Dr. Nut et Aïda Ash sont sur la piste de Dubois, architecte et tueur en série de femmes généralement blondes aux yeux bleus, tout comme Ethel Hazel, sa psychanalyste, laquelle se demande pourquoi il l’a laissée en vie. Le fait d’aimer l’autre, de construire pour l’autre, ne serait-il que la manifestation de l’amour de soi ?
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« La magie du réel est pour moi l’« alchimie » de la transformation des substances matérielles en sensations humaines […] ».
Peter Zumthor
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Ethel Hazel, psychanalyse 73 rue Labrouste à Paris, malgré tout le recul professionnel qu’elle tente de s’imposer, ne cesse de penser à Dubois l’architecte. Il sera là dans quelques minutes et elle se souvient que la dernière séance s’est interrompue sur l’évocation par l’homme de l’art de sa nuit passée avec elle. « Une première », avait-il dit. Pourquoi ? Parce qu’elle a survécu ? En ce cas, pourquoi a-t-elle survécu ? Parce qu’elle était consentante ? Parce qu’elle a aimé ça ? A-t-elle voulu se suicider en invitant Dubois chez elle ? « L’amour est un genre de suicide », explique Jacques Lacan ! Sa propre introspection fait frémir la thérapeute.
Ding Dong
Dubois est à l’heure, en tenue d’été, pantalon de toile blanc et polo bleu Grèce. Ne serait-ce son casque et ses gants, il donne l’impression d’arriver de la plage. Ethel Hazel porte un pantalon léger bleu Grèce et un chemisier blanc. Elle donne l’impression à Dubois de n’avoir pas vu la plage depuis longtemps.
Ethel Hazel (elle se souvient de l’homme qu’il était quand elle l’a rencontré, il était marié et comptait au moins dix kilos de trop, elle le voit aujourd’hui plutôt en forme, bronzé, le corps élastique comme il s’installe sur le divan) – On dirait que vous arrivez de la plage.
L’architecte (tout sourire) – non, pas exactement, pas aujourd’hui. Mais j’ai passé trois jours et deux nuits en Bretagne cette semaine, pour relancer mon chantier après les congés.* J’en profite toujours pour aller à la plage justement ou à la pêche ou les deux. Mais il va me falloir gagner un autre concours en Bretagne si j’aime les crêpes Suzette car ce projet devrait être bientôt livré. Non, là j’arrive de Montmartre, où j’ai un projet de 14 logements, vous vous souvenez ?
E.H. (qui ne peut s’empêcher de frémir, croyant deviner – non, sachant – ce qu’il entend par « aller à la pêche ») – Quatorze logements à Montmartre… oui, oui, maintenant que vous me le dites. Vous avez le même amour pour chacun de vos projets ?
L’architecte (surpris) – Amour ? Je ne dirais pas cela…
E.H. – (avait préparé sa question car elle sait que l’amour, plus précisément le discours sur l’amour passion ou le désir amoureux, est le principal sujet de toute psychanalyse) – Vous-même ne m’avez-vous pas dit « aimer » votre métier ? Peut-on aimer sans amour ?
L’architecte – Certes j’aime mon métier avec passion et il y a sans doute plusieurs façons d’aimer. Pour autant, je ne suis pas amoureux de mes bâtiments – je suis fétichiste sans doute, comme tout un chacun bardé d’amulettes – et je ne collectionne pas mes « œuvres », je garde peu de maquettes, peu de photos. La preuve, quand le projet est livré, je m’en débarrasse émotionnellement assez facilement, il ne m’appartient plus et j’espère que les usagers ou locataires ou propriétaires, peu importe, en seront heureux. Même si parfois, sur certains projets, je n’en mettrais pas ma tête à couper… Donc oui, évidemment, il y a des ouvrages qui m’importent plus que d’autres, pour des raisons variées d’ailleurs, et il y en a quelques-uns que j’aime revoir de temps en temps, les autres je les oublie au sens où ils ne font plus partie de mon quotidien. Ils existent toujours physiquement quelque part dans le monde réel mais ils n’existent plus pour moi et finissent d’ailleurs le plus souvent, par la force de l’habitude, par disparaître de la vue même des riverains.
E.H. (déterminée mais le cœur battant) – Savez-vous que pour Freud, l’amour est avant tout fondamentalement narcissique. Dit autrement, à vous entendre, vous aimez, un ouvrage disons, le temps qu’il vous importe et dès qu’il ne vous importe plus, vous ne l’aimez plus et vous l’oubliez, sans cesser pour autant de vous aimer vous-même. Votre amour, ou vos amours plus exactement, ne sont-ils pas narcissiques, le fait d’aimer l’autre n’est-il pas pour vous que la manifestation de votre amour pour vous-même ?
