s’interrompent régulièrement pour une période de plusieurs mois, généralement, période pendant laquelle il « va à la pêche » ce que j’ai appris à identifier comme signifiant qu’il part à la recherche de proies.
Citation (fréquente, relevée trois fois, comme s’il faisait ici preuve de vanité) : « l’aventure de l’agence est beaucoup plus excitante sinon fructueuse que les aventures que je vis avec les femmes de rencontre qui se révèlent généralement sans lendemain ».
Pour autant il demeure passionné pour son métier et s’y consacre pleinement, d’ailleurs il nomme lui-même sa compulsion à tuer « un hobby ». Mais est-ce le cas ? Dans ces circonstances, il est permis d’imaginer que c’est au contraire son métier d’architecte qui serait l’écran de fumée de sa véritable passion mortifère.
Toujours est-il que la question s’est posée pour moi de traiter Dubois l’architecte non plus comme un « patient », comme je l’avais fait au début de la thérapie, mais comme un « malade », comme le font mes collègues experts es affaires criminelles généralement horribles. Tout ça pour m’apercevoir que ni l’une ni l’autre des méthodes ne s’avérait efficace.
Est-ce de la perversion ? En tout cas, Dubois répond à la définition du pervers, qui désigne une inclination à des conduites considérées comme « déviantes » par rapport aux règles et croyances morales d’une société, et tuer les femmes en les étouffant de plaisir avant de les transformer en princesses éternelles est pour le moins, au moins dans notre société, une conduite déviante. Mais Dubois, au travers de la relation à son métier, explique s’affranchir des codes usuels, affirmant ainsi, notamment, adorer le Soleil et la Lune.
Citation : « il n’y a aucun intermédiaire entre moi et le soleil, dont j’ai l’assurance qu’il sera là demain ; le soleil n’a qu’une seule promesse mais elle n’est pas vaine. Et cette croyance est à la source de mon travail comme elle devrait l’être à celui de tout architecte. La vie débute avec le soleil et la lumière et quitte à élever des temples, autant construire des ouvrages en hommage à un concept qui ne se révèle ni juge ni policier car personne ne peut parler au nom du soleil ou de la lune tandis que parler au nom d’un dieu quelconque, c’est à la portée du premier imbécile venu, la preuve, regardez l’état du monde… »
Dubois, s’il est déviant, l’est donc en toute connaissance de cause et s’appuie pour cela sur un argumentaire construit. C’est ainsi que parle Dubois ; en parlant de son travail, il ne fait finalement que parler de lui-même et c’est en l’écoutant discourir d’architecture que doit être compris son système mental.
À noter que Dubois l’architecte est fils unique, une situation qu’il a évoquée à de nombreuses reprises :
– Citation : « [Je suis fils unique] comme Norman Bates, Dark Vador et Hannibal Lecter sont fils unique ».
– Citation : « L’impact sur ma vie, comme sur la vie de tout fils unique – pour les filles, je ne sais pas – est facilement notable et rien de nouveau sous le soleil de la psychanalyse j’imagine mais je me suis souvent posé la question de son impact sur mon travail d’architecte. C’est vrai quoi, et je ne crois pas qu’un quelconque sociologue se soit encore posé la question – ça ferait un bon sujet pour un article savant – ce serait intéressant de comparer l’architecture de celui qui a grandi tout seul avec ses Légos ou ses livres, le père absent, avec l’architecture d’un architecte du Sud-Ouest par exemple ayant grandi au sein d’une grande fratrie de rugbymen et d’une smala de gens qui se tapent sur le ventre ! »
– Citation : « C’est Jung je crois qui explique que « derrière le masque de respectabilité et d’attachement, la puissance négligée de l’amour empoisonne les enfants ».
Dubois s’identifie donc avec Norman Bates, Dark Vador et Hannibal Lecter – d’illustres tueurs chacun dans son genre, ai-je appris, qu’il semble admirer – mais il peut quasiment dans la même phrase citer Jung, le tout en parlant d’architecture…
En tout état de cause, charmant, cultivé, imaginatif et plein d’humour, Dubois ne ressemble en rien à l’image habituelle du tueur en série effrayant. Au point qu’il m’arrive encore de douter de la réalité de ce qu’il raconte. Serait-il un formidable affabulateur ? Je suis cependant conforté dans mon analyse par le fait que la police le poursuit activement depuis des années et par le fait que j’ai fait l’expérience, avec autant de détachement que me l’imposent l’éthique et la science, d’avoir avec lui des relations intimes, lesquelles, professionnelles évidemment, m’ont permis de percer le secret de son syndrome de la Belle au bois dormant ».
