À Paris (XXe), le Groupe Terrot, maître d’ouvrage, a livré en mai 2023 la réhabilitation et surélévation d’une ancienne manufacture. Surface : 2 444 m² (dont 1 700 m² réhabilitée et 838 m² en extension). Budget : N.C.. Maître d’œuvre : AAVP (Vincent Parreira). Communiqué du promoteur.
Face à diverses contraintes à la fois liées au bâti (physiques, thermiques, acoustiques) mais également au contexte urbain parisien (densité et raréfaction du foncier disponible), Akirya est un projet exemplaire par sa composition entre patrimoine et contemporanéité.
Sensible aux problématiques sociétales, sociales et environnementales, le Groupe Terrot offre des solutions durables, innovantes et très peu exploitées selon deux axes majeurs : restructuration et surélévation.
Valoriser le caractère industriel, améliorer la qualité de vie des usagers ainsi que la performance énergétique du bâtiment sont des partis pris forts dans la conception du projet.
Une philosophie du déjà-là
En décembre 2017, le Groupe Terrot acquiert un bâtiment vacant dans le XXe arrondissement de Paris, au cœur d’un environnement hétéroclite et dense. Il s’agit à l’origine d’un bâtiment industriel d’entre-deux-guerres (une ancienne manufacture de vêtements) transformé dans les années ’60 pour un usage de bureaux, avec une configuration traversante reliant la rue Frédérick Lemaître à la rue Levert.
Revaloriser, reconvertir le patrimoine bâti, qu’il soit protégé ou non, signifie se réapproprier le lieu en réparant et révélant son histoire. Par ce travail, le projet s’inscrit dans le tissu urbain à sa juste mesure, avec subtilité et sobriété.
Face au potentiel du bâtiment, les choix se sont axés sur la démolition des combles, la réhabilitation du bâti existant en R+3, la création d’une surélévation à la structure légère en bois et acier, enveloppée de grands panneaux verrières sur les deux étages, ainsi qu’un deuxième niveau en sous-sol.
Une transformation sur mesure : composition et nouvelle organisation spatiale
L’accès principal d’Akirya se situe rue Frédérick Lemaître mais il existe également un accès secondaire, via une cour extérieure, rue Levert. Au sein de cette cour, une surface végétalisée s’insère, offrant aux usagers un espace d’agrément extérieur. Lorsque nous entrons dans le bâtiment, nous découvrons un hall d’accueil traversant créant un lien avec la cour. Cet espace dessert des salles aménagées à usage de bureaux, un local vélos de 31 m² et un local poubelles.
Deux circulations verticales situées en position centrale sont accessibles directement depuis le hall.
Un premier escalier existant a été recréé jusqu’à être prolongé à l’identique sur les deux étages de la surélévation, et fait face à deux ascenseurs. Un nouvel escalier trouve place dans une ancienne cour intérieure. Il est surmonté par une verrière en plancher haut du R+5, procurant ainsi un apport généreux de lumière naturelle.
Les façades de cette cour ont été démolies à l’exception de l’ossature béton, laissant la place à la création de grandes baies vitrées, dégageant vues et lumière sur les plateaux.
Les trois étages du bâtiment existant et les deux étages de la surélévation sont aménagés en plateaux de bureaux. La structure d’origine en système poteaux-poutres béton est conservée, et dans une volonté architecturale de retrouver l’aspect industriel, les poutres des planchers existants sont laissées apparentes.
La surélévation est intégrée en retrait afin de respecter le gabarit du PLU. Conçue sous forme d’un volume vitré, sérigraphié et habillé d’un voilage, elle se révèle dans une grande légèreté pour s’effacer au profit du volume existant, notamment depuis la rue. Ce jeu volumétrique offre ainsi la possibilité de créer des terrasses. Afin de réduire son poids, la surélévation se compose d’une structure métallique poteaux-poutres avec des planchers bois de type O’portune, et repose sur une dalle de répartition créée en plancher haut du R+3.
La toiture terrasse est partiellement accessible. En effet, un espace végétalisé constituant une partie non accessible a été conçu afin de mettre à distance les vues depuis les riverains. L’accès se fait par un ascenseur et un escalier à l’air libre reliant le patio du R+5 à la toiture. Le tout est habillé d’un platelage en bois massif sur plots et lambourdes sur étanchéité.
Les façades de la surélévation sont réalisées en double peau vitrée. La peau extérieure se constitue d’une juxtaposition en panneaux vitrés de teinte extra-claire, avec un joint creux entre chaque panneau créant une ventilation naturelle des espaces de travail.
Afin de préserver l’aspect vitré et uniforme, des voiles sont disposés au droit des limites mitoyennes sud et nord, empêchant toute vue sur les riverains. La peau intérieure est conçue sous forme d’un mur rideau, avec des ouvrants à la française afin d’accéder aux terrasses.
Le traitement des façades et le langage contemporain de la brique
Une attention particulière a été portée à la réhabilitation des façades existantes et à leur matérialité, ainsi qu’aux ouvertures. Le traitement des façades évoque l’aspect industriel du bâtiment d’origine qui était constitué d’une ossature en béton et d’un remplissage de briques issues des carrières parisiennes et étanchées par des couches successives d’enduit de ciment.
Le langage de la brique est par conséquent resté le support de la réhabilitation, constituant un langage entre l’histoire et le contemporain. Un jeu de très longues briques posées en relief et en quinconce caractérise les étages de ces façades. La teinte de la brique moulée main, joue dans ces nuances de gris chaud afin d’accentuer la variation de la lumière et de l’ombre sur la matière de terre cuite.
D’autre part, le bâti qui présentait à l’origine de grandes ouvertures de type industriel ont été réduites lors de la conversion de l’immeuble en 1961. Ces ouvertures retrouvent un format plus large d’origine offrant un apport généreux de lumière naturelle ; ainsi que les menuiseries en acier noir grenaillés avec un format similaire à celles des années ‘30 : de grandes ouvertures recoupées en petits carreaux. Les garde-corps en verre extra blanc, au scellement invisible sont légèrement inclinés et reflètent par leurs orientations le paysage urbain environnant.
Dans les niveaux de la surélévation, la hauteur sous plafond étant plus réduite, des baies toute hauteur ont été conçues, s’effaçant derrière la peau vitrée extérieure. Un rideau textile pour extérieur est intégré entre les deux peaux assurant une protection solaire.
De larges ouvertures au rez-de-chaussée sont recréées, rythmant la façade sur rue et créant elle aussi un apport lumineux. La façade sur cour est traitée à l’image de la façade sur rue. Enfin, aucune descente d’eaux pluviales n’est visible en façade, cheminant toutes à l’intérieur du bâtiment.
L’ensemble des menuiseries extérieures est en acier thermolaqué de teinte noire, avec un traitement grenaillé. Les façades surmontant la verrière, au droit de la partie de la toiture la plus haute, sont habillées en cassettes métalliques thermolaquées de teinte claire.
Une résille métallique et ajourée, de finition laquée teinte laiton/or, assure la sécurité et l’intimité des bureaux au rez-de-chaussée. Dans les étages existants, la protection solaire se fait par des stores extérieurs à l’italienne ou stores à projection, avec toile précontrainte microperforée et opaque, de teinte claire sombre.
La verrière au-dessus de l’escalier de la cour intérieure est traitée en système de mur rideau fixé sur des profilés acier et ancré à la structure existante.