Livrées en mars 2018, les trois tours de logements conçues par l’agence d’architecture Loci anima signent, dans cette ville des Hauts-de-Seine, la refonte du quartier du Pont d’Issy. Elles accueillent 190 appartements, dont 46 logements sociaux et une crèche de soixante places. Le projet a été lauréat du programme Durable 2016 aux Trophées logements et territoires. Communiqué.
Au nord de la Seine, à Issy-les-Moulineaux, face à l’île Saint-Germain, se dressent les trois tours de logements conçues par Loci anima. Leurs formes singulières marquent l’entrée du nouveau quartier du Pont d’Issy en plein essor.
Le programme imposait, sur un site aux vues exceptionnelles et une parcelle restreinte, des logements en accession à la propriété, des logements à vocation sociale ainsi qu’une crèche et des commerces en rez-de-chaussée. Véritable challenge architectural, François Raynaud a conçu trois bâtiments de 17, 16 et 13 étages. Dialoguant entre eux, tous différents, ils ont cependant été pensés avec la même intention : permettre que la hauteur offre à ces 190 logements le maximum de lumière et des vues magnifiques sur la Seine y compris aux locataires des logements sociaux.
A l’heure où les chiffres de l’Onu prévoient 9 milliards d’êtres humains sur la planète en 2050 (40% de plus qu’aujourd’hui) dont 80% de citadins, les immeubles de grande hauteur pour peu qu’ils soient innovants et astucieux permettent d’offrir bien-être et qualité de vie tout en répondant aux enjeux de la ville durable.
Chercher la lumière
C’est l’enjeu de ce projet qui a par ailleurs dû tenir compte à la fois des contraintes du peu d’espace au sol et de celles du logement neuf en ville, standardisé et laissant généralement peu de marge aux concepteurs.
«Sur un site dense mais privilégié, et pour offrir à chaque étage et à tous les habitants de la lumière, de l’espace et une connexion avec la nature, nous avons fait en sorte que les trois bâtiments puissent coexister ensemble, sans se gêner, ni altérer leurs vues. Nous avons ainsi décidé de détourner les règles de la densité et d’amoindrir les effets de proximité», explique Françoise Raynaud.
L’architecte a d’abord joué sur le positionnement des volumes pour que les logements échappent aux vis-à-vis et profitent pleinement des vues et de lumière naturelle. Ils bénéficient ainsi tous d’une double voire triple orientation. Des terrasses et des balcons prolongent généreusement les intérieurs de tous les logements sociaux.
«Nous avons voulu des espaces ayant une véritable fonction. Ils réunissent le dedans/dehors. Ils sont à la fois des espaces de vie et de contemplation de la nature environnante», précise Françoise Raynaud.
Des vues pour tous
Ainsi les deux tours «siamoises», abritant des logements à l’accession pour l’une et des logements sociaux pour l’autre offrent une importante superficie extérieure. La tour réservée aux logements à l’accession présente autant de m² de terrasses que de m² de logements. La tour sociale quant à elle propose des terrasses d’environ 15m².
Les deux ont été conçues comme un ensemble pensé sur le thème de l’érosion. Inspirées par la Seine et ses sols, semblables à des stratifications minérales, elles se caractérisent par la découpe en ligne brisée des balcons filants, superposés minutieusement pour bénéficier du meilleur ensoleillement.
Les inclinaisons singulières des garde-corps laissent de grandes parties vitrées révéler des vues sur la Seine et sur l’ensemble du site. Les sous-faces des balcons, très visibles depuis la rue sont nacrées et brillantes, comme de grands réflecteurs et contribuent à faire rentrer la lumière naturelle dans les logements. Les deux bâtiments collés l’un à l’autre, mitoyens sur les sept premiers étages, sont reliés en leur socle par une crèche et en leur façade par un jardin végétalisé.
69 jardins à ciel ouvert
En face, sur la même parcelle, se dresse la tour ADN et ses 69 «maisons» avec terrasses non superposées, ouvertes sur le ciel et offrant chacune un véritable espace de jardin destiné à être planté. L’idée a été de les superposer comme un jeu de volumes qui tournent avec une répétition tous les trois niveaux formant une sorte de ruban ADN.
Cette géométrie orthogonale et dynamique a été inspirée elle aussi par le lieu en lui-même et par le thème de la «sédimentation». Elle permet de prolonger chaque logement par des espaces extérieurs qui ne se superposent pas et qui ne se jouxtent jamais au même niveau. Chaque terrasse fait environ 18m².
Cette sorte de ruban continu de maisons pourrait se prolonger à l’infini en hauteur. Il s’agit ainsi d’une forme urbaine novatrice «Vertical Terrasse House» VTH, qui permet de vivre dans les airs au plus près du ciel pour offrir à chaque étage la sensation d’être un «dernier» étage avec vues. Semblables, mais aussi toutes différentes, repérables par les habitants depuis le sol, elles se déclinent en noir et blanc. «Nous avons choisi le noir brillant, élégant et sobre en bas évoluant progressivement jusqu’à embrasser la couleur du ciel qui se reflète dans un émail blanc pour finir par se perdre dans les nuages», précise Françoise Raynaud.
Cet ensemble singulier de logements mêlant mixité sociale et architecture innovante participe à la création d’un nouveau quartier de ville au cœur du Pont d’Issy. Mais surtout, il offre à tous ses habitants une qualité de vie exceptionnelle en milieu urbain. Loci anima confirme ainsi qu’il est possible de concilier l’envie de vivre et travailler en ville, avec le besoin de nature : c’est bien l’enjeu de la ville de demain.