La vénérable Bourse du commerce va accueillir, à l’horizon 2019, un nouveau musée d’art contemporain pour abriter une partie de la collection de François Pinault. L’architecte, ce n’est pas une surprise, est le Japonais Tadao Ando (ici avec Nem Architectes) dont l’industriel collectionne également les réalisations. Présentation verbatim par les acteurs du projet. Communiqué.
«Rénover et transformer, ce bâtiment historique exceptionnel — qui a déjà eu plusieurs vies — tout en conservant sa singularité originelle, en particulier en restaurant scrupuleusement la colonne, la verrière, les façades intérieures et extérieures, la coupole et plusieurs escaliers : telle est l’ambition portée», Anne Hidalgo, maire de Paris.
«Le cylindre conçu par Tadao Ando constituera un lieu d’exposition privilégié. La construction d’escaliers et de passerelles permettra une circulation aisée entre les différents espaces d’exposition, mais aussi vers le sous-sol où seront installés un auditorium et un foyer», dit-elle.
«Bâtiment emblématique par son histoire qui remonte au XVIe siècle, par son architecture remarquable et par son emplacement unique, au coeur même de Paris, il nécessitait cependant une restauration complète et une transformation d’ampleur pour être adapté à la fonction de musée d’art contemporain», explique François Pinault.
«Face à un tel défi, le choix de Tadao Ando s’est imposé comme une évidence. Tadao Ando est l’un des rares architectes à savoir concilier avec subtilité le dialogue entre l’architecture et son contexte, le passé et le présent, la radicalité et la discrétion, comme il l’a démontré avec brio à Venise où il a, tour à tour, restauré le Palazzo Grassi, réhabilité la Pointe de la Douane et recréé le Teatrino. Il s’est associé à une équipe de maîtrise d’oeuvre, les jeunes architectes de l’agence NeM, Lucie Niney et Thibault Marca, mais aussi Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques. Ce projet a obtenu l’avis favorable unanime de la Commission Nationale des Monuments historiques et celui de la Commission du Vieux Paris», souligne l’industriel.
«L’extérieur du bâtiment et ses éléments classés — façades intérieures, verrières, peintures — seront restaurés dans le respect strict de leur état historique. L’intérieur sera entièrement repensé avec la création d’un élément architectural central, de forme circulaire, qui abrite un espace d’exposition ouvert sous la coupole et qui rythme la circulation depuis un auditorium, au sous-sol, jusqu’aux galeries d’expositions sur les trois niveaux de l’édifice», explique-t-il.
«L’Europe connaît actuellement de lourds bouleversements. Dans une atmosphère anxiogène, provoquée par des attentats réitérés ou par le Brexit, les Etats comme les individus semblent tâtonner pour retrouver leur identité», relève pour sa part Tadao Ando.
«La Bourse de Commerce dispose d’un plan circulaire et se distingue par une rotonde emblématique. Un cylindre en béton, de neuf mètres de haut et trente mètres de diamètre, y sera inséré afin de réorganiser les volumes. Ce geste donnera naissance à un espace d’exposition principal sous la coupole, doté d’une force centripète menant à un auditorium et à un foyer aménagés en sous-sol. Mon intention est de faire s’enchaîner avec force des séquences d’espaces très variés découlant de la combinaison de la rotonde et du cylindre. L’espace existant et le nouveau créent un lieu plein de vie, apte à porter la bannière de la culture urbaine des générations à venir», explique l’architecte japonais.
«Le projet architectural de la Bourse de Commerce consacre à la programmation et à l’accueil du public le plus d’espace possible, les bureaux, espaces techniques ou de réserves étant réduits au minimum, et presque entièrement localisés à l’extérieur du site. Il propose ainsi environ 3 000 m² d’espaces d’expositions, aux surfaces variées (modules de 100 à 600 m²), utilisables de manière autonome ou combinée pour pouvoir, le cas échéant, accueillir des projets nécessitant un déploiement de grande ampleur», souligne quant à lui Martin Bethenod, directeur général délégué de Collection Pinault—Paris..
«Les volumes allant de l’intime au monumental, sont pensés pour accueillir le plus justement possible des oeuvres de techniques et de formats divers, de la photographie aux grandes installations en passant par la peinture, la sculpture ou la vidéo», précise le conservateur.
«Un cylindre en béton, aux parois lisses percées de quatre ouvertures identiques et surmonté d’un oculus filtrant la lumière, s’imbrique dans le vide central. Ce dispositif gomme tous les repères pour affirmer un espace unitaire, abstrait et fixe. Le centre du bâtiment, lieu de stockage du blé, puis panier vibrant de la bourse, ouvert à l’origine sur la ville aux rues convergeant vers lui pour y déverser littéralement leur activité, s’isole. Il devient le lieu d’une expérience introspective de rencontre avec les œuvres», précisent Lucie Niney et Thibault Marca, NeM Architectes.
«Les composantes essentielles de l’architecture du lieu — la forme circulaire, la coupole, la présence contrôlée de la lumière — sont les protagonistes d’une scénographie qui entend soustraire le visiteur aux contingences et lui permettre d’accéder à une dimension unique, celle du ‘ici et maintenant’», concluent-ils.