Rien que ces dernières semaines, plusieurs sujets ont piqué notre curiosité sans que les circonstances ne permettent de les explorer plus avant. Avant qu’elles ne disparaissent, voici donc un pot-pourri d’histoires qui auraient peut-être mérité plus d’attention.
Noël au tison, Pâques surtout pas au balcon ?
Le 20 mars 2018, un balcon est tombé d’un immeuble à Nanterre, en entraînant trois autres dans sa chute. Les locataires ont demandé un audit.
Chacun se souvient de ce balcon effondré qui a fait quatre morts et une quinzaine de blessés à Angers en octobre 2017.
Villeneuve-Saint-Georges, le 10 juillet 2016, un balcon s’est retrouvé trois étages plus bas. A Mers-les-Bains, en août 2016 : un homme gravement blessé par la chute d’un balcon. Le même mois mais en 2015, un balcon s’effondre dans le quartier Ginko à Bordeaux. Entre le 28 octobre et le 9 novembre 2016, loi des séries sans doute, un balcon s’effondre à Nice, à Valence et à Saint-Tropez.
A Montrouge, le 15 septembre 2012, cinq balcons se sont effondrés, sans faire de victimes. Même le balcon d’André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux et ancien ministre, s’est effondré en janvier 2007 !
Au pays champion du monde des normes, des réglementations et des DTU, que des balcons persistent à tomber ainsi comme à Gravelotte défie toute logique. Ce n’est pas comme si le balcon avait été inventé hier. Une explication quelqu’un ?
Miracle à la Cour des Comptes
Créé le 14 juillet 2010, le programme «Habiter Mieux» est destiné aux propriétaires occupants ou bailleurs mais prioritairement ouvert aux propriétaires occupants qualifiés de «modestes» ou de «très modestes».
Dans un rapport daté de février 2018 et rendu public début avril 2018, la Cour des Comptes fait le bilan. Miracle, c’est une réussite ! La Cour note que le programme a pourtant «souffert du manque de stabilité de ses moyens et de sa réglementation», suivez son regard.
Mais, fondé sur un objectif de rénovation de 300 000 logements entre 2010 et 2017, le programme a effectivement financé au 31 décembre 2017 243 239 dossiers de travaux et ainsi atteint son objectif à 81%. Mieux encore, sur le plan des performances énergétiques, le programme a dépassé ses objectifs, puisque la moyenne des gains s’est élevée à 41,9 % en 2015 et 43,2 % en 2016 pour une moyenne escomptée de 30 %.
«La procédure d’instruction des dossiers apparaît bien gérée et évaluée grâce à l’existence d’une double visite de l’opérateur chez le demandeur avant et après les travaux et des contrôles sur place effectués par les instructeurs de l’ANAH», indiquent les Sages de la rue Cambon. Des procédures globales d’évaluation du dispositif qui, dans ce domaine, «contrastent avec l’absence généralisée de vérifications pour les aides fiscales», souligne la cour avec perfidie. Suivez son regard.
Après le rapport consternant à propos de la Société du Grand Paris publié en janvier 2018 et celui accablant concernant le Balardgone daté de février 2018, voilà au moins un programme qui fonctionne et sied à la Cour… Il y a de l’espoir.
Architecture française à l’export
La filiale de Bouygues Construction à Singapour – Dragages Singapore – a été retenue pour réaliser le complexe résidentiel Woodleigh Lane Residences développé par CEL Unique Development (CELU), une joint-venture composée de Chip Eng Seng Corporation et d’Unique Real Estate, pour un montant de 113 M€.
Situé au cœur du District 13, dans le centre de Singapour, Woodleigh Lane Residences comprendra six immeubles de 15 étages pour un total de 805 appartements, ainsi que des parkings souterrains et une piscine. Le projet disposera d’une surface au sol de 58 641 m².
ADDP Architects, l’une des plus grandes et réputées agences de Singapour, signe le design de cette opération. Livraison prévue : 2020
Bouygues Construction réalise 16% de son chiffre d’affaires dans la région Asie-Pacifique.
Faire bonne impression
En mars 2018, l’agence nantaise TICA architecture a livré la première maison imprimée en 3D. Baptisée YHNOVA, la maison est un logement T5 locatif social de 95m² réalisé pour Nantes Métropole Habitat, maître d’ouvrage.
Avec une technologie développée à l’université de Nantes par des enseignants-chercheurs des laboratoires LS2N et GeM implantés à l’IUT de Nantes et l’IUT de Saint-Nazaire, TICA a construit à l’aide d’un robot spécialement conçu cette maison aux murs courbes en 54 h chrono. Puis le second œuvre fut réalisé de façon classique. Coût de la maison : 195.000 euros
Ce logement a vocation à être occupé par une famille à partir de septembre 2018. Il le sera d’ici là par des architectes en résidence. «Il y aura ensuite une phase d’évaluation. Si ça fonctionne, ce modèle a évidemment vocation à essaimer», indique Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole.
Essaimer est un mot évocateur. Une ruche, n’est-ce pas de l’impression 3D bio ? En attendant, reste à inventer une filière pour recycler la mousse de polyuréthane, un isolant alvéolaire, pour ne pas flinguer le bilan carbone.
Sinon, dans la capitale, une ‘good news’, pas une ‘fake news’…
Bonne nouvelle. Le mardi 20 mars 2018, Paris s’est doté d’un Plan Biodiversité 2018-2024 qui, sur proposition d’Anne Hidalgo et de son adjointe Pénélope Komitès, va renforcer «les actions de la capitale en faveur de la protection de la faune et de la flore ainsi que du développement de la place de la nature en ville».
«Puisqu’il est démontré que notre planète vit actuellement sa 6ème extinction des espèces», chacun sera heureux d’apprendre que la Ville de Paris souhaite «agir positivement pour la biodiversité dans tous ses champs de compétences», utiliser «l’éducation et la sensibilisation des citoyens [comme] des leviers majeurs pour protéger la biodiversité», et renforcer «son action pour la végétalisation de la capitale, par l’ouverture de nouveaux espaces verts mais aussi le développement d’un nouveau modèle urbain où la nature se déploie et s’invite partout où cela est possible, au cœur de l’espace public comme sur le bâti». Comme cela est joliment dit…
Parmi les exemples de mesures concrètes, la distribution de larves de coccinelles et de chrysopes et la création de 20 espaces de biodiversité, «qui permettront de donner aux Parisien.ne.s plus de proximité avec la nature sauvage». Et aux Tarzan.ne.s de rugir encore ?
Au moins Anne Hidalgo a le sens des priorités.
Christophe Leray