A Chroniques, nous nous efforçons de donner suite à tout le courrier, abondant, que nous recevons. Mais les réponses à apporter ne sont pas forcément un cadeau, ni pour l’expéditeur, ni pour le destinataire. Pot-pourri du courrier reçu à Chroniques en 2020 (et pas un mot sur le Covid).
– Pierre S., qui tente, via le formulaire de contact, de fourguer ses containers.
« Je me permets de vous contacter pour vous présenter notre dernier concept innovant, qui pourrait être l’objet d’un article intéressant pour vos lecteurs. […] Notre objectif : se positionner en tant que pionnier dans la conception de l’habitat de demain ! N’hésitez pas à me solliciter en cas de besoin… »
Cher Pierre. Innovant ? Pionnier ? Vous pouvez compter sur nous… dès que le besoin s’en fera sentir.
***
– Pierre L., à propos de l’article Livres : Des idées sur la ville ? La sélection de Chroniques n’en manque pas.
« Rien à dire sur votre sélection mais, par contre, le lien Amazon pour les acheter m’interpelle…
Il y a tant de librairies indépendantes (sans parler de celles spécialisées en archi) qui vendent ces ouvrages… Choix d’autant plus surprenant de la part d’un média lui-même indépendant ».
Cher Pierre. Merci de votre remarque. La question s’est posée – il y a cinq ans quand Amazon était encore le nom d’un superhéros – de présenter des livres que les lecteurs ne pourraient pas acheter directement (sans lien) ou de leur permettre de les acheter. Nous avons opté pour permettre l’achat. En tout état de cause, c’est ici l’esprit pratique qui prévaut. Si demain une librairie nous contacte et est prête à assurer ce service dans toute la France, voire à l’étranger, pourquoi pas.
***
– Laurent S., à propos de l’article Macrochenko et Darmaninov se font un film.
« Je ne comprends pas dans votre éditorial pourquoi tant de haine à l’égard des « cathos » qui sont, comme vous attachés à la liberté de la presse et qui se rendent bien compte tout comme vous de la dérive progressive que prend notre pays depuis l’ère Macron vers une espèce de dictature soft.
Je vous signale que les cathos ne sont pas épargnés. Pour information nous sommes interdits de messe depuis des semaines sans aucune justification. Il n’y a jamais eu le moindre cluster et on a toujours respecté les distanciations dans les églises.
La liberté de la presse c’est aussi la pluralité du monde, des opinions, des croyances. Si nous commençons à nous écharper entre nous, nous faisons le jeu de ceux qui veulent nous contraindre par la force à devenir de gentils petits moutons dociles.
Enfin, je ne vois pas ce que tout cela a à voir avec l’architecture qui est quand-même normalement le sujet de votre tribune. J’espère que vous me lirez. Je n’ai pas trouvé de lien sur votre site ».
Cher Laurent. Je vous remercie de votre réaction. Je vous rassure, nous lisons toujours toutes les réactions. La réponse à vos questions ne peut être donnée en quelques mots. Soyez certain en tout cas qu’il ne s’agit pas de « haine ». N’empêche que les lieux de cultes ont rouvert avant les librairies, les cinémas, les théâtres, les bars et les bordels. L’opium du peuple, je le concède, est essentiel à qui est accroc. Quand Dieu a parlé, qui a besoin de culture, de loisirs et de rigolade ?
***
– Nadia M., à propos de l’article A Paris, 254 logements signés Brenac & Gonzalez et MOA.
« Je souhaite exprimer mon désaccord avec cet article très vendeur qui ne représente malheureusement pas la réalité actuelle du bâtiment. En effet, on peut voir dans votre article (j’imagine sponsorisé ou payé) que des points positifs et n’est pas du tout objectif en ce qui concerne cette construction. Premièrement, le bâtiment n’est pas du tout sécurisé, les grilles sont faciles à escalader, ce qui fait que nous retrouvons souvent des SDF dans le bâtiment. Deuxièmement, une fois dans le bâtiment, tous les étages ainsi que le parking, sont accessibles directement via l’ascenseur ou via l’issue de secours. Pour rappel, une issue de secours est bel et bien une issue et non « une entrée de secours pour les SDF ». Troisièmement, je ne pourrais pas ne pas mentionner quelques-uns des défauts dans les appartements, comme par exemple le mauvais agencement, ce qui fait que nous vivons dans une boîte, sans avoir trop d’intimité. A ne pas oublier les portes de loggia qui sont mal placées et deviennent inutilisables à cause de leur aspect inconfortable. Doit-on parler de stores low cost qui ont été mis pour combler les volets en bois décoratifs…, donc en été, à cause du manque de volet, on se prend le soleil plein dans le salon qui devient une pièce invivable. Ahhh, j’ai failli oublier la loggia inutilisable même pour sécher votre linge, à cause du vent qui fait tout retourner…… […]. Voilà, la prochaine fois quand vous écrivez un article sponsorisé, pensez à prendre en considération pas seulement l’aspect extérieur et physique de l’architecture ».
