«Il faut s’inspirer des lieux. Une page a été écrite ici. Depuis plusieurs années maintenant, certains lieux me racontent des histoires que je mets en scène et photographie», explique Estelle Lagarde. Mise en scène ? Ce n’est rien de l’écrire.
Je joue avec le temps et la lumière. Basée sur une durée de pause plus ou moins longue, la technique génère des lumières irréelles, enveloppe les personnages d’un halo mystérieux et fragile.
La rencontre avec un lieu est le facteur déclenchant et tangible d’une construction visuelle, d’une plongée dans la fiction, et dans un mouvement retour, d’une possible interrogation du réel.
L’œil du photographe est aussi celui d’une architecte : sur le terrain, en découvrant des bâtiments en passe d’être détruits, réhabilités et destinés à une nouvelle vocation, naît l’idée d’une nouvelle mise en scène.
Au château est une série, inédite, née de la rencontre avec un château situé à côté de Limoges en Haute-Vienne. Ce site castral ancien (XIIe siècle), est édifié sur un éperon qui domine un méandre de la Vienne.
L’actuel château, privé, date du XIVe siècle. Perché en haut d’un petit rocher, niché au cœur de la vaste et sombre forêt limousine, il a plusieurs siècles derrière lui. Ses pierres nous envoûtent et nous font frissonner.
La chapelle cachée derrière l’armoire à glace, la bibliothèque inaccessible, l’étage condamné au secret, autant d’étrangetés nous renvoyant à notre imaginaire, et à ces vies passées ici que l’on ne connaîtra jamais.
Il n’y a aucune reconstitution historique dans les images réalisées Au château. Il s’agissait de créer une ambiance décalée. Un drôle de château. Tout en respectant la notion du passé, nous avons ré-habité les lieux. Nous les avons réinvestis en s’appuyant sur un ressenti onirique de cette étonnante bâtisse.
Estelle Lagarde
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