A une époque pré-internet, les reportages étaient réalisés par un journaliste et un photographe. Pour ce qui me concerne, le photographe était l’autre. Nous avions le même projet, parfois monté ensemble, le même objectif si l’on peut dire, mais nous ne faisions pas le même métier. Lui était beaucoup plus chargé que moi et, qu’il neige ou qu’il vente, devait trimbaler son matériel. Par contre, une fois que nous étions rentrés, il avait fini.
Ces confrères étaient auteur de leurs images au moins autant que je l’étais moi-même de mes textes. Nos reportages étaient le résultat d’un échange souvent fructueux – photography 1.0.1. – et j’ai toujours gardé de l’affection pour les photographes.
C’est pour eux que nous avons créé la rubrique Chroniques-Photos.
Dans un magazine d’architecture, le talent du photographe, même auteur, est au fil de l’année le plus souvent tout entier au service d’une agence, d’un architecte, d’un bâtiment.
Chroniques-Photos est donc destiné à offrir aux photographes d’architecture une opportunité de devenir le sujet de leur histoire, sujet au sens propre puisque ce sont eux qui l’écrivent et la signent. L’architecture devient alors le prétexte d’un art subtil pour, en peu de mots, parler du monde et des vivants et, parfois, des morts.
Puisque les clichés sont censés tout dire à eux seuls, l’exercice est difficile pour un photographe de dire ‘je’. Quand ils le font pour Chroniques, chacun raconte en images une fiction différente, forcément personnelle et inédite. Carte blanche à leurs visions, leurs passions, leurs obsessions, leurs rêveries, douleurs et joies intimes, chacune de ces relations est émouvante. C’est à chaque fois une rencontre.
Ces hommes de l’art contribuent ensemble, à leur façon, à la chronique plus large de l’architecture en France.
Alors, pour une fois, notre affection intacte, toute la Une de Chroniques est dédiée aux auteurs de ces Chroniques-Photos que nous vous invitons à (re)découvrir.
Merci encore à tous les photographes d’architecture sans lesquels nous serions aveugles.
Christophe Leray
*Copyright de l’image de Une @George Bufan