A Cordemais (Loire-Atlantique), l’architecte Bruno Mader a livré en janvier 2019 le Centre de Découverte Terre d’Estuaire. Pour un montant des travaux de 7 M€ HT, dont scénographie 1.8 M€ HT (surface 2300 m² / 1800 m² SU), entre Loire, terre et mer, l’ouvrage enveloppé de peuplier rétifié propose parcours d’exposition permanent, salle d’exposition temporaire, salle de conférence, salles d’activités modulables et bureaux. Communiqué.
Inséré entre les étendues parallèles de l’eau et du fond végétal, l’espace scénographique Terre d’Estuaire émerge puissamment du paysage. Son ample silhouette de bois s’allonge au-dessus du sol avant de s’élever en vigie vers l’estuaire. Le peuplier rétifié qui recouvre toutes ses faces lui donne un caractère sculptural qui affirme sa présence dans le site et suscite la curiosité.
Il en résulte une architecture qui a du sens, fonctionnelle, qui fait à la fois écho aux architectures locales, mais aussi qui interagit et compose avec les éléments marquants de son entourage. Pour «compter» dans le site et le marquer de son architecture, le bâtiment étire sa façade sur près de 100 mètres.
Le bois des façades et du toit, le décollement du volume et des parcours au-dessus du sol humide, entrent en résonance avec l’estuaire «naturel» et apportent un contrepoint fort à la centrale EDF toute proche, contribuant ainsi à rééquilibrer le rapport nature/industrie du site de Cordemais. La forme semble issue du site, composant à la fois avec la linéarité de l’eau des pontons et des arbres, et avec la volumétrie des pavillons voisins. Elle opère une transition en douceur du bâti au paysage naturel.
L’échelle du bâtiment, relativement bas dans un site marqué par l’immensité de la Loire, l’ouverture vers l’estuaire mais aussi les impressionnantes cheminées de la centrale thermique EDF, permet une osmose avec le terrain d’accueil, le sol, le végétal, mais aussi l’humain, le visiteur, les parcours, la promenade.
En contraste avec les évènements verticaux qui parlent du territoire, du grand paysage, la silhouette du bâtiment et les cheminements parlent d’avantage du sol, de la faune, de la flore, ils cadrent le proche, voire le minuscule.
Genius loci : une architecture contemporaine en résonance avec le site
Le bâtiment se pose avec légèreté sur le sol naturel, presque sans le toucher, en permettant au végétal de s’immiscer au plus près des volumes bâtis. Il marque ainsi un certain respect vis-à-vis du sol de la prairie humide, et plus largement du territoire naturel de l’estuaire.
L’inscription délicate des cheminements et du bâti prend un sens en mettant en valeur l’horizontalité du site et la végétation de zone humide. Le bois de son enveloppe, quoique soigneusement réglé dans une mise en œuvre contemporaine, évoque les constructions en planches qui se rencontrent dans l’estuaire, pontons, cabanes de pécheurs, tours d’observation des oiseaux, constructions qui par leur matière en bois tissent un lien étroit entre le naturel et le construit.
Un bâtiment parcours
Son implantation en longueur et les cheminements qu’il tisse au travers de la parcelle en font un bâtiment bien inséré à son environnement : à l’axe principal (route menant au centre bourg de Cordemais), au quai, au futur jardin de l’estuaire.
En arrivant depuis le centre de Cordemais, son implantation est volontairement en retrait et son volume s’étire en longueur, ne dépassant pas 6m de hauteur en moyenne. Depuis le quai, dans l’exact prolongement de la cale du port, un plan incliné minéral conduit les promeneurs jusqu’au hall.
Cette mise en scène de l’arrivée du visiteur à l’équipement, par le décollement progressif au-dessus du sol de la rampe minérale côté quai et des cheminements en bois à l’est, offre une séquence d’entrée particulière au bâtiment. Plusieurs fois par an, lorsque la parcelle sera inondée par les marées, cette séquence n’en sera que renforcée.
En lien avec le propos scénographique qui suggère un parcours dans le monde de l’estuaire, le projet dans son ensemble s’inscrit dans l’idée de promenade ponctuée de séquences fortes et variées. Il s’agit d’une architecture-parcours entre dedans et dehors, entre évasion et paysage réel.
L’accueil tient une position centrale dans la gestion des flux
Une banque unique permet à la fois l’accueil et l’orientation des visiteurs, la vente de billets, l’encaissement de la boutique.
L’espace est ouvert à ses deux extrémités sur des vues emblématiques de l’expérience que propose Terre d’Estuaire : à droite, l’animation autour du départ du ballon ; à gauche la grande ouverture vers la zone humide comme paysage à protéger.
Passant tour-à-tour de l’obscurité à la pleine lumière, les espaces d’exposition se succèdent dans deux corps de bâtiment reliés par des passerelles vitrées ouvertes sur le paysage.
Scénographie
En référence au mouvement lent et rythmé des masses d’eau de l’estuaire déplacées par le courant du fleuve et la marée, la scénographie propose un parcours oscillant entre les trois grandes salles d’exposition du musée. Des passerelles vitrées relient les salles entre elles en traversant le patio paysagé. Ces transitions du parcours scénographique créent un lien privilégié avec le paysage à l’issue de chaque entité et avant l’accès à la prochaine étape du parcours.
La visite à travers les espaces d’exposition permanente s’appuie sur une scénographie des sens : Parcourir, expérimenter, approfondir, toucher, sentir, écouter, visualiser… Chacune des séquences développe une scénographie dans laquelle une action caractérise la thématique développée.
Qu’elle soit expérimentale, médiale ou ludique la scénographie invite à une participation active pour révéler les contenus au visiteur.
La fin du parcours par la montée au belvédère et la terrasse panoramique sur le toit, propose au visiteur un regard renouvelé sur l’estuaire. Plein Sud, face à la Loire, la terrasse offre un lieu accueillant pour s’attarder avant de redescendre vers le hall. Sa surface extérieure de plain-pied permet d’installer quelques tables l’été pour bénéficier d’un snacking. Un bloc servant contenant une installation minimale est prévu pour cet usage.
C’est le moment de la détente, quand on laisse le regard se promener sur les ascensions du ballon, les mouvements des bateaux, l’activité de l’usine, le vol des oiseaux.
On rejoint enfin le hall d’accueil par une coursive semi-ouverte le long de la façade sud, dont l’ombrière à claire-voie fait vibrer l’espace au gré des variations de lumière.