Pour atténuer la douleur quand percent les premières dents des enfants, il suffit souvent de leur donner un morceau de pain dur sur lequel ils peuvent mordre et baver tant qu’ils veulent, c’est bio et sans risque. Pour développer une société ou une agence, il faut souvent passer par la phase pain sec et eau fraîche, assaisonnée cependant de beaucoup d’huile de coude. Déjà deux ans, pour un journal, qui plus est un hebdo, c’est la preuve s’il en faut qu’il est bien né.
Quitte à survivre aux maladies infantiles, autant affronter les écueils de l’adolescence. Churchill (je crois) disait que «90% des projets qui échouent le font parce que le porteur du projet a abandonné juste avant que ça marche». Je crains qu’il n’ait raison. C’est pourquoi vous et nous sommes repartis pour un tour.
La liberté n’a pas de prix mais elle coûte cher. Nous vous devons indépendance et sincérité mais si nous voulons tirer des plans sur la comète à propos de la liberté de la presse, de la liberté des architectes, de la liberté tout court, il nous faut développer le journal afin qu’il demeure un espace de création, avec les risques que cela comporte.
Chroniques d’architecture, en deux ans, a déjà beaucoup évolué et d’autres innovations sont à venir. Je ne peux pas citer ici tous les souscripteurs de notre économie solidaire et tous les amis – ils se reconnaîtront – qui ont permis au journal de poursuivre sa chronique têtue de l’architecture en France jusque-là mais sachez qu’à Chroniques il y a de la place pour tous et que la lumière sera toujours allumée pour les architectes.
L’anniversaire de Chroniques d’architecture est à jamais marqué d’un astérisque puisque notre premier numéro a été publié trois jours avant les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Ce numéro 89 est publié le 14 novembre. Alors, en écrivant cet édito, je suis obligé de me souvenir où j’étais ce soir-là, ce qui calme les ardeurs à l’autocélébration.
Permettez-moi cependant de vous remercier encore de votre fidélité et de vos multiples encouragements.
Christophe Leray
Rédacteur en chef