L’architecte (ne manifeste aucune réaction en écoutant. Si tout amour est narcissique, pense-t-il, pourquoi lui Dubois aime-t-il ses victimes encore et toujours, l’émotion et l’amour – et l’amour oui – sans cesse renouvelés ? Il n’a pas pour autant le sentiment de s’aimer lui-même plus que de raison. Au contraire, il ne s’aime pas, ne s’est jamais aimé. Il n’a pas non plus l’impression d’être imbu de lui-même. Après avoir pris le temps de répondre) – « Le fait d’aimer l’autre, de construire pour l’autre je me permets d’ajouter, ne serait que la manifestation de l’amour de soi ? » dites-vous. Voilà qui ferait une belle définition pour les architectes !!! Ils disent construire pour les autres mais s’inquiètent surtout du montant de leurs honoraires !!! Non que ce ne soit pas une pensée légitime ; c’est la loi des grands nombres, il est impossible de demander aux architectes d’être tous des génies. Si la moitié d’entre eux se contente de faire un peu mieux que la moyenne, c’est déjà pas mal à mon avis. Au fond, l’amour de mon métier, et peut-être l’amour tout court, peut être envisagé sous un autre angle. Il y a en effet passion et passion. Il y a les passions dont les petites gens se font une montagne, et il y a la passion qui fait gravir la montagne, qui ouvre la porte à l’extraordinaire, au talent, à l’élégance. C’est elle qui fait le sel d’un métier et d’une rencontre. Ne dit-on pas dans votre métier qu’il y a des « passions dévorantes » ?
E.H. (pugnace) – Avec vous, qui se fait dévorer ?
L’architecte (pensif) – Il me semble que le plus souvent, c’est l’architecte qui est dévoré tout cru par de puissants et arrogants maîtres d’ouvrage. Pour autant, l’architecture même passionnée peut-elle à elle seule combler un architecte ? C’est possible j’imagine. Tout dépend de la hauteur des ambitions. Vous savez, si je ne veux plus m’embêter à mon âge, je fais du logement en VEFA et roule ma poule : plus de soucis d’argent, plus de prises de tête puisque c’est le promoteur qui commande, plus de problèmes de recrutement car il me suffit alors de recruter des talents moyens pour faire de l’architecture au mieux moyenne, c’est possible dès demain et j’aurais d’autant plus de temps à consacrer à mes autres passions. Je continue pourtant à travailler. Il m’est difficile d’expliquer pourquoi. Parce que je ne sais pas faire autre chose ? parce que je crains l’ennui ou la solitude ? Non, je crois sincèrement être animé par la passion de l’architecture, j’essaie seulement, avec l’expérience, d’être dévoré moins sauvagement
E.H. – Pour autant, cette passion ne suffit pas à vous combler ?
L’architecte (avec un grand sourire) – Plusieurs passions, plusieurs amours mais sans doute, je dois l’avouer, tous contingents à mon métier. La réalité est que je ne fais pas exactement ce que je veux mais au moins j’essaye. Parce que si l’amour est imaginaire, une sorte de construction personnelle du monde, il s’adosse aussi au réel, ce qui, pour un architecte, est bien le moins.
E.H. (pensive ; Dubois vient-il de citer Lacan qui écrit que « dans l’amour se trouve la contingence de la vérité par rapport au réel » ? ou est-ce un pur hasard ? Après une seconde de réflexion) – Une autre thèse de Lacan est que « c’est du manque dans l’Autre que s’origine la demande d’amour, la demande d’être aimé ».
L’architecte (toujours souriant) – Quel architecte et, au-delà, quel homme, ne veut pas être aimé ? Du moment que les choses se font avec élégance et sincérité, comme diraient Eros ou Casanova par exemple… Mais je peux vous retourner la question : quelle architecte et, au-delà, quelle femme, ne veut pas être aimée ? Ad vitam aeternam ? Du moment que les choses se font avec élégance et sincérité…
E.H. (qui ne sait toujours pas si elle a un jour été « aimée ». A-t-elle elle-même jamais « aimé » ? Sur un ton plus pincé qu’elle ne le souhaitait) – c’est à vous de répondre aux questions.
L’architecte (surpris par le ton, ne souriant plus) – Voyons. Être aimé pour toujours, toujours jeune et beau ou belle, c’est parfois en soi un projet de vie. Un architecte quant à lui, s’il adore être aimé ou le souhaite ardemment, se doit surtout de prêter ces qualités– beauté, qualité et habitabilité – à ses bâtiments afin que leur jeunesse en quelque sorte demeure inaltérée au-delà de 50 ans. Chacun de nos bâtiments devrait être un bâtiment de Dorian Grey à l’éternelle beauté. Mais c’est plus facile à espérer qu’à réaliser, et plus facile encore avec un être humain qu’avec un bâtiment, croyez-moi !
