Le bureau chinois de WSP ARCHITECTS, une multinationale de l’architecture, et en l’occurrence du paysage, poursuit son exploration de Hangzhou. Après y avoir livré en 2016 la nouvelle école normale, la même année, l’agence livrait au milieu des lacs, sur une surface de 710,000 m², Xixi Art Village, un espace d’accueil et d’habitations commandé par le Hangzhou Xixi National Wetland Park. Du néant au jardin sans fin. Communiqué.
Le concept de «néant»
Le projet (5,642 m² construits) se situe à Hangzhou, dans les étangs de Xixi, où les anciens se coupaient du monde extérieur et venaient profiter de l’élégance et du caractère unique d’un tel paysage méridional tant affectionné par les hommes de tous temps : un environnement naturel entouré d’eau. «Nous étions certains que c’est simplement en adoptant le concept de ‘néant’ que nous serions capables de rendre hommage au naturel et à la douceur de cet endroit», explique WSP ARCHITECTS.
L’agencement des bâtiments et des espaces verts de ce projet prône un retour à la nature sous ses anciennes formes. Par l’agencement, la construction et le paysagisme, l’objectif est de réajuster la relation de l’homme avec la nature et retrouver l’esprit des constructions chinoises anciennes : l’importance de l’harmonie, de la paix, du silence, de la tranquillité et de l’humilité. En plus de ces valeurs de la culture chinoises, le projet du village d’art de Xixi cherche aussi à retrouver les habitudes chinoises de voisinage, ‘lifestyle’, idéaux et états d’esprit.
La future Xixi
La stratégie adoptée a été celle d’une intervention minimale et respectueuse des zones humides. Ceci a induit un contrôle strict des volumes des constructions et des routes, et favorisé l’utilisation du réseau routier déjà existant, tout en encourageant la marche à pied et l’utilisation de véhicules électriques.
WSP ARCHITECTS s’est efforcé de respecter au maximum les formes des étangs, en adoptant le concept de «planification faible», afin d’adopter un style architectural intégré dans l’environnement, respectueux de la nature : sa forme originale, son terrain et son écosystème.
Quelques-unes des solutions mises en œuvre afin de réaliser ces objectifs ont été : un aménagement doux des eaux et des rives, la création de passerelles pour le tourisme et le transport fluvial, un revêtement perméable pour les sols et les pilotis, un contrôle de la pollution par le transport et l’action de l’homme sur les eaux, la plantation d’une végétation locale appropriée au paysage, l’utilisation d’énergie solaire pour les éclairages publics et, finalement, la protection à tout prix des étangs et de ce paysage incroyable.
Protéger la nature
WSP ARCHITECTS a accordé une grande importance au fait d’adopter un style de construction homogène, des habitations de tailles modestes, pour que les bâtiments s’insèrent au mieux dans l’environnement et l’écosystème d’origine. Hangzhou est ce qu’il y a de plus représentatif de la tradition de Chine du sud, et les étangs de Xixi ont attiré les hommes de lettres les plus connus de la région. Le but premier du projet a donc été de représenter par les constructions la culture et le naturel du paysage.
Dans le but de protéger la nature initiale, la faune, la flore, les rives, les étangs, les formes naturelles, l’agence a utilisé des souches de saules pleureurs afin de protéger les rives d’une manière écologique, ainsi que des roseaux pour purifier l’eau. Cela a aussi permis de créer de nouveaux espaces, de bancs de sable, des zones humides et des espaces verts, permettant ainsi d’abriter plus de plantes, d’insectes et d’oiseaux.
Il appartient ensuite aux habitants de protéger la nature dite seconde, la nature agricole constituée des champs, des étangs de poissons, des sites d’exploitation aquatiques, des bassins à lotus vieux de plusieurs centaines d’années, et des élevages de canards et d’oies, qui représentent la culture traditionnelle de pêche et loisir de la région. Il leur appartient également de protéger la troisième nature, les villages et routes éparpillés et romantiques d’origine.
Les nouvelles constructions sont construites sur les bases des premières et dans l’objectif de former des groupements aux fonctions complémentaires dispersés, formant un arrangement de multicentres indépendants.
Un jardin sans fin
Tout le plan de masse et l’architecture du village d’art de Xixi sont basés sur l’idée d’implantation, autrement dit presque toutes les constructions sont construites sur la base originale des constructions d’époque, mis à part quelques exceptions.
WSP ARCHITECTS a décidé de diviser les constructions de ce «jardin sans fin» en des unités minimales. Ainsi, une large construction devient un arrangement de pièces ; chaque pièce est dessinée dans une plus petite taille, la faisant disparaître ou se fondre dans le paysage des étangs.
La structure traditionnelle du pavillon entouré de couloirs est adoptée pour les habitations. Ce paysage connecté par des couloirs présente le charme de la tradition chinoise ; mais ajoutons à cela une structure ressemblant à une boite, sans piliers au milieu, on ajoute un sens de modernité dans la construction, combinant alors les formes traditionnelles et modernes.
Tout comme par la couleur, les architectes rendent hommage aux caractéristiques du sud, utilisant des murs blancs et des fenêtres grises.
Le village d’art de Xixi se veut refléter la mélodie d’un instrument de musique traditionnel chinois, à qui on aurait ajouté quelques notes modernes de piano. Les murs blancs, et le contraste des fenêtres sombres, accordent au village d’art de Xixi une mélodie moderne, la faisant ressembler à un concerto de musique traditionnelle chinoise et de piano moderne.
L’art du temps
Avec ce dessin, WSP ARCHITECTS espère permettre au village de changer avec le temps et de prendre différentes expressions. L’agencement des pavillons et des couloirs permet à la construction de mieux s’insérer dans la nature et le temps, et d’avoir différentes formes en chaque saison : quand il neige, la cour peut fournir un endroit au chaud pour regarder la neige tomber ; quand il pleut, on peut rester dans les chambres et regarder les gouttes d’eau dans la cour intérieure ; au printemps et en automne, les couloirs offrent des endroits cachés que chacun peut apprécier ; en un seul jour, les changements peuvent prendre place du lever au coucher au soleil et permettre d’appréhender la multifonctionnalité du lieu.
Ce n’est toutefois pas simplement un espace divisé. En respectant le principe de respect de l’espace, l’agence a divisé l’architecture en des zones publiques, semi publiques, privées et semi privées. La construction est intégrée dans la nature pour refléter directement l’expression de cette dernière ; dessinée au plus proche des éléments, elle se reflète dans l’étang, avec les ombres des arbres et le vent qui souffle.
L’approche de l’architecture de ce village préserve en elle-même l’originalité de l’éco système à son summum. Elle est durable, et ainsi les étangs sont également durables. En intégrant et reconstruisant le paysage naturel et créé par l’humain, et en faisait un endroit attractif, voici l’idéal de l’architecte.
Traduction : Anne Loquineau