Aurélien Chen a vécu 15 ans en Chine. Architecte et photographe d’architecture, il a été témoin de la transformation urbaine et sociale d’une ville olympique, deux fois. La nostalgie camarade ?
Retour en cette folle année 2008. La Chine se prépare à accueillir les Jeux Olympiques d’été. Bientôt le monde entier affluera à Pékin et la ville prépare un événement hors normes. Tandis que les ouvriers s’affairent à construire le site olympique, les bâtiments iconiques sortent de terre ; ils deviendront rapidement des signaux urbains et des symboles de la ville. La Chine s’apprête à accueillir le monde entier, et à lui montrer sa puissance et sa capacité à organiser un événement de cette ampleur.
Alors que Pékin accueillait en février 2022 les Jeux Olympiques d’hiver, la pandémie et le contexte géopolitiques ont fait de cette édition une édition radicalement différente de celle de 2008. On n’y a retrouvé ni la même frénésie, ni la même excitation, ni l’incroyable dynamique qui ont caractérisé l’édition 2008 et qui ont participé à la métamorphose de Pékin.
Seulement 14 années se sont écoulées depuis 2008. Lorsqu’en 2019 je retrouvais dans mes archives ces clichés, un sentiment de nostalgie s’en dégageait, comme s’ils témoignaient déjà d’une autre époque. En une décennie, les infrastructures olympiques ont été intégrées dans la ville et participent à son identité, tout du moins en sont-elles devenues des symboles ; la Chine avait changé.
Mais entre 2019 et 2022, c’est le monde entier et non seulement la Chine qui a radicalement changé : la pandémie de Covid19 a bouleversé l’équilibre mondial, les pays et leurs habitants ont dû s’enfermer, se sont refermés.
Pékin est la première ville de l’histoire des Jeux Olympiques à avoir accueilli les Jeux d’Eté ainsi que les Jeux d’Hiver, et cela en l’espace de quelques années. Lorsque je revois ces clichés datant de 2008 et que j’observe le contexte dans lequel se sont déroulés les Jeux de 2022, je suis pris d’un sentiment de nostalgie. La Chine et le monde ont tellement changé. Le même événement, dans la même ville ; mais il n’y a plus cette naïveté, cet enthousiasme ou cette confiance en l’avenir. Le slogan olympique en 2008 était « Un monde, un rêve » ; celui de 2022 est « Ensemble vers le futur ». Deux slogans tellement similaires mais au goût tellement différent.
La première série de photographies, « Sur le chantier du site olympique », est un documentaire brut depuis l’intérieur du chantier, témoignage de l’ampleur du projet.
La deuxième série, « De l’autre côté des barricades », témoigne de la construction du site olympique depuis l’extérieur, depuis la ville. On peut sentir l’excitation des Pékinois, tellement curieux qu’ils cherchent par tous les moyens à entrevoir le site olympique, à se prendre en photo devant ces futurs monuments de fierté nationale.
En même temps, la ville alentour n’a pas encore été métamorphosée, créant ainsi un moment éphémère au cours duquel la ville et ses modes de vie traditionnels cohabitent avec le futur. Les gens du quartier continuent de se promener, à pied, à vélo, font voler leurs cerfs-volants ; en arrière-plan, les futurs bâtiments iconiques de la ville se dressent, se dévoilent.
Aurélien Chen
(Re)découvrir les Chroniques d’Aurélien Chen
Découvrir plus avant le travail d’Aurélien Chen