E.H. (encouragée par cette dernière mention, elle se lance) – Connaissez-vous le syndrome de la Belle au bois dormant ?
L’architecte (qui cache sa curiosité soudaine) – Je connais l’histoire de Disney, et encore, il ne s’agit sans doute que de souvenirs d’enfance. Mais le syndrome, comme vous dites, de la belle au bois dormant, non, cela ne me dit rien.
E.H. (après avoir pris une profonde inspiration, elle veut que Dubois sente que c’est important) – Alors voilà…
DRINNNN, DRINNNN
La sonnette, qui annonce la fin de la séance, fait sursauter Ethel à qui, déconcentrée, il faut plusieurs secondes, et plusieurs sonneries, pour qu’elle appuie sur le bouton du minuteur. Le temps qu’elle retrouve ses esprits, l’architecte est déjà debout, prêt à partir et la regarde avec surprise. Combien de temps ont duré ces secondes d’inattention, s’inquiète-t-elle ? Mais Dubois, souriant et parfaitement aimable, tout en remettant des gants, interrompt ses pensées.
« Le syndrome de la belle au bois dormant. Voilà un sujet intéressant. Mais puisque c’est vous qui allez devoir longuement parler et m’expliquer tout ça, ce ne peut pas être ici ; après tout, je vous paye pour que vous m’écoutiez – c’est moi qui dois répondre aux questions m’avez-vous rappelé – et non pas donc pour vous écouter », dit-il, laissant échapper un petit rire joyeux. « Pourquoi n’en parlons-nous pas ensemble tranquillement, autour d’un dîner, chez vous, ou chez moi ? Qu’en pensez-vous ? Vous me direz… »
Sur ce, il est déjà parti. Ethel Hazel fait de gros efforts pour contrôler son cœur, son cerveau ne sachant résoudre encore la vertigineuse ambiguïté qui l’habite et qui l’agite. « J’ai une semaine pour y penser », se dit-elle avant de retrouver sa composition. Un autre client doit arriver. De fait Ding Dong. En allant ouvrir, elle se dit qu’à l’avenir, mieux vaut ne recevoir personne juste après une visite de Dubois l’architecte.
(À suivre…)
Dr. Nut (avec les notes d’Ethel Hazel)
DANS LE BUREAU DE DR. NUT, LUNDI 18H29
Dr. Nut a passé une semaine frustrante au possible a essayer d’imaginer où et comment Dubois aurait conçu ses planques. Rien n’apparaît sur les plans des immeubles qu’il a construits ou sur lesquels il a travaillé. Il a fait le tour de tous ses bâtiments parisiens, visité les caves, sondé les murs. Il a même passé deux jours avec les types des réseaux EDF pour relire dans les archives si un de leurs ouvriers avait un jour constaté un truc bizarre, comme un espace ouvert ou vide non indiqué sur les plans. Pas de chance, « c’est tout le temps le cas », lui répondirent-ils. Il se souvient de la blague de l’un d’eux : « Impossible de calepiner un gruyère ». Bref, une autre semaine décevante.
Du coup, il est content de voir arriver Aïda : « peut-être a-t-elle eu plus de chance que moi », se dit-il.
« Bonsoir Patron ! ».
« Une bière ? » demande-t-il, amène.
« Non, merci », répond-elle.
« Bien, je vous écoute ».
« J’ai poursuivi mes recherches cette semaine sur le foulard que portait Gina juste sous son imper. Je commence comme d’habitude par la fiche technique », dit Aïda en posant sa feuille devant le policier.
Fiche technique des vêtements portés par Gina Rossi le jour de la découverte de son corps
Nature du produit : Foulard
Marque : NC
Couleur : Noir et blanc
Taille : 90cm x 90cm
Description : Carré de soie noir à imprimé de petits pois blancs. Liseré blanc en ligne continu et discontinu sur la périphérie du carré
Matières : 100 % soie
État du produit : État moyen, soie très fine, quelques fils non resserrés par endroits laissant presque voir au travers
Autres indications notables : –
Dr. Nut jette un coup d’œil rapide à la note et du regard l’invite à poursuivre.
« Le foulard de Gina est un carré de soie aux dimensions traditionnelles et à l’imprimé classique à pois. Comme nous le savons, la soie est connue pour ses vertus respirantes pour la peau en été et réchauffantes pour le corps en hiver (ah bon ? se dit Dr. Nut). Sur les photos prises lors de la découverte de Gina, on peut apercevoir qu’il était joliment noué près de son cou, coincé entre le col de son imperméable et le col de son pull, comblant l’interstice où le vent et la pluie auraient pu se glisser. Je reste donc sur l’hypothèse précédemment évoquée d’une mort aux prémices de l’hiver ».
