Le nouveau concours d’architecture de l’Académie des beaux-arts a été lancé en janvier 2023. Pour cette édition, les candidats étaient invités à formuler une proposition de recherche sur le thème « Ecritures », thème par ailleurs choisi lors de la séance solennelle de rentrée des cinq académies en 2022.
Le jury, composé des membres et correspondants de la section d’architecture de l’Académie des beaux-arts, a retenu quatre projets. Ces quatre architectes/équipes présélectionnés bénéficieront d’un accompagnement en vue de la préparation d’une exposition qui aura lieu du 7 décembre 2023 au 21 janvier 2024 au Pavillon Comtesse de Caen (Palais de l’Institut de France). Dans ce cadre, le Prix Charles Abella, doté de 20 000€, sera décerné à l’un des projets et les trois autres finalistes recevront une mention de 5 000€.
Projet Magasin / Magazine
Accattone – Sophie Dars & Carlo Menon
Ce projet vise à élaborer un lieu d’accueil « Bricoleur / Ingénieur » d’échanges et de productions architecturales permettant de donner à voir la genèse de production d’une revue, comme celle qu’ils éditent actuellement, « Accattone ». Il soulève ainsi la question suivante : un lieu physique peut-il être en soi un magazine ?
« Le projet spécule sur l’étymologie du mot magazine, dérivé du français magasin et de l’italien magazzino, qui introduisaient dans les langues néo-latines le mot arabe makh̬zan, « local servant à entreposer des marchandises ». (…) Il vise à repérer et à préfigurer la transformation d’un « lieu à écrire », une bâtisse à transformer par une succession d’interventions de nature différente, un futur lieu de résidence, d’échanges et de productions architecturales. Tel un magazine », indiquent Sophie Dars & Carlo Menon.
Projet L’attrape-rêves
CompMonks
L’Attrape-Rêves est une proposition d’installation immersive qui cherche à redonner le contenu des rêves à l’expérience éveillée. Reconstitués en trois dimensions à partir de données collectées durant les périodes de rêve, des paysages oniriques prennent forme pour donner à voir « ce non-connu de nos vies et son rôle dans les capacités créatives humaines ».
« L’attrape-rêve est un projet de recherche sur la matérialisation des souvenirs de nos rêves personnels et leur esthétique. Les questions qui suscitent mon intérêt de manière transdisciplinaire en arts et sciences sont les suivantes : comment représenter une chose tellement insaisissable qu’il n’est possible de s’en souvenir que de manière brève et fragmentée ? Comment une chose incertaine peut-elle devenir tangible tout en préservant sa polysémie ? Y a-t-il des sources plus objectives que leurs narrations ? », indique CompMonks.
Projet Le Projet d’Architecture à l’Âge de sa Simulation crédible
Max Turnheim
Max Turnheim souhaite produire un court essai « pour une architecture qui ne peut plus écrire » en s’attachant au problème de la répartition « injuste » de l’espace. Le texte sera complété de diagrammes et photographies pour l’exposition.
« L’essai sera limité à 12 000 mots (une longueur analogue à celle de L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique de Walter Benjamin). (…) La structure du livre que j’imagine s’articule autour des quatre chapitres : de l’Optique au Tactile, la Contradiction de la Ville, l’Espace comme Marchandise et les façons d’Agir.
Mon objectif est certes de dresser un portrait de la crise que nous traversons (si le coût de reproduction d’un espace simulé est quasi-nul, l’architecture ne doit-elle pas abandonner le projet d’une expérience ?), mais avant tout de générer chez le lecteur un enthousiasme : malgré les difficultés que la période présente, l’approche économique ouvre une perspective nouvelle », indique Max Turnheim.
Projet La Spolia
Studio Acte – Estelle Barriol
Expérimentations à l’échelle 1 réalisées par Studio ACTE @ Stijn Bollaert
Ce projet est centré autour d’une architecture résiliente, soit l’élaboration d’un langage constructif s’appuyant sur des matériaux et des éléments de récupération. Le choix du réemploi de ces éléments ne fait pas appel à la nostalgie mais invoque bien de nouveaux modes de construction en réponse à l’urgence climatique et la raréfaction des matériaux.
« Quels sont les langages possibles d’une architecture flexible acceptant imperfections et composants indéterminés ? Entre esthétique et valeur pratique, quels vocabulaires pour le réemploi ? Ou encore, comment concilier réponse constructive spécifique à un milieu donné et ordinarité des éléments disponibles ? À ces questions s’ajoutent les facteurs historiques, culturels, sociétaux et bien d’autres. Nous souhaitons orienter notre recherche autour de la production d’un répertoire, ode au réemploi, résultant d’une composition technique et esthétique, inspiré de la spolia », indique Estelle Barriol.
Le jury du Concours d’architecture de l’Académie des beaux-arts
Marc Barani, Bernard Desmoulin, Anne Démians, Pierre-Antoine Gatier, Dominique Perrault, Alain Charles Perrot, Jacques Rougerie, Aymeric Zublena, Jean-Michel Wilmotte (membres de la section d’architecture), Philippe Trétiack, Francis Rambert (correspondants de la section d’architecture).