Pour la Région Occitanie maître d’ouvrage (budget travaux : 32,8 M€), Taillandier Architectes Associés (TAA) a livré en 2020 à Toulouse (Haute-Garonne) « La Cité », soit la réhabilitation des anciennes Halles Latécoère (13 954 m²) dans le but de créer un tiers-lieu dédié à l’innovation collaborative et durable. Communiqué.
La Cité est située au sud-est de la ville de Toulouse, dans le quartier de Montaudran, à proximité de la voie ferrée qui longe la piste classée de L’Aéropostale. Le bâtiment est lui-même classé patrimoine immatériel de l’histoire industrielle de l’aéronautique de Toulouse.
Construites entre 1917 à 1918 à l’initiative de l’industriel Pierre-Georges Latécoère, les Halles Latécoère constituent le témoin de l’origine de l’industrialisation de l’aéronautique à Toulouse.
Depuis la Première Guerre Mondiale, ce site de montage des avions s’est développé au nord d’un ensemble aéronautique de 45 hectares, étalé de part et d’autre de la voie ferrée Toulouse – Sète.
A l’origine établies pour les besoins de l’industrie ferroviaire, puis rapidement assignées à l’industrie aéronautique, les trois halles ont abrité les premières constructions aéronautiques à Toulouse, avec le montage d’avions de guerre puis d’avions commerciaux et aéropostaux. Malgré sa renommée, l’Aéropostale déficitaire est rachetée en 1933 par la compagnie Air France qui maintient l’activité jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. Pierre-Georges Latécoère, alors associé à l’avionneur Louis Bréguet, lui vend les terrains de Montaudran en 1940. Après le bombardement allié du 6 avril 1944, les bâtiments et sa production sont partiellement détruits, ne subsistant que la structure. Louis Bréguet reconstruit et agrandit alors le site pour produire des bombardiers puis des avions de ligne jusqu’aux années 1970.
Avec une emprise de plus de 9 000 m², le projet de La Cité comprend les trois halles historiques des usines Latécoère. Malgré les destructions de 1944 et des réaménagements survenus au fil des années, le site reste préservé et conserve plusieurs ouvrages remarquables dont les trois halles, inscrites au titre des Monuments historiques depuis le 21 juillet 1997. Elles constituent, par leur composition et leurs volumes imposants, un ensemble monumental homogène.
Les autres ouvrages inscrits au même titre sont le bâtiment de la salle d’attente des passagers, la piste dans son emprise actuelle, allant de son extrémité nord-ouest jusqu’au sud-est du bâtiment de direction, ainsi que les façades, toitures et aile gauche en retour sur cour du bâtiment de direction – appelé château Petit Espinet Raynal.
Le site accueillant le projet de La Cité se trouve au sein d’un quartier en pleine mutation (ZAC Saint Exupéry, ZAC TMA, etc.). Son environnement immédiat est composé de quartiers d’habitations et d’activités industrielles et logistiques. Il borde au sud le complexe scientifique et universitaire de Rangueil, regroupant plus de 35 000 étudiants et enseignants chercheurs.
La Cité se développe donc à l’intérieur des anciennes Halles Latécoère et ses trois halles historiques d’environ 120 mètres de long sur 26 mètres de large. Chaque nef présente une surface d’environ 3082 m² de surface au sol, soit un total d’environ 9246 m². Grâce à l’acquisition de la parcelle voisine au sud les accès aux halles ont pu être doublés, au nord-est et au sud-est. Le projet de La Cité prévoit l’aménagement de 13 954 m² de surface de plancher dédiés à des espaces de co-working, des salles de réunions, une salle de conférence de 200 places, un restaurant, un Fablab et un espace évènementiel. A l’image des structures innovantes qu’elle héberge, La Cité doit pouvoir guider les futures évolutions du site dans lequel elle s’implante. Le projet s’inscrit dans la continuité de l’évolution du site tout en maintenant le lien historique des réalisations passées.
