Sarah Bitter et Nathalie Blaise, deux jeunes architectes (Agence METEK), démontrent avec leur maison nichée au cœur du XIXe arrondissement à Paris qu’il est possible malgré les contraintes réglementaires de tous ordres, et pour un prix inférieur au prix du marché, de laisser libre cours à son imagination.
Présentation de Sarah Bitter et Nathalie Blaise (METEK, Paris)
« Le projet MK/3-VA affirme notre volonté de s’inscrire dans la ville de façon contemporaine et de mettre en œuvre une architecture ambitieuse dans un projet pourtant de modeste envergure. En effet, la maison est édifiée sur une petite parcelle de 57m² dont seulement 45m² étaient constructibles. De plus la hauteur était limitée à 7 mètres et il fallait tenir compte de la mitoyenneté sur trois côtés. Enfin, le manque d’accessibilité pour des engins de chantier a en partie déterminé les choix techniques. Au final, la maison compte quand même 120m² de surface habitable.
L’ossature est en acier. Il n’y a rien à cacher si l’ossature est belle. Cette structure métallique, imposante et noble, a été montée en 15 jours pour un chantier qui s’est achevé en huit mois. Laissée apparente à l’intérieur, la structure participe à l’espace, elle désigne l’espace. Nous voulions laisser la matière respirer, la mettre en valeur.
Chaque élément du programme est caractérisé par un espace, une lumière et un matériau singulier :
– l’atelier est marqué par une lumière constante venant du Nord, une baie zénithale, une généreuse hauteur sous plafond, des matériaux bruts voir industriels.
– le logement est orienté Est-Ouest, les hauteurs sous plafond varient, certains murs sont laqués et les menuiseries sont en bois exotique rouge.
Depuis la rue, le visiteur emprunte la voie semi-privée de la villa, vers ce qu’il aperçoit de la façade. L’alliage de l’enduit blanc et de la charpente métallique, laissée lisible, donne à cette façade un aspect abrupt et minéral.
Le visiteur bascule soudain dans le patio, jardin miniature, privatisé par une enveloppe totalement blanche. Il doit traverser celui-ci de part en part pour atteindre l’atelier, au fond duquel se déploie l’escalier, ruban pur de béton brut, qui conduit à l’étage. La desserte du bâtiment, organisée en spirale ascendante, implique une temporalité rythmée, allongée et syncopée.
L’usage dépasse la fonction : la fenêtre du salon cadre le paysage et s’élargit pour être banc, la menuiserie de la cuisine devient étagère. Les différentes échelles se confondent lorsque le jeu graphique des poutres horizontales devient allège, support pour s’accouder dans une conversation intérieur/extérieur…
Nous avons opté pour un chauffage au sol électrique mais en soignant l’isolation thermique et les vitrages. Nous avons en effet choisi de privilégier la qualité des matériaux plutôt que la finition. Du coup, l’isolation acoustique est également parfaite.
Au final, nous avons une maison pas comme les autres pour moins cher que le prix du marché. Elle nous a coûté 350.000 euros avec absolument tout compris dans ce prix, le parking obligatoire, les frais de notaire, la machine à laver, etc. Aujourd’hui, elle est estimée à 680.000 euros. Les gens doivent comprendre qu’une maison d’architecte se vendra toujours très bien ».
Propos recueillis par Christophe Leray
Cet article est paru en première publication sur CyberArchi le 30 mai 2007