(À suivre)
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Jeudi 18 h 17, à la terrasse du Petit balcon
Le policier profite ces derniers jours de l’absence de Dubois pour, quand il a un moment, traîner près de son agence rue du Liban et tenter de percevoir s’il se passe quelque chose d’inhabituel. À force, il a pris ses habitudes à la terrasse du Petit balcon – un troquet près de l’appartement de Dubois qui loge au-dessus de ses bureaux – et personne ne fait plus attention à lui. Sur le coup de 18h, 18h30, il voit les collaborateurs de Dubois s’en aller, ils ont d’ailleurs tendance à partir plus tôt le soir quand Dubois est absent. Aujourd’hui, désœuvré, il est de nouveau à la terrasse du Petit balcon quand il voit toute l’agence s’installer joyeusement non loin de lui. Tous apparaissent d’excellente humeur et semblent célébrer quelque chose. Il n’entend pas bien ce qu’ils disent dans le brouhaha mais il entend parfois le nom de Dubois et tout le monde a l’air vraiment content, aucune animosité vis-à-vis du boss. Il y a là parmi eux Muriel Le Cleac’h, une jolie femme blonde aux yeux bleus, une jeune cinquantenaire (comme Gloria, se dit-il). L’inspecteur sait qu’elle n’est pas architecte, qu’elle s’occupe de l’administratif, pour autant son équipe garde un œil sur elle régulièrement – d’ailleurs Dubois au Brésil, il a pu relâcher la surveillance et faire souffler les gars – mais bon la Muriel est toujours là, apparemment heureuse. Si elle n’est pas architecte, peut-être ne craint-elle rien se demande le policier en commandant une nouvelle pinte ? Soudain, sort de l’agence pour les rejoindre, une nouvelle tête, qu’il n’a jamais vue, une jeune femme blonde, aux yeux verts.
– Hello Mia, s’écrie le groupe de collaborateurs. C’est bon, tu as fini ?
– Oui, oui, merci (avec un grand sourire et un fort accent d’un pays de l’Est, une Ukrainienne peut-être ?)
– Tu as fermé l’agence ?
– Oui, oui.
– Qu’est-ce que tu veux boire ?
– Bah, comme vous, une pinte.
Et tout le monde – ils sont maintenant six – de se pousser pour faire place à la jeune femme dont il comprend qu’il s’agit de ses tout premiers jours. Il est au courant de l’embauche Dubois ?
Dr. Nut est abasourdi. Il ne l’a pas vue arriver celle-là, il ne sait même pas comment elle est arrivée là ni comment elle s’appelle ni d’où elle vient. Il va lui falloir remettre quelqu’un sur le coup. Misère… « Il s’emballe Dubois dans son vieil âge ? », grince-t-il. Le groupe des archis traîne encore le temps d’une autre tournée puis tout le monde s’égaille à pied ou à vélo vers le boulevard de Belleville. Désemparé, le policier paye rapidement sa note et file à grands pas vers sa voiture, garée rue de Ménilmontant, inquiet mais ne sachant pas ce qu’il doit faire. Il passe devant l’agence de Dubois, toutes lumières éteintes, et il lui faut quelques secondes pour percevoir quelque chose d’inhabituel. Il revient sur ses pas et, en effet, la nouvelle collaboratrice, partie la dernière, a oublié de descendre la grille de fer qui protège la vitrine. C’est pour lui une opportunité extraordinaire car ce n’est pas la serrure de la porte qui lui résistera. Il jette un œil et s’aperçoit qu’il n’y a pas de système de sécurité, c’est la grille épaisse le système de sécurité. Mais il y a encore trop de monde dans la rue, il remonte donc vers Ménilmontant, trouve un rade où attendre la nuit noire, commande une pinte de blonde et se replonge dans le journal.