Les halles ayant vécu sur une plus longue période dans leur second état de transformations (1945 – 1953), le projet de restauration en reprend les principales caractéristiques. La Cité fait aussi référence à ses origines (1917 – 1920) tout en s’adaptant aux besoins d’aujourd’hui. Les modifications concernent principalement les toitures (charpentes et couvertures), les façades et les intérieurs (piles en briques, ponts roulants).
Concernant les façades, les auvents métalliques et entrepôts adjacents ont été démolis afin de les libérer et offrir une nouvelle visibilité à La Cité. Les quais au sud sont conservés, offrant un usage de terrasse pour les utilisateurs. Le projet valorise l’ouvrage existant, avec une mise en valeur de sa structure et une intervention légère émanant du sol, ne touchant que très peu l’existant.
Les différents programmes s’implantent dans des volumes construits en ossature bois, qui se développent sous les charpentes existantes des halles. Ces volumes se développent majoritairement dans les deux nefs latérales, afin de libérer la nef centrale, la seule en charpente métallique, pour offrir un large espace ouvert dédié aux évènements. Le choix s’est porté sur une ossature légère afin de permettre une grande flexibilité au sein de La Cité.
Réfection de la toiture
Grâce aux travaux de Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des Monuments Historiques, le profil cintré des toitures des halles latérales a été redécouvert : ces toitures suivaient à l’origine la courbe de leur charpente en béton, avant d’être par la suite transformées. A contrario, la toiture de la halle centrale a subi peu de modifications au cours du temps. La Cité conserve dès lors le dessin historique des toitures en l’adaptant aux besoins du projet.
Les percements des toitures sont limités aux lanterneaux afin d’apporter une lumière zénithale régulière et diffuse qui s’accorde aisément avec les nouveaux usages intérieurs. Ceci implique alors la restauration de la charpente métallique, avec des consolidations ponctuelles et le remplacement des éléments détériorés ou manquants et la conservation de l’éclairage diffusé par l’intermédiaire de lanterneaux en faitage.
La disposition existante est néanmoins modifiée pour s’accorder au nouveau programme intérieur, en s’inspirant des états historiques. Le projet a nécessité la dépose complète de la toiture afin de rénover la volige, d’isoler légèrement et de reprendre les tuiles en mauvais état. Seules deux travées situées à chaque extrémité sont couvertes en totalité en tuiles mécaniques et légèrement élargies pour répondre à l’alignement des verrières en façade, soit une disposition déjà présente sur la façade sud-ouest de 1917-1944.
Après une rencontre avec le conservateur régional des monuments historiques, le choix s’est porté sur la maintien du langage volumétrique des toitures des halles, avec le développement d’échantignoles plus actuelles, dessinées à cette occasion.
Concept des façades
D’après les photos d’archives des Halles Latécoère, les façades principales étaient décrites comme des façades d’apparats reprenant un principe d’ouverture vouté en triptyque sur chacune des nefs.
Après la destruction partielle du bâtiment durant la guerre, ces façades qui faisaient l’identité unique de ces halles industrielles ont été remplacées, puis oubliées. Après de nombreuses recherches chronologiques, la rencontre avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles et de nombreux débats sur l’authenticité des façades, il a été décidé d’évoquer cette façade ancienne en l’inscrivant dans son temps, avec une réinterprétation plus actuelle.
Ainsi les nouvelles façades transversales des halles reprennent ce principe de façade légère par le biais de lames verticales torsadées qui laissent deviner, par la position de la vrille, l’impression des anciennes voûtes. La façade sud-ouest, en bordure de la voie ferrée, reprend ce même principe, avec l’ajout de lames horizontales en brise-soleil. Les poteaux de l’auvent en béton abritant l’ancien quai de déchargement sont mis à nu afin de magnifier cette structure.
Quant à la façade latérale, elle présente un rythme d’alternance de poteaux et d’ouvertures tout en disposant de lames verticales au niveau de chaque ouverture. Cela permet de gérer l’éclairage direct dans les bureaux orientés sud-ouest tout en conservant ce rythme plein vide. Au-dessus de l’entrée, les lames brise-soleil viennent à l’horizontale pour créer une marquise afin de monumentaliser l’accès latéral à La Cité.