Retranscrire l’âme d’un intérieur, sublimer un objet ou saisir la grâce d’un visage, tout devient affaire de profondeur pour le photographe bordelais Denis Lacharme. Un long détour par la musique avant que l’architecture, comme une évidence… Chronique-Photos.
Au début des années 80, fortement impressionné suite à une visite dans le laboratoire d’un ami devenu correspondant Reuters à Bordeaux, j’entrais dans le bain de la photographie. Je faisais dans la foulée l’acquisition d’un magnifique boîtier Contax… que je chargeais avec un film inversible couleur pour saisir les paysages industriels déserts le soir tard ou le week-end.
Quelques années plus tard, des éditeurs de musique me commandaient ces images pour illustrer les CD / albums d’artistes de jazz… Parallèlement, j’entrais dans la vie active comme chef de produit pour une maison de disques à Paris, mettant entre parenthèses la photographie durant plusieurs années.
Le goût pour les formes géométriques, le mélange de textures ou le pouvoir réflecteur que présentent certains matériaux présents dans les zones industrielles, m’ont irrésistiblement attiré vers ces lieux périphériques qui regorgent de nombreuses formes de beauté très graphiques, voire cinématographiques. C’est là que j’ai appris la composition en privilégiant les couleurs saturées et hauts contrastes, notamment grâce à l’emploi d’un filtre polarisant (Hubert Saladin architecte).
Lorsque je séjournais à New York pour produire des enregistrements (1989-1995), je prenais toujours avec moi un appareil moyen format pour saisir la magie de Manhattan et de ses infrastructures métalliques colossales. Après une journée passée en studio avec des jazzmen de renom, c’était important pour moi d’assister à ce spectacle et de l’immortaliser. Le son et l’image, mais pas en même temps… (Leon Moisseiff).
Mon retour à Bordeaux début 2012 a été pour moi l’occasion de reprendre contact avec un ami d’enfance devenu architecte, lequel m’a demandé de réaliser un essai qui s’est avéré concluant. Je «débutais» alors mon métier de photographe d’architecture grâce à Hugues Touton que je n’avais pas revu depuis 25 ans. Bordeaux et son histoire, notamment liée au vin, le Cap Ferret et ses villas qui font rêver…de devenir photographe. (Touton architectes).
Le bois, pas seulement pour élever le vin mais aussi pour réaliser cette structure-écrin coiffant un cuvier à Pomerol. Très graphique et séduisant quand il est associé au métal et / ou au verre, il donne ce sentiment à la fois d’authenticité et de technicité. Les lumières naturelles et artificielles entrent en scène pour souligner la pureté des lignes de ce type de projets sur lesquels j’aime poser mon regard pour en extraire toutes les nuances. (Touton architectes).
Retranscrire une œuvre architecturale… Le photographe que je suis ne sait pas (ou ne veut pas savoir) ce que l’architecte attend de moi… Lui rêve de voir ses créations sublimées : un éclat de lumière particulier sur une façade, un angle original qui donne un aspect inédit au projet, un jeu d’ombres qui confère à la scène un climat mystérieux. C’est l’intuition qui guide avant tout mon travail, cette capacité à restituer le plus fidèlement de fines perceptions, enregistrer l’énergie d’un lieu avant de capturer les images. (Lanoire & Courrian).
Le plaisir de photographier, comme un jeu d’enfant : une fois la technique assimilée, seul le plaisir de photographier subsiste. C’est sûrement une chance d’exercer un métier passion où les notions de travail et de vacances se confondent. Ce couloir de nage, comme déposé dans le jardin d’une arcachonnaise située à quelques encablures du bassin bien connu des Bordelais, invite à la méditation et à la rêverie. (Touton architectes).
La tombée de la nuit ou l’heure bleue : je fais rarement l’impasse sur cet instant qui peut donner une autre lecture, ou du moins un statut différent à un bâtiment qu’il ne révèle pas forcément en journée. Un sentiment de solitude intéressant pour stimuler la créativité, une ambiance sonore feutrée et parfois des néons ou des feux rouges et l’impression que – compte tenu des temps de pose – l’écran du Reflex se transforme en bain révélateur… (Lanoire & Courrian).
Attendre l’instant… La photographie n’autorisant pas les mêmes budgets que le cinéma, on prie pour que la circulation des véhicules et des personnes crée un mouvement qui donne vie à ces images. Une vibration. Souligner la fonction des objets photographiés, leur donner du sens. Donner à voir ce que nous avons au plus profond de nous, à défaut de pouvoir le traduire par les mots, par les cris… (ANMA).
Denis Lacharme
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