L’ouvrage de protection du portail occidental de la Cathédrale d’Angers prend ses sources selon plusieurs raisonnements croisés. Projet technique ? Présentation.
Le premier constat de notre analyse est que l’ouvrage requis de protection du portail de la cathédrale doit protéger sans confisquer. Protéger les ouvrages polychromes dans leur contexte, les maintenir dans leur situation offerte au regard pour tous et sans condition d’accès.
Parallèlement à ce constat, il convient de noter que la cathédrale ne peut souffrir d’une modification significative de sa morphologie par l’ajout de ce système de protection. Notre parti consiste donc à limiter l’emprise de l’ouvrage de protection aux stricts contours de l’archivolte en ogive du portail.
Cet ouvrage devient cadrage, en mandorle. La symbolique d’entrée de l’édifice ne s’en trouve pas modifiée : la fonction de transition entre les univers profane extérieur et sacré intérieur, reste intacte. Elle est même ici peut-être valorisée par cette greffe architecturale nécessaire.
La notion de degrés, constitutive de l’archivolte, est ici reprise par l’ouvrage protectif qui s’inscrit de facto dans l’amplification du portail. La richesse polychrome contenue sur le tympan, mais également l’ensemble du contexte architectural du portail, se trouvent valorisés par un acte simultané de mise à distance (pour comprendre) et de projection dynamique du regard par effet de « soufflet » (pour ressentir).
L’ouvrage proposé reste silencieux et frugal dans sa perception : toute sa complexité technique est contenue de manière non visible. Nous proposons en effet d’utiliser un matériau unique, un béton de haute technologie, dont l’apparence est minérale, sobre, en filiation avec la pierre.
À titre de commentaire, il serait impossible de respecter le gabarit entre l’archivolte et le larmier du grand vitrail avec un béton traditionnel, puisque les épaisseurs seraient multipliées par quatre. Ce béton appartient à la famille des bétons à « ultra hautes performances », sans ferraillage interne (ferraillage remplacé par des fibres inox isotropes au sein de la matière), et disposant de performances mécaniques de très haut niveau.
Le geste architectural est simple, franc et pérenne. Il est à noter également que le BFUP est un béton à pores fermés garantissant son étanchéité d’une part, mais également sa résistance accrue aux agressions urbaines : pollution, vandalisme.
D’un point de vue méthodologique, l’ouvrage et sa technologie rattachée génèrent un dispositif de chantier rapide et sans aléas puisqu’il est préfabriqué et assemblé sur place. La mise en œuvre in situ se résume à un acte de pose : le dispositif est réglé en amont, lors de la fabrication.
La maîtrise de l’aléa de chantier passe aussi par la maîtrise du sol : pas d’affouillement hasardeux ici, puisque l’ouvrage est posé sur un plancher-radier de juste épaisseur, permettant de répartir les descentes de charges sans aller « tenter le Diable » dans le sol, et permettant d’éviter de se retrouver nez-à-nez avec tel ou tel sujet archéologique sensible. Les massifs de fondations existants sont identifiés, et ciblés dans la mise en œuvre, afin d’agir en connaissance de cause.
Ces choix matériologique et technique permettent de situer l’ouvrage dans la tradition d’excellence silencieuse des bâtisseurs, lui conférant le statut d’ouvrage d’art au sens premier et historique du terme.
Rudy Ricciotti
Concours d’architecture pour la réalisation d’un ouvrage de protection du portail occidental de la Cathédrale d’Angers. Projet non lauréat.
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