(À suivre)
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Vendredi 14h05 (heure de Florianópolis), en plein air
Aïda est installée sur le balcon de la chambre de l’auberge de Florianópolis dans laquelle elle loge. Située le long du canal qui sépare en deux Barra da Lagoa, c’est une grande maison constituée d’un amoncellement de volumes et de terrasses qui semblent s’être ajoutés au fil des années. Depuis le dernier étage, Aïda surplombe légèrement les toits des maisons alentour et distingue à moins d’une centaine de mètres le bleu de la mer qui se mélange à celui du ciel. La chaleur et l’humidité sont écrasantes. Elle lance son appel visio.
– Dr. Nut ?
– Hello Aïda. Tout va bien ?
– Oui, tout va bien, je suis accompagnée depuis mon arrivée par un cerbère nommé Thiago José Luiz da Silva, du service de police Fédérale, un gars d’une quarantaine d’années, bavard en plein de langues, en esperanto surtout ! Sur le chemin de Barra da Lagoa, il m’a transmis une copie de son dossier sur Léonie Meunier. Quelques photos du corps retrouvé sur la plage, sinon rien de plus que nous ne sachions déjà.
– Oui ça ne m’étonne pas.
– Avant de passer au commissariat local, nous avons fait un détour par la morgue.
– Bonne idée. C’était une première pour vous ?
– On peut dire ça comme ça. Le Dr. Holmes m’attendait, une grande femme d’un certain âge, fine et élancée, peau blanche, visage carré et cheveux tirés, elle doit être de ces descendants d’Allemands qui ont émigré ici au début du siècle dernier. Elle parle un anglais parfait et je l’ai suivie au sous-sol. Elle m’a expliqué que personne à ce jour ne savait trop quoi faire de ce corps, aucun rapatriement envisagé, ce qui semblait la chagriner. Elle a ouvert les portes d’une petite pièce, froide, noire et silencieuse puis a allumé les néons. Elle a ouvert le casier numéro 5, tiré l’espèce de brancard et révélé une forme humaine sous un drap blanc qu’elle a soulevé pour découvrir le corps nu de Léonie Meunier. [Aïda préfère n’en rien dire mais elle a failli avoir un haut le cœur ; certes elle avait déjà vu un ou deux morts, dans sa famille notamment, mais des morts noyés, non.] Le corps de Léonie Meunier était pale et gonflé, la peau de son visage blanche et molle, celle de ses pieds et de ses mains totalement flétries. Si je peux me permettre, on est bien loin du corps sublimé de Gina*, de la Belle au bois Dormant. Léonie Meunier présente toutes les caractéristiques d’une mort par noyade mais…
– Mais ?
– Mais, les circonstances de sa mort demeurent mystérieuses – Thiago a fait le taff – et il est trop tôt pour tirer une quelconque conclusion et on ne peut pas écarter l’hypothèse que la noyade ait été préméditée par quelqu’un de malveillant, voire par Dubois. Encore que…
– Encore que ?
– En me raccompagnant, comme Thiago avait pris de l’avance pour aller chercher la voiture, Dr. Holmes m’a pris le bras. « Please, don’t trust anyone here, not even the police, this isn’t Europe; this is Brazil. Good luck! », m’a-t-elle dit avant de retourner à ses casiers numérotés. Ce qui en français…
– C’est bon j’ai compris. Le Thiago, il est carré ?
– Jusqu’à maintenant. Il m’a emmenée voir la maison de Gloria. Je n’ai pas été déçue. Il ne s’embête pas le Dubois.
– C’est-à-dire ?
– Quasi sur la plage où a été retrouvée Léonie, dans un quartier résidentiel et rupin. De la rue – enfin, rue… – on n’aperçoit qu’un long mur en béton qui cache un jardin immense, la végétation débordante. À partir d’un sentier parallèle, j’ai découvert une masse en béton suspendue dans le vide avant de comprendre que c’était une piscine immense dont la surface lisse et transparente se fond avec l’horizon marin qui s’étend tout autour à 180°. Gloria l’architecte doit sacrément bien gagner sa vie pour s’être construit une telle maison. Derrière la piscine, perpendiculaire, une pergola métallique longue d’une dizaine de mètres et de grandes baies vitrées sur toute la longueur du bâtiment. Une véritable maison d’architecte en béton et métal avec une vue à couper le souffle. Dubois n’est pas venu camper…
– Non, ce n’est pas le genre.
