C’est sous les pierres de la chapelle des Récollets, à la Maison de l’architecture d’Ile-de-France que le 5 janvier 2017 BétoCib, CimBéton et la fondation école française du béton ont remis les 5èmes Trophées Béton Ecole. Le palmarès était cette année joliment gris, aux accents italiens, et pas guindé, nouveaux ex-étudiants oblige ! Pour une fois qu’un prix ‘étudiants’ accouche d’une récompense professionnelle, cela valait le déplacement !
Alors que plus tôt en matinée, le jury s’était retiré pour délibérer autour de 10 projets finalistes pour n’en retenir que quatre, une marche de plus qu’un podium olympique, les derniers finalistes, encore un peu inquiets pour certains, plus rassurés pour les autres, s’installaient doucement face aux éminences grises. La famille, les amis sont venus faire la claque pour ce qui est pour Pauline Combes, Gaspard Vivien et les autres la première reconnaissance de leur jeune vie d’architecte. Les projets présentés au concours trophée béton école sont les sujets de projet de fin d’études (PFE). Du coup, les écoles sont citées, remarquées, représentées. D’ailleurs, Bruno Mengoli, architecte et directeur de l’école d’architecture de Paris-La Villette, présidait le jury.
Qui dit école d’architecture, dit ministère. Alors, Hélène Fernandez, sous-directrice de l’architecture, de la qualité de la construction et du cadre de vie du ministère de la Culture et de la Communication avait bonne place dans le jury. Elle était accompagnée, entre autres, de Paul Chemetov, ainsi que de Philippe Prost, récemment nommé par le Royal Institute of British Architects (RIBA). José Ignacio Linazasoro Rodriguez amenait la touche internationale et Claire Lebert, directrice du projet Paris-Saclay, assurait le regard du maître d’ouvrage. L’ingénieur Philippe Clement avait également fait le déplacement. Un joli casting, complet, pour un prix étudiant qui avait en plus le mérite de respecter le délicat exercice de la parité !
Un concours de plus dans la famille des récompenses architecturales, ici s’intéressant aux PFE d’étudiants. Autour d’un matériau devenu le prétexte à la compétition, les professionnels peuvent se faire une idée plus spécifique de la qualité technique des nouveaux arrivants. Ce que souligne Claire Barbou, architecte et organisatrice du trophée. «S’il s’agit d’évaluer les qualités architecturales et techniques des PFE, nous ne sommes pas un concours d’images !», dit-elle.
En effet, toute la dimension qualitative des projets s’exprime dans les présentations qui en sont faites, résumées brièvement au public du soir. «C’est la clarté de la pensée qui fait la cohérence de la proposition», continue Claire Barbou. De fait, les propositions sont variées, allant de la restructuration de sites industriels à la construction de maison neuve utilisant un béton local fabriqué avec des aiguilles de pins des landes ou en mettant en œuvre le matériau détruit pendant les bombardements de Beyrouth. Tantôt en bord de mer, tantôt en montagne, en France, en Italie, les enjeux sont sociaux, économiques, culturels, plus qu’esthétiques.
Le concours a pour but de parrainer les jeunes architectes et de leur offrir une visibilité́ à l’orée de leur vie professionnelle. Il récompense par ailleurs, parmi les jeunes diplômés, ceux dont le projet de fin d’études valorise les qualités esthétiques, environnementales et techniques du béton. La cinquième édition de cette compétition a vu se bousculer 140 projets, ce qui n’est pas négligeable pour une jeune organisation et explique la qualité des membres de son jury.
Pour Hélène Fernandez, «le concours arrive au moment où le cap du PFE est passé, cette figure un peu mythique pour les architectes. Les Trophées Béton sont entre la fin des d’études et le début de la vie professionnelle». Sauf que pour participer au concours, il a pour certains fallu faire doucement évolué leurs PFE pour les faire entrer dans le protocole. Aujourd’hui, le concours place le projet proposé comme continuum du PFE, «un pied dedans, un pied dehors», entre le projet de recherche universitaire et les premières expériences d’architectes. Alors finalement qu’est ce qui est récompensé ? Un projet de diplômé ? Un projet de professionnel ? Difficile d’y voir complètement clair.
En revanche, une fois n’est pas coutume, ce trophée offre l’occasion de reconnaître l’enseignement et l’engagement des professeurs, dont la mission est aussi d’encadrer les nouveaux professionnels et de renforcer les relations interprofessionnelles, avec les ingénieurs notamment. D’ailleurs, ce soir-là dans la salle, des professeurs avaient fait le déplacement pour soutenir leurs anciens élèves, à l’image de Robert Shlumberger, qui assurait en binôme avec Jean-Bernard Cremnitzer, l’encadrement du diplôme de Justin Meuleman à l’ENSA-Rouen.
Le jeune architecte avait choisi de s’intéresser à la réhabilitation d’un silo à grain en béton armé, sur la commune de Valmont en Normandie, prenant en compte la présence du château non loin, comme le passé industriel de la ville. Le Silo du savoir, projet de reconversion d’un silo agricole en centre de recherche en innovation agricole, a déjà reçu le prix du jeune chercheur en patrimoine industriel 2016, catégorie recherche, du Comité d’information et de liaison pour l’archéologie (CILAC) en 2016. «Une façon comme une autre de valoriser nos PFE», souligne Justin Meuleman.
«Il est souhaitable de renforcer le point de passage entre la formation initiale et la recherche et le métier et les enseignements qui en sont le levier d’articulation», explique Hélène Fernandez.
Derrière la modestie des discours et la naïveté de certaines références, le ‘Trophée béton école’ fait preuve d’une ambition qualitative tant architecturale que technique quant aux projets lauréats. Preuve s’il en faut de son intérêt au regard des professionnels architectes, ingénieurs et autre BET structure, c’est qu’au mois d’octobre prochain, seront annoncés les lauréats de la première cuvée du trophée béton, pro cette fois, placé sous la houlette d’Etienne Tricaud, architecte du groupe AREP.
Léa Muller