En novembre 2017, à Taïwan, la ville de Taichung, maître d’ouvrage, a déclaré Elizabeth de Portzamparc (avec Ricky Liu and Associates) lauréate du concours international pour la conception du Taichung Intelligence Operation Center, une tour de 262 m comprenant un centre culturel numérique (24 000 m²), des commerces (2 000 m²), bureaux (40 000 m²) et restaurants (2 000 m²). Communiqué.
Un quartier vertical vecteur d’interactions humaines
«Le Taichung Intelligence Operation Center (TIOC) a été conçu comme un quartier dans lequel des milliers de personnes vivront. Nous avons développé un projet durable et humain, une architecture urbaine proposant une autre manière de pratiquer et de vivre l’espace de la tour», explique Elizabeth de Portzamparc.
«La tour TIOC est la première tour urbaine de quatrième génération, une tour pensée comme un grand quartier vertical interconnecté, qui intègre l’ensemble des liens urbains et spatiaux que l’on peut trouver au sol, dans la ville, et les poursuit en son sein. On y trouve à chaque étage des petites unités de quartier, unités de base de la vie sociale, indispensable dans les villes ainsi que dans une tour», dit-elle.
La principale qualité de ces tours avant-gardistes de quatrième génération réside dans leur ouverture, leur intégration au contexte et leur relation à la ville. La tour n’est alors plus une interruption de l’urbanité ou une parenthèse dans la ville ; elle en devient la prolongation. Cette quête d’ouverture passe d’abord par le socle des tours et de leurs étages inférieurs, considérés comme des espaces publics car connectés au voisinage et à la ville.
Interface entre la ville et la tour
Le bâtiment s’inscrit parfaitement dans le site environnant, il entretient une relation totale avec le parc et la ville. Le parc se prolonge dans la tour au rez-de-chaussée et investit ainsi le cœur du projet. Des passerelles en rubans relient les premiers niveaux, s’enroulent autour des arbres dans un mouvement ascensionnel et créent ainsi un ensemble organique, mêlant nature et architecture, rompant la traditionnelle barrière entre intérieur et extérieur, entre espaces privés et collectifs.
Le rez-de-chaussée transparent est ouvert au public et constitue une invitation à la découverte des activités proposées dans les étages bas. Les promenades se poursuivent symboliquement vers la façade, de manière à éviter toute rupture visuelle entre le bâtiment et la ville horizontale.
Grâce à la porosité au sol, sous les passerelles, le projet offre à la ville une grande place couverte au pied de la tour, un espace public parfaitement adapté au climat de Taichung.
Une tour au service des interactions humaines
Les larges atriums aménagés au pied du bâtiment relient trois ou parfois quatre niveaux d’étages, ce qui représente entre 450 et 600 personnes. Ce sont des foyers de vie qui recréent une échelle intermédiaire entre celle du bâti entier et celle du plateau à l’instar des «sous-quartiers et des quartiers» pour la ville. Il est fondamental de recréer des sous-unités au sein de la tour et des espaces supports d’interactions à échelle humaine. La densité d’occupation des plateaux ne se départit donc jamais de l’exigence portée à la qualité d’usage.
Afin de lutter contre le confinement de groupes de personnes dans les étages, les circulations horizontales et verticales sont traitées comme des lieux de rencontre. Ils s’élargissent ponctuellement en places, placettes et terrasses qui constituent autant de nœuds d’intérêt local, supports d’interactions sociales et de convivialité.
Renforçant sa dimension urbaine, ce projet offre à la ville une série d’équipements ouverts au public : un théâtre et un auditorium ouverts sur un patio paysager en contrebas des allées, des galeries au rez-de-chaussée et sur les allées, un restaurant en haut de la tour.
«Nous ne sommes plus dans une tour proposant des étages génériques simplement empilés. Il y a au contraire ici une grande typologie des espaces, obéissant à une hiérarchie de l’intimité et une gradation du lien entre sphère publique et privée», souligne l’architecte.
Un symbole d’innovation, de technologie et d’architecture durable pour la ville de Taichung
Le Taichung Intelligence Operation Center a été conçu comme un manifeste architectural et environnemental, il a l’ambition de devenir une référence en termes d’architecture support de liens technologiques et d’interactions humaines.
La conception de ces tours de 4ème génération vise à promouvoir l’«être ensemble», à planifier et construire un avenir commun, à créer les conditions favorisant l’émergence d’une pensée collective, grâce à la complémentarité entre l’intelligence artificielle et humaine essentielle au développement des innovations dont notre civilisation a grand besoin dans le contexte actuel.
Ces valeurs véhiculées par la tour s’associent à une approche bioclimatique globale visant à réduire au maximum l’empreinte carbone de la tour, renforçant ainsi son image en tant que symbole de l’innovation du quartier.
Une tour bioclimatique, façonnée par le climat et l’environnement
Une réflexion transversale sur le site, la morphologie, la spatialité, les matériaux et la conception de la façade a été menée dans le but de d’obtenir un bâtiment à énergie 0. Sa morphologie permet de multiplier les points de vue extraordinaires sur le grand paysage et d’optimiser le confort d’utilisation de chacun des programmes. La position et l’orientation des façades principales sont organisées selon trois critères : le vent: protection et captation des vents dominants ; les vues : ouverture sur le grand paysage ; le soleil : positionnement du volume de la tour sur sa base en fonction de l’ensoleille¬ment, avec optimisation de l’ombre et de la lumière pour la protection et les besoins des programmes.
La morphogénèse de l’exosquelette permet de renforcer la structure de la tour contre les efforts du vent. Le projet canalise les vents dominants pour s’en protéger et rafraî¬chir les espaces extérieurs des programmes. Plus qu’un simple geste esthétique, ce dessin exprime une forte intention conceptuelle: une recherche d’économie de formes et de matières premières.
Le concept «total-flex»
La flexibilité et l’adaptabilité sont les deux concepts majeurs développés pour les espaces intérieurs de la tour. Les plans, totalement adaptables, répondent aux pratiques actuelles et anticipent les futurs besoins.
Le système structurel, constitué d’un noyau central et de façades porteuses, maximise les surfaces disponibles de chaque étage et laisse tous les sols libres afin d’être adaptés à l’évolution des usages. La hauteur des planchers permet d’envisager une grande variété d’utilisations.
Ce concept «total-flex» offre une flexibilité de développement des différents niveaux et l’évolution des usages sociaux.