Premier concours d’architecture bois destiné aux étudiants architectes, ingénieurs et paysagistes en France, le concours Archi’bois est coorganisé depuis 2019 par le Fonds Archimbaud pour l’Homme et la Forêt et l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine. Les dix projets finalistes de l’édition 2021.
« Du cidre, au bois normand » – Pierre Adam et Valentine Bauer
ENSA NORMANDIE
Le projet prend naissance dans le Pays d’Auge, en Normandie. Un paysage composé d’une multitude de vallons contrastant avec les plaines et la campagne avoisinante. Étant natifs de cette région et consommateurs du produit local : le cidre, il nous est apparu comme l’élément clé d’une réflexion, culturelle, territoriale et architecturale. À savoir, la valorisation d’un produit local, emblématique, mais peu valorisé.
Dans une optique de pédagogie, de transmission du savoir au grand public, ce lieu articule en son sein : acteurs de la production, apprentis et visiteurs. L’enjeu majeur de ce projet est de revaloriser par l’Architecture, à l’image des domaines viticoles, un produit du terroir, répandu mais oublié : le cidre normand.
Ce projet s’appuie sur la dénivellation naturelle du terrain, permettant le dessin de deux niveaux : un niveau haut, touristique et un niveau bas, technique. Ces deux lignes s’entremêlent une fois arrivées au pôle de production. Le visiteur découvre alors le processus de transformation de la pomme, depuis des passerelles suspendues, sans jamais gêner les artisans.
« Luchon Superbagnères – station 4 saisons » – Marie Audebert et Elsa Alaux
ENSA TOULOUSE
Face au réchauffement climatique, les territoires de montagne subissent d’importantes mutations et voient leurs activités hivernales s’épuiser. Bouleversés à la fois à travers leur climat et leurs usages, ils sont dans l’obligation de se reconvertir en adoptant un caractère quatre-saisons.
Ces différentes contraintes font de la réhabilitation des stations de ski, un sujet étroitement lié aux thématiques flexible, réversible, évolutif. La station de Luchon-Superbagnères est un exemple frappant de ce phénomène. La réhabilitation de ce lieu remarquable est aujourd’hui impérative.
Le projet architectural concerne l’aménagement des locaux appartenant à la station. C’est une proposition d’aménagement qui répond à un besoin actuel mais qui peut être adaptée une grande diversité d’usages à l’avenir. En effet, la partie haute du projet est liée à des activités à taille humaine, alors que la partie basse offre un grand volume pouvant accueillir véhicules, activités sportives et animaux.
« Canopeï » – Joël Bonnot
ENSA MONTPELLIER – LA REUNION
Face au changement incessant de la société, les bâtiments qui ne peuvent s’adapter aux nouveaux usages paraissant vite limités et obsolètes. D’où l’importance d’envisager les changements futurs possibles et ainsi prévoir un bâtiment flexible, réversible et évolutif.
Les solutions liées à cette problématique trouvent généralement leur solution dans un changement de fonction ou d’usage une vingtaine ou trentaine d’années après la construction dudit bâtiment. Et cela, grâce à une modularité qui possède un coût à mettre en place pour sa main d’œuvre, le souci de l’environnement, les moyens matériels nécessaires, etc. Cette modularité est en réalité assez contraignante dans sa mise en place.
Et si la mise en place de la modularité était possible dans la seconde où elle était envisagée, nécessiterait-elle de prendre en compte une adaptabilité aux changements futurs ? Le projet Canopeï est de ces projets qui permettent une évolution du bâtiment immédiate et réversible grâce à ses mur-terrasses qui façonnent le vide.
« L’école esprit » – Gabin Bouchez
ENSA MONTPELLIER – LA REUNION
L’école esprit « kapla », est une proposition pour la nouvelle école d’architecture de La Réunion.
L’implantation propose de ceinturer une forêt urbaine avec la gare routière, la médiathèque et l’école des Beaux-Arts pour restituer un véritable espace de vie et synergie entre les bâtis.
Cette morphologie urbaine questionne la place de la voiture et repositionne les axes routiers en périphérie de ce parc tropical. Les bâtiments s’intègrent selon l’épannelage environnant et s’harmonisent avec les toitures à quatre pans des « Kaz Kréol » omniprésentes dans le quartier.
Ils restent en cohérence avec la composition spatiale induite par l’étude climatique du site.
Les formes élancées du bâtiment sont orientées perpendiculairement aux vents dominants nord-est, les alizées. Ils favorisent les équilibrages de pression sur les façades et permettent la ventilation traversante. Le patio du bâtiment est traité comme un puits dépressionnaire et ventile l’ensemble des corps bâtis le constituant.
Le concept fort de l’esprit « Kapla » découle d’une volonté de faire de cette école un jeu de construction. Les étudiants sont au plus près du détail, de la mise en œuvre de jeu d’imagination, de ce jeu de vocation. Cette composition propose de revisiter le kapla sous différentes formes et différents profils. Esprit Kapla : tout un avenir à construire.
« Nouveau REgare » – Doyeon Choi
ENSA PARIS – VAL DE SEINE
Le projet « nouveau RE-gare » est une tentative de revaloriser un site de la Petite Ceinture du XVe arrondissement de Paris, qui est ouvert au public (que j’estime délaissé à cause de sa caractéristique géométrique), en créant une structure modulable et réversible, dont la dimension est définie par l’usager.