Chère Nadia. Merci d’avoir pris le temps de nous écrire ce long courrier pour exprimer votre courroux. Cet article n’est ni payé ni sponsorisé. Si son ton vous étonne c’est parce qu’il s’agit d’un communiqué de presse – non d’un article – ce qui est clairement indiqué dans l’introduction. Comme tout communiqué de presse, il est destiné à ne montrer que les bons côtés du projet, d’autant qu’il est souvent rédigé avant que les habitants n’emménagent. La rubrique ‘Et pendant ce temps-là’ a donc vocation à présenter ce qui se construit aujourd’hui sans commentaire de la part de la rédaction, laissant chacun se faire son propre avis. Au moins le vôtre est tranché ! Transmis aux architectes…
***
– Alain S., à propos de l’article A Angers, l’union sacrée du Maire, de l’Evêque et du Malin ?
« J’ai regardé les projets d’Angers avec intérêt et me suis fait une remarque : comment se fait-il que le seul projet qui a compris ce qu’était un narthex soit celui d’un Japonais ? Je fulmine à l’idée une fois de plus de cette porte ouverte à des gens qui évidemment ne nous proposeraient pas de venir travailler sur leurs temples ! Mais je pense que l’inculture en est largement responsable. La technique n’alimente pas seule la conception. Je pense personnellement qu’hélas c’est le meilleur projet qui a été retenu. Je pense après Mies Van Der Rohe « que Dieu est dans les détails » surtout lorsqu’il s’agit d’une cathédrale ! »
Cher Alain. Merci de votre lecture attentive. De fait, un narthex se dit Hai rō (拝廊) en japonais et on pourrait croire que Kengo Kuma avait l’avantage. Sauf qu’un narthex est généralement ouvert sur la nef mais clos sur l’extérieur par des portes et fenêtres, tandis que le porche est largement ouvert sur l’extérieur. Un détail d’importance dont le diable pour sa part s’est emparé. Il est donc permis de penser que l’œuvre du Japonais est un porche, qui se dit Pōchi (ポーチ) en japonais.
***
– Francis S., à propos de l’article A Angers, l’union sacrée du Maire, de l’Evêque et du Malin ?
« J’ai bien regardé les projets en détail. C’est RUDY qui avait la solution. Largement devant les autres. Kuma c’est du décorum salle de sport « département gonflette »…! »
Cher Francis. Qu’en pense Terminator, celui qui gagne toujours à la fin ? Bref, France 1 – Japon 1, balle au centre du narthex…
***
– Séverine L., à propos de l’article Au pied de la tour Montparnasse, beaucoup de vent.
« Habitante du quartier Montparnasse, je découvre votre article qui fait pleinement écho à toutes mes interrogations. Je serais intéressée pour collecter davantage d’informations sur le(s) projet(s) de rénovation autour de la Tour, de la tour Maine, du centre commercial Gaïté, de la place de Catalogne (désormais nouvelle forêt urbaine) de l’ouverture de la rue de Rennes, de l’aménagement arboré du bd Pasteur… Merci de me dire comment procéder, comment agir… ? ».
Chère Séverine. A votre service. Pour procéder, je vous conseille d’agir toute seule comme une grande fille. Rien d’autre ?
***
– Stéphane C., à propos de l’article A Paris, il faut arrêter le cirque pseudo écolo de la construction bois !
