Le mot grec « apeiron » signifie illimité, indéfini, indéterminé et s’entend, selon le philosophe Anaximandre, comme le principe et l’élément de tout ce qui existe. L’existence de l’architecture ne s’explique que par ce que nous percevons. C’est sa limite ? Chronique-Photos d’Erieta Attali.
J’essaie souvent de souligner l’horizontalité des paysages que je photographie car cela représente pour moi une tentative d’approcher et de communiquer le concept d ‘« apeiron » ou infinité ; quelque chose sans limites.
Ce concept d’infini peut sembler contredire l’idée que les paysages représentent des limites mais, en fait, il en renforce l’idée. La limite est une transition implicite, plus difficile cependant à mesurer et définir que s’il s’agissait d’une ligne sur un dessin de géomètre.
La limite est aussi une condition, qui s’intensifie lorsque le spectateur est confronté à l’infini sous la forme de topographies étendues et d’horizons lointains au travers d’une image limpide mise au point du premier plan jusqu’aux profondeurs lointaines, révélant la pleine échelle du paysage.
Comment les matériaux se comportent-ils dans certaines régions du monde par rapport à la lumière naturelle ? Ces résonances sont-elles le fait d’une condition particulière affectée par des facteurs climatiques ou topographiques tels que la qualité de la lumière, le degré d’humidité, les courbes du terrain ?
Je préfère penser plutôt qu’elles représentent une vision personnelle du monde, qui transgresse les barrières géographiques et culturelles pour découvrir et recréer un monde en soi.
Un exemple illustrant la présence omniprésente de gradations de transparence dans la nature est la matérialité du ciel. Le ciel, qui compte pour une part importante de l’atmosphère, peut également être traité comme un autre matériau réagissant à la lumière et aux éléments naturels.
Cela peut sembler exagéré mais, en fonction des niveaux d’humidité, des conditions météorologiques et du point de vue, le ciel peut fusionner avec des topographies solides et liquides, produisant de nouveaux paysages.
Erieta Attali
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Traduit de l’anglais par C.L.