Le Global Award, créé par l´architecte et professeur Jana Revedin en 2006, récompense chaque année cinq architectes qui contribuent à un développement plus équitable et durable et construisent une démarche innovante et participative pour répondre aux besoins des sociétés, qu’ils soient experts en éco-construction ou acteurs de l’auto-développement pour qui durable est d’abord synonyme d’équité sociale et urbaine. Communiqué.
L’originalité du prix est de les réunir en une scène fédératrice, pour enrichir le débat mondial. Attentif aux scènes émergentes, à l’expérimentation, le Global Award est reconnu comme un découvreur des architectes du XXIe : Wang Shu, Carin Smuts, Francis Kéré, Al Borde ou Studio Mumbaï.
Le thème du Global Award 2018 est : ‘Architecture as an agent of civic empowerment’ – L’architecture comme agent d’émancipation des citoyens.
Le terme anglais ‘Empowerment’ reste difficile à traduire en français. Parmi les mots et néologismes utilisés : émancipation, ‘capabilisation’, pouvoir-faire… Ils désignent le processus par lequel un groupe de citoyens confrontés à un enjeu commun de développement acquiert les moyens de renforcer sa capacité d’action, de s’émanciper.
Lauréats 2018
Boonserm Premthada, Bangkok Projects Studio, Thaïlande
Boonserm Premthada est né et a grandi à Bangkok, en Thaïlande. Il reçut son diplôme en Fine Arts (Interior Design) avec les honneurs en 1988, et acheva son Master en Architecture à l’université de Chulalongkorn en 2002. Il établit son agence Bangkok Project Studio en 2003.
Boonserm Premthada estime que l’architecture est la création physique d’une atmosphère qui sert à élever la conscience qu’a l’homme de son environnement naturel. Selon lui, le travail de l’architecte n’est pas de concevoir un bâtiment mais est plutôt la manipulation de la lumière, de l’ombre, du vent, du son, de l’odeur…créant de la poésie dans l’architecture qui donne la sensation d’être vivant. Au-delà de la théorie et de la pratique, le travail de Boonserm Premthada porte aussi un important agenda socio-économique et culturel car plusieurs de ses projets ont un programme social qui vise à améliorer la vie de ceux qui ne sont pas privilégiés.
Nina Maritz, Nina Maritz architects, Klein Windhoek, Namibie
Diplômée de l’UCT, Nina Maritz s’installe en Namibie en 1992, débutant sa pratique en 1998 pour se concentrer sur une réponse contextuelle, durable et sur le développement de la communauté. Surtout connue pour le ‘Habitat Centre’ et le ‘Twyfelfontein Visitors’ Centre’, des travaux récents incluent le ‘Fish River Lookout’, le marché ‘Uibas-Oas Crystal’, le ‘Sorris Sorris info centre’, l’école Rukonga, et trois bibliothèques régionales.
Selon Nina Maritz, une réponse contextuelle est cruciale : une approche appropriée dans un pays comme la Namibie entraîne une dépense attentive du budget, pour accomplir autant que possible en gâchant le moins possible. Un design complet et une pensée transversale font ressortir le meilleur de moyens limités. L’impact esthétique de l’usage de matériaux inhabituel, l’exploitation de leur texture et couleur naturelles peuvent pousser plus loin les frontières du design architectural.
Marta Maccaglia, Asociación Semillas, Pangoa, Pérou
L’association Semillas est née en 2014 à l’initiative de l’architecte Marta Maccaglia. Après l’expérience de la construction d’une école maternelle dans le village de Huaycán en 2011, et d’un lycée dans la communauté amazonienne de Chuquibambilla en 2013, elle a fondé Semillas dans la forêt centrale du Pérou.
L’agence estime que l’éducation est la fondation du développement personnel et communautaire. L’agence s’efforce de valoriser profondément la collaboration entre le développement de la préservation de la forêt et d’établir des droits égaux et des opportunités aux communautés qu’elle sert. L’architecture est, pour l’agence, non seulement une forme d’expression culturelle mais aussi un moyen puissant d’améliorer la vie des gens.
L’agence travaille dans les zones rurales d’Amazonie péruvienne et les villages autour de Lima. C’est un cadre humanitaire important dans lequel les projets architecturaux en relation avec l’éducation sont exécutés avec une insistance sur le développement intégré.
Raumlabor, Berlin, Allemagne
«Oui, nous aimons beaucoup les grandes idées des années 60 et 70, et l’optimisme inhérent dans le fait de changer le monde au moindre coup de crayon pour le meilleur. Mais nous croyons fermement que la complexité est bel et bien réelle, et que notre société aujourd’hui a besoin d’une approche plus substantielle. Ainsi, nos propositions spatiales sont à petite échelle et enracinées dans les conditions locales…au-revoir utopie!», explique le collectif Raumlabor.
«Pour nos projets, nous formons des équipes spécialisées composées d’experts interdisciplinaires. Les résidents sont aussi des spécialistes. Personne ne sait mieux dans chaque situation que celui qui doit y faire face tous les jours. Ainsi, nous glanons d’importantes informations à propos de l’histoire, des peurs, des désirs, des nécessités de base, tout comme les déficits, qui existent comme un réseau invisible au-dessus de chaque situation. Nous forgeons des alliances actives entre acteurs locaux et experts extérieurs. Ainsi, nous découvrons de nouvelles zones d’action et ouvrons de nouveaux champs d’expérimentation».
Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal et Frédéric Druot, Paris, France
Est-il besoin de les présenter ?
A noter l’édition de deux ouvrages :
Sustainable design VI – Global Award for Sustainable Architecture 2017, Marie-Hélène Contal, Jana Revedin ; Ed. Alternatives-Gallimard, 2018
Construire avec l’immatériel, sous la direction de Jana Revedin, Ed. Alternatives-Gallimard, collection Manifestô
Traduction : A. L.