A l’ouest de Shanghai, la ville de Suzhou est réputée pour ses canaux, ses ponts et ses jardins classiques. Mais la petite ville touristique, 10 millions d’habitants quand même, est confrontée aux mêmes problèmes de développement que d’autres villes. Ici, Lyndon Neri et Rossana Hu (Neri&Hu Design) proposent des villas en bandes à l’intersection du patrimoine et de l’architecture contemporaine.
La vitalité des typologies urbaines de Chine repose sur la variabilité de ses éléments, qui reflètent certaines notions chinoises de la vie communale, ou le village comme famille. Héritant d’un plan directeur modelé d’après le développement général des banlieues, le défi est de créer un nouveau paradigme de vie qui convienne au style de vie chinois moderne.
La première chose à faire est de casser la solidité et la singularité de l’archétypale famille vivant dans une habitation, qui, une fois tissée avec le paysage, la circulation, et les espaces communs, peut commencer à rappeler la vitalité du style de vie chinois.
Dans une nouvelle définition de la vie en banlieue, le paysage ne peut plus être relégué au simple royaume du dehors ou être juste défini comme des prairies et des haies manucurées. Les éléments centraux des jardins classiques chinois – chemin, seuil, centre, et infinité – génèrent un voyage séquentiel qui lie l’intérieur à l’extérieur, l’artificiel au naturel, le structuré à l’organique.
L’environnement dans lequel nous vivons doit refléter la nature complexe de nos relations – avec notre famille, avec nos voisins, avec la nature, et avec nous-mêmes –, la façon donc nous voyons et la façon dont nous espérons être vu, comment nous nous rassemblons avec nos similarités et malgré nos différences. L’espace dans lequel nous habitons devrait permettre le dynamisme de ces relations changeantes tout en maintenant une stabilité sous-jacente qui soit consistante, de laquelle on peut dériver le confort du “chez-soi”.
Le concept intérieur des villas vient de l’architecture consiste en deux éléments primordiaux : les murs ondulants en brique à la base et les boîtes blanches flottant au-dessus. La claire démarcation de la matérialité à la surface indique aussi la séparation entre les royaumes public et privé.
Le traditionnel mur de brique grise enveloppe le sous-sol et le premier étage, pour accueillir les fonctions communales comme les salles de séjour, à manger, le gymnase et le spa, la salle de thé, et la salle des médias. Les matériaux utilisés pour ces espaces sont basés sur de la brique rustique, complémentée par de riches parquets, des murs en chêne, de l’enduit en béton, des peaux et cuirs, ainsi que des accents de bronze et d’acier noir. Des accents de couleur vive et des surfaces réflectrices sur les meubles apportent une touche de légèreté à cet espace robuste et masculin.
En contraste avec le niveau inférieur, les étages supérieurs abritent les fonctions privées dont la pièce de vie, la chambre des parents et des enfants, ainsi qu’une chambre d’ami. Les volumes purs sont composés d’une palette de peinture blanche, de la laque, des tissus purs, du granite blanc, du chêne clair, et de l’acier inoxydable.
Une série de panneaux mobiles et de rideaux permet à l’espace d’être reconfiguré librement, tandis que les nuances et les textures du blanc lui donnent une légèreté générale et une douceur censée améliorer la qualité et le confort de ces chambres intimes.
Les principaux meubles de chaque espace sont discrets, tandis que des antiquités uniques, des embellissements délicats, et divers objets étonnants ajoutent à vitalité et à la qualité d’un vrai chez-soi.
Traduction : A. L.