Dr. Nut ne disant toujours rien, elle poursuit, un peu hésitante : « pour le reste, les découvertes sont… disons plus délicates ».
« En premier lieu, la soie est une fibre naturellement résistante et très solide. Or, j’ai déterminé que si celle de ce foulard est très douce et de très bonne facture, elle est cependant par endroits presque détissée. On est donc sur un accessoire de qualité mais plutôt ancien, qui a été usé avec le temps ».
« Et ? », pense Dr. Nut, attentif mais toujours silencieux.
« À mon avis, ce n’est pas Gina seule qui aurait pu l’abîmer ainsi, d’autant plus qu’au vu de son allure, elle paraît plutôt soignée et semble prendre soin de ses affaires. (Qui porte des carrés en soie si ce n’est une personne ayant le goût des belles choses, pense Aïda ?)
« En voulant creuser d’avantage, je me suis retrouvée rapidement dans une impasse. Pas l’ombre d’une marque sur le foulard, aucune initiale, logo ou dessin caractéristique d’une marque particulière. Aucun indice nous permettant donc de dater ce foulard en retrouvant son modèle. Au labo, j’ai réussi à trouver une étiquette roulée sur elle-même d’à peine 1 cm², que j’ai eu un mal fou à déchiffrer. Il est écrit, en italique… « Made in Italia… ».
Aïda se tait, espérant une réponse de Dr. Nut. Elle repense à sa joie lors de la découverte de l’étiquette et à sa déception quand elle l’eut déchiffrée. « C’est tout ce que vous avez ? », demande Dr. Nut, sa voix ne trahissant pas son état d’esprit.
Aïda se sent rougir alors elle se replonge dans ses notes.
« Je suis restée coincée là-dessus quelques jours, en me demandant que faire de ces (non)informations quand ce matin j’ai eu une illumination. Turin est bien évidemment connu pour son patrimoine industriel. Il y a toujours eu bon nombre d’usines textiles dans la région. Je suis sûre que le foulard vient de Turin ! »
Sans lui laisser le temps de digérer l’info, Aïda poursuit.
« L’a-t-elle acheté en friperie ? Non ! Gina l’aurait choisi moins abimé ! Alors appartenait-il à un membre de sa famille ? À sa mère ? Ou bien à un membre de sa belle-famille peut-être ? À quelqu’un d’autre ? En tout cas, je miserais sur un foulard quelle avait depuis de nombreuses années, qui a fait son temps mais dont elle ne s’est pas séparée car il a pour elle une valeur sentimentale. Elle l’affectionne donc particulièrement et l’emporte naturellement avec elle à Paris. Elle le porte régulièrement, cela lui rappelle sa famille en Italie et c’est celui qu’elle porte le jour de son décès ».
« Est-on sûr que c’est le sien ? Et si c’était celui d’un homme », suggère Dr. Nut? « L’imperméable était déjà unisexe*** n’est-ce pas ? »
« J’y ai pensé aussi, c’est vrai que l’imprimé et la couleur sont mixtes. Cependant le grand format carré est plutôt caractéristique des foulards féminins. Un homme porte davantage un modèle rectangulaire, en écharpe, ou un carré plus petit en ras le cou en simple nœud. On ne peut certes pas écarter cette hypothèse mais elle parait à mon sens moins crédible », explique Aïda.
Dr. Nut est pensif et Aïda se sent contrainte de se justifier.
« Enfin, je dis tout ça Patron mais cela ne nous fait pas beaucoup avancer sur le lieu du crime. Un foulard italien sur un corps retrouvé à Turin, plus d’un juge ne regarderait pas plus loin et aurait du mal à imaginer une théorie sur l’amour et les valeurs sentimentales d’un foulard transporté affectueusement jusqu’à Paris. Qui sait, peut-être que Gina a bien été tuée par son mari dans son pays natal en Italie ! ».
« Non », répondit sèchement Dr. Nut. « Son mari n’a pas tué Gina. Mais ne vous découragez pas, vous ne pouvez pas en deux semaines résoudre une énigme qui nous prend la tête depuis des années. Continuez ainsi et à la semaine prochaine ».
Un peu vexée de sa naïveté (tu imaginais quoi, se dit-elle), Aïda se lève rapidement en laissant son rapport sur le bureau de Dr. Nut. « Oui, à la semaine prochaine, avec de meilleures pistes j’espère ! », se dit-elle en s’éclipsant rapidement, laissant seul Dr. Nut, pensif.
(À suivre…)
Aïda Ash (avec les notes de Dr. Nut)
* Lire l’article Les architectes sont les plus infidèles des créateurs
** Lire l’épisode Psychanalyse de l’architecte – saison 3 : prologue
*** Lire l’épisode (Saison 6) – Pour Dubois l’architecte, avec la routine, y a-t-il encore une première fois ?
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