À Beauvais (Oise), pour la ville maître d’ouvrage, Chatillon Architectes, avec l’agence Nathalie Crinière pour la scénographie, a livré en février 2025 la rénovation du Quadrilatère – centre d’art, une œuvre d’André Hermant des années ‘70. Coût (annoncé en 2021) : 8,60 M€. Communiqué.
Chatillon Architectes a dévoilé le nouveau Quadrilatère de Beauvais – centre d’art contemporain situé entre l’imposante cathédrale de Beauvais, édifiée il y a 800 ans, et les vestiges des remparts gallo-romains de la ville. Par une série d’interventions à la fois subtiles, minutieuses et cohérentes dans leur ensemble, Chatillon Architectes a sublimé l’œuvre d’André Hermant, tout en l’adaptant aux besoins contemporains d’un équipement culturel de premier plan.
« Concevoir des musées et des centres d’art, c’est penser des espaces capables d’évoluer et de s’adapter au fil du temps », explique Simon Chatillon, architecte associé de Chatillon Architectes. « Au Quadrilatère, notre démarche a consisté à proposer une expérience renouvelée, en renforçant le lien entre l’architecture, son histoire et son environnement, tout en garantissant une meilleure accessibilité et en dotant le lieu d’aménagements contemporains durables ».

Conçu en 1976 par André Hermant sur le site de l’ancienne manufacture de tapisserie de Beauvais, détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment a initialement abrité la Galerie nationale de la tapisserie jusqu’en 2013, avant de s’ouvrir à l’art contemporain sous sa nouvelle dénomination : le Quadrilatère.
Son architecture qui se développe horizontalement à hauteur du rempart Gallo-Romain, contraste avec la verticalité de la cathédrale gothique adjacente qui abrite le plus haut chœur gothique du monde. Pensés comme une succession horizontale de voûtes en béton armé, les espaces intérieurs sont définis par les murs qui soutiennent ces dernières et par de larges baies vitrées qui permettent à la fois de regarder la Cathédrale et les vestiges Gallo-Romain et d’apporter de la lumière naturelle.


Chatillon Architectes a su tirer parti de ce dialogue, en renforçant la relation entre intérieur et extérieur, et offrant de nouvelles expériences de visite, tant par la nouvelle façon de déambuler au sein du bâtiment que par les nouveaux usages que le projet de rénovation a permis d’implémenter.
Visible dès le hall d’entrée, le nouvel escalier monumental constitue la pièce maîtresse du projet de rénovation. L’escalier sculptural en béton enduit s’intègre harmonieusement dans un espace à la géométrie complexe, qui constitue le point d’articulation entre les différentes parties du bâtiment. La main courante en chêne, en écho aux garde-corps d’origine des galeries d’expositions, offre une continuité sensorielle et visuelle, tout en fluidifiant la circulation.

L’organisation complexe du bâtiment, avec ses six demi-niveaux différents, est aujourd’hui résolue par l’introduction de ce nouveau noyau de circulation verticale, composé de rampes et de volées de marches, et complété d’un ascenseur, le tout garantissant un accès total à tous les espaces, pour tous les publics.
Les nouveaux aménagements intérieurs – banque d’accueil, comptoir du café librairie, bancs et casiers – ont été conçus en cohérence avec l’architecture du lieu et avec les matériaux d’origines. Sous les voûtes des galeries d’expositions, des structures en mailles métalliques pensées comme de grands luminaires suspendus, permettent à la fois de rétro-éclairer les voûtes pour les mettre en valeur, d’améliorer significativement le confort acoustique de ces espaces, et d’alimenter en électricité l’ensemble de rails d’éclairages scénographiques ainsi que les équipements de sécurité indispensables.
Une transformation majeure est la création d’une passerelle permettant aux publics de déambuler à l’intérieur de la crypte archéologique, autrefois visible uniquement depuis les espaces d’expositions, aux travers de simples baies vitrées. Une attention particulière a été apportée au design de cette passerelle, contemporaine et élégante, qui semble flotter aux dessus des vestiges.


Conçue en collaboration avec les archéologues de la ville afin de ne pas endommager les vestiges, elle est composée d’une structure métallique recouverte d’un platelage en bois et accompagnée d’un garde-corps en verre. Ce dernier est, là encore, couronné d’une lisse en chêne qui intègre également un bandeau LED permettant d’éclairer la passerelle sans perturber la lecture des vestiges. Cette passerelle permet désormais aux visiteurs de découvrir les vestiges gallo-romains mis à jour et les strates historiques du bâtiment. Un parcours didactique le long de la passerelle offre un aperçu de l’histoire du site, avec des artefacts découverts lors des fouilles et exposés le long du circuit.
Le Quadrilatère rénové offre désormais aux visiteurs un parcours repensé et des espaces modernisés : galerie d’expositions, auditorium, café boutique, ateliers pédagogiques pour les enfants et un centre d’interprétation du patrimoine et de l’architecture. La café-boutique s’ouvre sur un nouveau jardin paysager, conçu en collaboration avec Studio M, offrant un espace de détente tout en valorisant la relation entre l’intérieur du musée et son environnement. Le dialogue avec la cathédrale est renforcé par des vues soigneusement cadrées depuis les espaces d’exposition, tandis que le nouveau mobilier extérieur s’inspire du langage architectural d’André Hermant.
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