Esprit de famille autant que génie du lieu. «Notre architecture affirme le primat de l’expérience vécue et des sensations et place l’individu, ses émois, sa culture et son histoire au coeur du projet», écrivent Mathilde Gaudemet et Arthur Ozenne, fondateurs en 2014 de l’agence Dixneufcentquatrevingtsix. Cette extension de 90 m², livrée en octobre 2016 pour un coût de 280 000€ HT, en témoigne. Communiqué.
C’était une résidence secondaire sans caractère particulier. Benoît et Roselyne souhaitaient y réunir épisodiquement enfants, petits-enfants et amis. La réponse de Dixneufcentquatrevingtsix consiste en une extension généreuse de 90m² qui respecte les codes locaux et projette pourtant la maison dans l’avenir.
Sur un terrain enclavé, entre végétation et vallonnement, et fractionné en trois niveaux de terrasses soutenues par des murs de pierres sèches, se dressait un mazet typique de la région gardoise.
Dans ce paysage partagé entre verdure et minéralité, naît du sol un volume en béton, monolithique et sculptural, qui résonne avec la mémoire du site, jadis une carrière. Ce volume se joue de la lumière et des ombres qui révèlent sa forme facettée et affirment sa présence et sa contemporanéité sans pour autant nier sa parenté avec le mitoyen.
A l’instar du mazet existant, l’extension se développe en deux corps de bâtiments accolés ; le premier, formant un carré, d’environ 5 mètres sur 6 (qui correspond aux dimensions courantes des petits mas de la région), le second, rectangulaire et d’un seul niveau.
De façon analogue aux mazets de l’Uzège, des ouvertures étroites sont positionnées à l’est et au sud afin de se protéger des fortes chaleurs en été et du froid en hiver. Le mistral, n’autorise que très peu de percements au nord, hormis celles de la terrasse, qui évoquent les petites ouvertures que l’on trouvait traditionnellement au niveau du grenier pour y observer la migration des grives.
Par ses dimensions, son orientation, ses ouvertures et sa matérialité le projet s’inscrit dans la logique des constructions existantes. Il transpose les codes archétypaux du mas provençal traditionnel en réinterprétant les caractéristiques typologiques de l’existant dans une écriture architecturale contemporaine. La maison est un abri qui véhicule un sentiment de sécurité, protégé du climat ensoleillé, d’une luminosité intense mais aussi de ses violentes intempéries.
Pas ou peu de porosité donc, entre intérieur et extérieur, les ouvertures sont des écrans, des cadrages photographiques sur le paysage. Elles séquencent le parcours des occupants, des espaces privatifs aux espaces communs jusqu’aux terrasses et jardins. La démultiplication des espaces intérieurs (chambres, salle d’eau, salons) et extérieurs (piscine, jardin bas, niveaux de terrasses, terrasse R+2) permet de préserver l’intimité et le rythme de chacune des trois générations réunies sous ce même toit.