En septembre 2021, Chartier Dalix (Frédéric Chartier et Pascale Dalix) a livré dans le quartier des Bassins à Flot à Bordeaux (Gironde) pour Fayat Immobilier et Pitch Promotion, un bâtiment mixte tertiaire-commerces (9 890 m² – 16,5M€ HT) reprenant les codes de l’ancien territoire industriel. Communiqué.
Sur la rive gauche de la Garonne, la construction des Bassins à Flot apparaît comme le témoignage d’une histoire maritime bien ancrée dans la ville de Bordeaux. La base sous-marine construite pendant la Seconde Guerre mondiale accentue la fonction militaire de ce territoire qui a peu à peu accueilli des activités industrielles.
Des bâtiments jumeaux face au « grand paysage »
Cherchant à éviter une rupture sévère entre l’avant et l’après, cette opération s’inscrit dans l’héritage industriel ; mais pas tant dans sa forme que dans ses principes fondamentaux. L’architecture est guidée par trois thèmes : fonctionnalité, sobriété, poésie.
Chartier Dalix a divisé l’édifice en trois lanières programmatiques qui s’étirent dans la longueur du site. Les deux bandes bâties liées à la rue et au paysage abritent des activités tertiaires. Largement ouverts sur l’espace public, les 1 500 m² de commerces ceinturent le bâtiment au rez-de-chaussée ; les bureaux se situent quant à eux dans les niveaux supérieurs.
Une série de sheds, répondant à une règle urbaine commune, évoque les hangars disparus présents historiquement sur le pourtour des Bassins, et offre des espaces de bureaux en double hauteur avec mezzanines sur le niveau inférieur. Leur rythme régulier est interrompu par deux tourettes de sept et huit étages, sortes de vigies qui s’élèvent dans le ciel, court-circuitant l’horizontalité des lignes de toit.
Prise en étau au cœur de l’édifice, la bande centrale a la particularité de cacher 70 places de stationnement invisibles depuis la rue, sur deux niveaux en superstructure ; une conséquence de la zone inondable, qui n’admet pas de sous-sol.
Cette lanière héberge un jardin en terrasse, espace appropriable qui propose de nouveaux usages, renforce le sentiment de commun, et favorise le « travailler autrement ». Sur le modèle des landes acides, une série de bosquets jalonnent l’espace, accueillant trois strates de végétation : des ligneux (arbousier, bouleau verruqueux…), des arbrisseaux (genêt, noisetier…), des herbacées pérennes (anémones, jacinthes des bois).
Ces îlots rafraîchissants offrent des conditions idéales pour profiter des terrasses en bois, de plain-pied avec les bureaux, et donnent également accès aux étages supérieurs à travers une promenade verticale offerte par de larges escaliers extérieurs accrochés aux façades
Les deux bandes bâties sont couvertes d’un tapis de zinc prépatiné, dont la pose à joint debout épouse minutieusement chaque pan de toiture. Le zinc est également utilisé en façade sous forme d’épines verticales continues, qui s’élancent avec finesse entre les vitrages, cadrent les vues sur la ville et assurent une protection solaire passive efficace par leur forme triangulaire.
Naturel et vivant, ce matériau brut fait aussi varier la nuance des bâtiments jumeaux en fonction des variations de la lumière. Les derniers niveaux de sheds profitent d’une double hauteur, dont les grands vitrages éclairent abondamment les espaces et offrent une vue panoramique sur les Bassins au nord-est et sur la ville au sud-ouest.
Conçue en système poteau-poutre, la structure en béton garantie une forte inertie thermique et présente une trame rationnelle adaptée au programme tout en restant flexible. Une dalle de répartition est implantée au premier niveau afin de permettre une plus large trame structurelle pour les commerces et le parking.