– Les rideaux des baies vitrées étaient totalement fermés cependant ! Nous avons attendu un peu avec Thiago qu’ils s’ouvrent. Ils ne se sont jamais ouverts ! Thiago a envoyé quelqu’un de son équipe faire le guet, au cas où mais la mauvaise nouvelle est que Gloria et Dubois sont partis.
– Zut, pour le dire poliment. Vous savez où ils sont partis ?
– Oui, à São Paulo !
– À São Paulo ?! Comment le savez-vous ?
– Thiago.
– Dubois a donc un jour et demi d’avance sur nous.
– Oui, je pars à São Paulo tout à l’heure. Thiago vient avec moi.
– Prenez soin de lui.
Clic.
Aïda a encore un peu plus de deux heures avant que Thiago ne vienne la prendre pour aller à l’aéroport et elle décide d’aller nager dans l’océan. Au moment où elle plonge dans le premier rouleau, « allez, ça va aller, Tudo bem Aïda ! », se dit-elle pour se donner du courage.
(À suivre)
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Samedi, 5h00 (heure locale) – Turin, Italie
Dans les pages locales de La Stampa, principal journal de Turin, à la rubrique Faits divers, une brève intitulée : Allora come è morta Gina Rossi? (Comment est donc morte Gina Rossi ?)
Abbiamo accennato in queste colonne alla misteriosa morte di Gina Rossi, nata a Torino il 10 agosto 1991, il cui corpo è stato scoperto nella chiesa di San Tommaso, in via Monte di Pietà, nell’agosto del 2022. Un caso chiuso secondo la polizia, il marito ha condannato – una separazione familiare e professionale che sarebbe andata male, situazione purtroppo abbastanza comune – e già liberata. Sembra però che le prove a carico del marito, Luigi Falconieri, anche lui architetto, fossero così deboli da concordare con tutti – potere giudiziario e politico e famiglie Rossi e Falconieri – di rilasciarlo con discrezione. Niente di nuovo sotto il sole di Torino. Ma perché mai la Francia è interessata a questa faccenda? Secondo le nostre informazioni, la polizia francese, per quanto possa sembrare incredibile, sembra ritenere che Gina Rossi sia morta a Parigi nel 2018. Nel 2018, quattro anni prima della sua miracolosa ricomparsa a San Tomaso! Com’è possibile? Chi ha ucciso Gina Rossi? O ? E quando? La polizia di Torino si rifiuta di commentare e nessun articolo francese risulta riportare la morte, o la vita, di Gina Rossi a Parigi nel 2018. Di cosa e dove è morta Gina Rossi? Se avete informazioni utili chiamate il giornale allo 0116568304. Discrezione assicurata. Premio per qualsiasi informazione utile.
Nous avons évoqué dans ces colonnes le mystérieux décès de Gina Rossi,* née le 10 août 1991 à Turin, dont le corps a été découvert dans l’église San Tommaso, Via Monte di Pietà, en août 2022. Une affaire classée selon la police – une séparation familiale et professionnelle qui aurait mal tourné, une situation somme toute commune hélas – et le mari condamné est déjà libre. Pour autant, il semble que les éléments retenus contre le mari, Luigi Falconieri, architecte également, étaient si ténus qu’il a convenu à tout le monde – les pouvoirs judiciaires et politiques et les familles Rossi et Falconieri– de le libérer discrètement. Rien de nouveau sous le soleil de Turin. Mais pourquoi diable la France s’intéresse-t-elle à cette affaire ? Selon nos informations, la police française, aussi incroyable que cela puisse paraître, semble penser que Gina Rossi serait décédée à Paris en 2018. En 2018, quatre ans avant sa réapparition miraculeuse à San Tomaso ! Comment cela est-il possible ? Qui a donc assassiné Gina Rossi. Où ? Et quand ? La police de Turin se refuse à tout commentaire et aucun article français ne semble faire état de la mort, ou de la vie, de Gina Rossi à Paris en 2018. De quoi et où est morte Gina Rossi ? Si vous disposez d’informations utiles, appelez le journal au 0116568304. Discrétion assurée. Récompense pour toute information utile.
(À suivre)
Dr. Nut (avec les notes d’Ethel Hazel)
Aïda Ash (avec les notes de Dr. Nut)
* En librairie, Le fantôme de Gina
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