« Pour rebondir sur cet article, permettez-moi ces précisions : Quand Philippe Auguste au XIIe siècle décide de faire de Paris la capitale de la France, rapidement élevée, c’est en bois qu’il l’a construit et c’est en plâtre qu’il l’habille. […] Pas besoin de crier Victoire même si le Vercors a toujours été un haut lieu de résistance à toute forme d’absolutisme par définition pas très éclairé… Ironie de l’histoire : à la Révolution française dont le Vercors fut un des foyers précurseurs, la statue du roi soleil trônant sur la place des Victoires fut abattue et remplacée par …. une pyramide en BOIS! Enfin, un bâtiment construit en bois de 20 logements à R+5 c’est plus de 225t de CO2 stocké (750kgeqCO2/m3 et non 460) contre 75t de CO2 émis en équivalent béton sur une DVT de 50ans. Le BTP aujourd’hui c’est 80% des déchets produits en France, le secteur du bâtiment résidentiel/tertiaire non compris les impacts de construction, c’est le 1er poste de consommation énergétique et le 2e poste émetteur de carbone…. Si les forêts brûlent ce n’est pas parce qu’on construit en bois…. Quant aux forêts de plantation, n’en déplaise à Francis Halé, mais il y a très longtemps qu’il n’y a plus de forêts primaires en France, et c’est en Amazonie, en Asie du Sud Est, en Argentine qu’on déforeste et que l’on détruit les habitats « vernaculaires » des peuples indigènes au profits de l’agro-industrie… »
Cher Stéphane. OK. Et ?
***
– Mathilde P., à propos de l’article A Noisy-le-Grand, la ZAC Maille-Horizon, un outil de dé-mixité ?
« Je viens de lire votre article concernant le projet Zac Maille Horizon Nord à Noisy le Grand. Je tiens à vous apporter quelques points de réponse car, en tant que nouvelle habitante, je ne peux vous laisser dire autant d’inepties ». Suit un très, très, très long courrier racontant, plein d’émotions, depuis la naissance il y a quarante jusqu’à aujourd’hui au fil des déménagements, des histoires de banlieue parisienne.
Chère Mathilde. Merci de votre courrier mais nous ne sommes que journalistes, pas psychologues. Je suis heureux que cet article vous ait touchée à ce point et j’espère que vous trouverez votre bonheur à Noisy-le-Grand.
***
– Jean-Baptiste S., à propos de l’article A Noisy-le-Grand, la ZAC Maille-Horizon, un outil de dé-mixité ?
« L’article laisse entendre que Noisy-le-Grand est la ville la plus peuplée du département de Seine-Saint-Denis. C’est erroné, Montreuil ou Saint-Denis ont presque deux fois plus d’habitants, pouvez-vous corriger ? »
Cher Jean-Baptiste. Merci de votre lecture attentive. Non seulement nous avons corrigé l’article mais aussi condamné l’auteure à faire le tour de la Seine-Saint-Denis à vélo. Elle a fait appel !
***
– Nina M., via le formulaire de contact
« Je vous contacte car nous réalisons des bureaux qui ont parfois une architecture assez remarquable. Je voulais en discuter avec vous et voir si cela pouvait être d’intérêt pour une publication ».
Chère Nina. Parfois ? Et les autres fois, elle est comment l’architecture ?
***
– Catherine L., via le formulaire de contact
« Votre projet est très innovateur et très attractif. Je suis sportive donc ce centre m’intéresse énormément. [… mon CV …] C’est pourquoi je me permets par avance de vous proposer ma candidature. Je suis rigoureuse, le sens du relationnel, et surtout la conscience professionnelle et très motivée. Je vous souhaite une bonne fin de construction et suis votre entreprise ».
Chère Catherine. A vous aussi, bonne fin de construction. Et la santé surtout…
***
– François C., à propos de l’article Pas de quartier pour la campagne.
« J’aime bien chronique, que je pensais critique. Mais alors là, quand une journaliste vous assène : « Peut-on s’épanouir à la campagne autant qu’en ville ? J’en doute », ben moi aussi j’en doute, mais de son impartialité de journaliste… Sûr que si on cherche la campagne à la ville, comme Julie, on n’y trouve pas son compte et réciproquement. Qu’elle me rappelle la prochaine fois où elle sera de sortie, je lui ferai voir ma collection de nains de jardin et mon ermite d’apparat ».
Cher François. Transmis à Julie à qui la chanson Le Loir et Cher de Michel Delpech file de l’urticaire.
***
– Thibault S, via le formulaire de contact.
« Bonjour ! Je veux Désinscription à la newsletter. Je ne reçois plus votre newsletter. Merci votre confiance ! ».
Cher Thibault. Euh, une aspirine peut-être ?
Propos recueillis (involontairement) par la rédaction
PS : Quelques mails auraient mérité leur place dans cette chronique mais, par égard à la sensibilité (sensiblerie ?) de leurs auteur(e)s, qui en seront soulagé(e)s, nous nous abstenons de les publier. Ce sera aux exégètes de se régaler.