Raf Listowski Atelier d’architecture a livré en février 2021 la réhabilitation et transformation d’un bâtiment historique en quatre logements et deux bureaux au 14 rue de l’Ancienne-Comédie à Paris (VIe). Sur une surface totale de 1200m² (442 m² de bureaux ; 760 m² de logements), pour un montant des travaux de 3,45 M €, un nouveau patrimoine, côté cour. Communiqué.
« La Minerve surmontant la corniche du troisième étage et la plaque commémorative placée sur la façade du numéro 14 désignent explicitement l’immeuble comme celui qui a donné son nom à la rue de l’Ancienne-Comédie. La sculpture d’Étienne le Hongre ne constitue pas le seul vestige de cette salle parisienne occupée par la « troupe des comédiens ordinaires du Roi » créée en 1680 par Louis XIV », assure l’historien Pascal Simonetti.
Le projet architectural
Pour cette réhabilitation et rénovation complète d’un bâtiment existant situé dans une cour d’immeuble au 14 rue de l’Ancienne-Comédie, l’intervention se concentre sur l’ancienne cage de scène de ce qui fut le théâtre des Comédiens-Français dessiné par François II d’Orbay, où joua dès 1689 la troupe de la Comédie-Française et ce jusqu’en 1770.
Le bâtiment a fait l’objet de nombreuses mutations fonctionnelles et formelles au fil des époques : démolition de la salle qui occupait l’actuel volume de la cour, transformation en immeuble de rapport des parties sur rue contenant les distributions et le foyer, transformation du volume de la scène en ateliers de décors, ateliers de stockage et à la fin du XXe siècle en immeuble de bureaux.
Le projet consiste en une réorganisation totale – tant fonctionnelle qu’architecturale – de ce bâtiment de bureaux.
L’ensemble des parties présentant une valeur historique ou artistique ont été le sujet d’une étude historique et scientifique menée à la demande de la Ville de Paris et de la direction du patrimoine du ministère de la Culture et de la Communication.
Les rez-de-chaussée, le premier étage ainsi que l’entresol sont réaménagés en locaux professionnels. Les surfaces des rez-de-chaussée et de l’entresol forment une seule entité, tandis que le premier étage est indépendant.
L’entresol est aménagé en caves (à l’usage des logements) et accueille également l’ensemble des locaux techniques. Les étages supérieurs sont occupés par les logements à raison d’un lot par étage. L’entrée est commune aux locaux professionnels et aux logements tout comme la distribution de l’immeuble. La modification d’une partie du rez-de-chaussée permet d’assurer l’accessibilité à la totalité de l’immeuble.
L’ensemble de la distribution verticale de l’Ancienne-Comédie a été repensé. Les deux escaliers préexistants ont été remplacés par un seul ouvrage placé au fond de l’immeuble afin de dégager la totalité de la façade sur cour, seul côté du bâtiment autorisant des vues principales.
L’ensemble des parties maçonnées préexistantes, comme les charpentes de la toiture et du dessous de scène ainsi que la couverture existante ont été conservées ; l’ensemble de la façade « mur rideau » et les éléments de distribution ont été déposés ainsi qu’une partie des planchers.
La recherche s’est portée vers un langage architectural permettant de répondre tant à la « fonction bureau » qu’à la « fonction habitat » mais aussi de résoudre la question de la promiscuité entre les différentes parties donnant sur la cour.
« La typologie des logements a favorisé le positionnement de la nouvelle façade – en retrait par rapport à l’alignement actuel – faisant ainsi augmenter la profondeur de la cour », souligne Raf Listowski.
La volumétrie
La volumétrie est volontairement simple. S’abstenant de tout monumentalisme, le dessin des menuiseries et le traitement des ossatures sont identiques s’accordant aux locaux professionnels comme aux logements.
Dans le nouveau volume de la façade, les jardinières intégrées aux balcons créent un filtre entre les logements et la cour, tandis qu’aux derniers étages la volumétrie et les ouvertures sont traitées à l’identique de l’existant.
Au sein du volume de la toiture – entièrement conservé – prend place un unique appartement offrant une mise en valeur de la charpente existante.
Sur la partie arrière de l’immeuble, dans le volume du bâtiment, une courette est découpée symétriquement à la courette de l’immeuble mitoyen situé côté rue Grégoire-de-Tour. Cette percée verticale apporte de la lumière dans les espaces de l’immeuble avec une profondeur inhabituelle tout en désenclavant la façade sur cour de l’immeuble mitoyen.
Le pied de l’immeuble est entièrement rénové, la cour anglaise l’est également. Les escaliers et la bordure de trottoir sont enlevés, l’immeuble étant désormais accessible de plain-pied. La réduction du nombre d’obstacles fonctionnels et visuels offre une réappropriation réciproque des espaces.
L’intervention modifie l’usage du bâtiment et en transforme de nombreuses parties, mais elle se veut respectueuse du site. Ainsi, l’intervention reste strictement contenue dans le gabarit de l’existant.
Lorsque cela s’avère nécessaire des ouvertures ont été pratiquées dans les volumes neufs afin de garantir un bon niveau d’éclairement tout en conservant intactes les fenêtres existantes sur cour dans les parties maçonnées qui sont toutes conservées. Le découpage et les retraits de façade des logements (côté cour) permettent de conduire la lumière naturelle en profondeur dans les pièces afin d’en garantir la luminosité.
« Ce bâtiment renoue avec une certaine tradition d’occupation des fonds de parcelles et d’intérieurs d’îlots, caractéristique de l’architecture industrielle et fonctionnelle parisienne faite de verre et de fer. Une certaine simplicité formelle assure la mise en valeur du bâti préexistant et de la mémoire de l’Ancienne-Comédie », conclut Raf Listowski.