Le bois scié comme matériau principal pour ce projet permet de monter et démonter la structure sans grande difficulté grâce à sa légèreté. Par ailleurs, un autre axe important au niveau écologique est d’utiliser des matériaux récupérés, principalement en bois, depuis des gisements à proximité du site, afin de pouvoir réduire l’empreinte carbone.
Résumé du projet « Nouveau RE-gare » :
– une nouvelle gare sur un ancien RÉseau ferré ;
– un lieu de REncontre culturel ;
– une structure REproductible et Réversible ;
– des matériaux Réemployés.
« Le rush de l’or vert » – Thomas Deuffic
ENSA VERSAILLES
Le principe constructif est simple. Pour réduire les coûts et simplifier l’assemblage, des chevrons de 6 cm sont exclusivement utilisés pour la structure. Seulement quatre longueurs sont nécessaires et ne requièrent aucune coupe en biais. L’eucalyptus est abondant dans la région et est idéal pour des constructions en extérieur. Sa rapide croissance couplée à l’amélioration de sa production offrent de nouvelles alternatives architecturales dans un pays qui souffrait de fortes déforestations il y a quelques décennies.
L’Eucalyptus comme émancipateur social. Le ramassage du bois est un travail principalement consacré aux femmes. Ce bois est généralement destiné à être brûlé. Dans ce projet, le plancher est composé de petits chevrons de 70 cm de long. Ce projet crée une demande alternative.
« Habitat 100.0 » – G’Juliemm Kouame
ENSA VERSAILLES
Est-il nécessaire de stériliser le sol afin de poser l’assise des habitats ? Quel est notre rapport à la couche terrestre d’origine riche ? Comment retrouver notre rapport à la nature dans les villes ? Comment lutter contre l’amputation végétale terrestre ?
Habitat sans 0, ce « château ambulant » fonctionne comme une sorte de ville suspendue au-dessus des rochers dissimulés dans un microcosme végétal. Offrant tout le bien-être possible des occupants et permettant le développement de la faune et de la flore. Les deux interagissent ensemble et s’enrichissent mutuellement. En effet, c’est un projet qui n’a pas de rez-de-chaussée construit mais un niveau 0, un niveau neutre entre homme et terre. Il représente un niveau de transition, le lien entre le monde du sol et le monde du haut. La règle est simple, tout ce qui touche le sol doit être issu de la nature, brut, sans modification.
« La ferme expérimentale » – Victor Rocher
ENSA CLERMONT-FERRAND
La ferme Expérimentale s’inscrit dans le cadre d’une stratégie plus globale à l’échelle du district de Manchester. L’ensemble des situations de projets vise à protéger les golfs qui sont menacés de fermeture et de rachat pour subir une urbanisation.
C’est dans cet objectif-là que se développent des programmes agricoles, énergétiques et sportifs en périphérie des golfs sur des espaces déjà perméables tout en permettant de cristalliser les grandes étendues de végétations.
Ce projet vient se dessiner dans la continuité des bâtiments existants qui sont conservés et rénovés en fonction des nouveaux usages. Egalement, en lien avec les infrastructures déjà présentes (échangeur, autoroute, parking relais et Métro Link) qui sont des supports importants de déplacement domicile travail.
Le travail de l’édifice s’intéresse aux archétypes de la ferme traditionnelle anglaise en se réinterrogeant sur la forme, la matière et les usages et en s’adaptant au contexte.
« Cultural Field » – Paul Rognon
ENSA PARIS – VAL DE SEINE
Construire un lieu de vie culturel en étroite collaboration avec un atelier de charpentiers. Un projet d’une décennie où constructeurs et acteurs bâtiront ensemble la vie d’un quartier tout juste sorti de terre. À leur service, un outil d’architecture : le portique bois modulaire et modulable. Dix ans pour tester, entreprendre et innover avant que ces modules n’entament de nouvelles vies sur d’autres champs ou friches. Partout où la ville est en train de se faire, peut germer un Cultural Field.
Au-delà de la meilleure résistance thermique et acoustique du système des stores, c’est sa flexibilité et la facilité d’entretien/remplacement des couches successives qui est le réel avantage, en dépit de la grande épaisseur que ce système induit. En effet nous savons que les durées de vie des pares-vapeurs sont souvent bien moindre que celle des bardages ou d’autres couches dans les panneaux de MOB classique. Nous proposons ici une expérimentation flexible afin d’interroger le type en vigueur à travers la question du temps en s’adaptant aux rythmes des saisons et aux fluctuations de la météo.
« L’ENSA Réunion » – Anthony Sambimanan
ENSA MONTPELLIER – LA REUNION
Le projet est basé sur une trame constructive en poteau – poutre de 4 mètres par 4 mètres, c’est un parti pris qui confère modularité, flexibilité et réversibilité à la nouvelle école notamment dans son organisation interne. A travers cette école, opter pour ce type de construction est un acte symbolique visant à démontrer les qualités du matériau bois visuellement à travers des essences singulières et sur un plan architectural et technique afin d’inciter à une exploitation plus poussée à l’échelle locale, car bien que le matériau soit renouvelable, il n’est que très peu exploité.
Adhérer à l’ENSA Réunion, c’est adhérer à un projet et une pensée capables de fédérer sur le plan économique, constructive, environnemental et social.