SOL Architecture (Hélène Reinhard), avec Grand Huit Architectes, a livré en 2023 à Trappes (Yvelines), pour la ville maître d’ouvrage, le renouvellement du groupe scolaire Jean Macé. Surface : 2 360 m² ; budget travaux : 2,6 M€ HT. Un ouvrage distingué en 2023 du Prix « Inclusive and friendly spaces » de l’’International Union for Architects’. Communiqué.
Du projet d’école au projet-école
L’agence SOL Architecture & Urbanisme s’est saisie de l’opportunité de la réhabilitation d’une école du quartier populaire Jean Macé à Trappes pour déconstruire les stéréotypes attachés à la rénovation urbaine et réinventer les pratiques de l’architecture en mettant l’accent sur la pédagogie, l’émancipation et bien sûr l’écologie.
Trappes, banlieue parisienne en pleine mutation démographique, attire de nouvelles familles souhaitant s’éloigner de Paris tout en restant connectées avec la métropole. Grâce à sa proximité avec la gare, le quartier Jean Macé profite de la nouvelle attractivité d’une ville à la politique urbaine dynamique portée par son maire Ali Rabeh, ancien directeur de cabinet de Benoit Hamon. Afin d’accompagner le renouveau de la ville, la rénovation et l’amélioration des établissements scolaires, et notamment du groupe scolaire Jean Macé, étaient nécessaires.
Construite dans les années 1960, l’école Jean Macé, était devenue obsolète et ne pouvait accueillir les effectifs croissants d’élèves, ni proposer les activités extrascolaires essentielles en de bonnes conditions. Face à cette situation, un projet de réhabilitation et d’extension a été lancé en 2018 afin de transformer l’école et de construire un bâtiment extrascolaire neuf en site occupé. C’est Hélène Reinhard avec son agence Sol Architecture et Urbanisme qui a été lauréate de l’appel de l’offre avec une approche aussi minimaliste dans son impact que maximaliste dans ses effets.
Livré en 2023, le projet de l’agence SOL opère une mutation d’image radicale de l’école. Soucieuse de préserver le caractère stimulant de l’école originelle – une agrégation de pavillons blancs aux toits plats et hauteurs variées dans la pure tradition « Moderno » –, SOL lui adjoint des volumes en structure bois aux pentes variées, et réhausse les façades extérieures comme les espaces intérieurs d’un camaïeu de couleurs, dans une liberté affirmée de mélanger matériaux, volumétries pour un projet haut en couleur.
Fondé sur un diagnostic prouvant qu’il est possible de faire deux équipements en un, plutôt que d’édifier un bâtiment autonome sur les surfaces extérieures de la cour, le projet optimise l’école existante en transformant ses circulations et créant un nouveau hall d’entrée, de sorte à édifier les espaces périscolaires dans leur continuité. L’école est ainsi augmentée et sa chronotopie bouleversée par une approche qui pourtant relève de l’acuponcture, livrant un bâtiment désormais optimisé, écologique et énergétiquement efficace.
Cependant le projet va bien au-delà de la seule transformation de l’école, et s’inscrit dans une démarche politique engagée. Pour le respect de l’environnement et le bien-être des usager·e·s, l’accent est mis sur l’utilisation de matériaux écologiques et bio-sourcés, notamment le bois et la terre crue. Ces choix ont permis l’intégration de savoir-faire artisanaux, comme la construction de murs de briques de terre, une pratique encore jamais mise en œuvre par l’entreprise désignée. Le choix de filières sèches, la logique de réemploi d’espaces participent à la mise en valeur de l’écosystème local.
De plus, l’architecture de l’équipement est pensée pour favoriser l’éveil et le processus d’apprentissage des enfants qui ont été impliqués, avec leurs enseignant·e·s, dans des ateliers pédagogiques autour de la transformation de leur école. Les nouveaux espaces offrent une variété de tailles, de couleurs et de matériaux, incitant à la curiosité et à l’exploration. Des alcôves créent des espaces d’intimité au sein des espaces ouverts, et des jeux de couleur et de hauteur sur le mobilier permettent aux enfants comme au personnel de s’approprier les espaces selon leurs envies et besoins. La flexibilité de l’espace devient ainsi un véritable outil pédagogique au service de la créativité, de l’imagination et de pratiques collectives.
Ce projet d’école est ainsi devenu un projet-école, pour les enfants comme les enseignant·e·s, pour les ouvrier·e·s comme pour les architectes qui ont pu tester des dispositifs spatiaux, étudier des modalités de fabrication, enrichir leur compréhension du territoire et globalement développer une approche collaborative à l’échelle de la cité. Du projet-école au cas d’école, le renouvellement du groupe scolaire Jean Macé à Trappes est à ce titre un exemple inspirant de la transformation d’un établissement scolaire au service d’un projet de société. Cette dynamique vient d’être saluée par le Prix « Inclusive and friendly spaces » de l’IUA, remis au groupe scolaire Jean Macé le 8 juin 2023.
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